Ils ont implanté de la féverole entre les rangs, seule ou en mélange

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Avec sa bonne capacité de germination, ses bonnes restitutions d’azote ou encore sa semence abordable, la féverole est plébiscitée par de nombreux viticulteurs souhaitant améliorer la fertilité chimique mais aussi physique de leurs sols.

 

Depuis deux ans, des membres du GIEE et de Dephy animés par le GDDV (Groupement départemental de développement viticole) de Loir-et-Cher ont implanté de la féverole dans leurs vignes de sauvignon. Leurs objectifs : limiter les carences en azote assimilable dans les moûts qui interviennent sur l’expression des thiols du sauvignon, et arrêter les engrais de synthèse. « La levée et le développement de la légumineuse ont été bons, chaque année depuis 2016, sur les sols argileux hydromorphes, sur les limons battants et sur les sols sableux des huit vignerons ayant opté pour la féverole pure sur une partie de leurs vignes », indique Alice Reumaux, conseillère viticole à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher.

« En 2018, avec une destruction en avril, les restitutions au sol étaient estimées en moyenne à 35 unités d’azote, 10 unités de phosphore et 70 unités de potassium par le modèle MERCI. Avec ces résultats, les viticulteurs ont fait l’impasse sur une fertilisation au sol. Nous avons poussé les analyses au chai, en mesurant la concentration en azote assimilable des moûts 2018. Pour le témoin et pour les modalités “engrais verts détruits par broyage”, les moûts étaient carencés avec une concentration moyenne de 50 mg d’azote par litre. Néanmoins, une parcelle où les engrais verts ont été roulés a montré un gain de 50 mg d’azote assimilable par rapport au témoin. Pour 2019, nous allons étendre les tests sur les modalités de destruction. Broyage et mulchage apportent les mêmes restitutions, mais ces dernières sont plus tardives avec le mulchage au rolofaca. Pour les membres du GIEE, la modalité mulchage pourrait être plus intéressante afin d’améliorer la teneur en azote assimilable des moûts. »

Des engrais verts pour atténuer le stress hydrique

Plus au sud, les vignerons de la coopérative de Buzet (Lot-et-Garonne) ont, quant à eux, adopté la féverole dès le début 2010. Dans ce pays de vin rouge, où toutes les vignes sont enherbées, l’objectif initial relevait aussi d’une volonté collective d’améliorer la fertilité chimique du sol. Avec un couvert pouvant atteindre quatre tonnes de matières sèches par hectare, les restitutions totales ont été estimées à 50 unités d’azote. « Elles sont disponibles pour la vigne sur plusieurs années et en complément des apports provenant uniquement d’engrais organiques, indique Carine Magot, responsable du vignoble de la coopérative Les Vignerons de Buzet. Mais, rapidement, les engrais verts ont été appréciés par les coopérateurs pour d’autres avantages. Des mesures ont été réalisées sur différentes modalités pour connaître l’impact du couvert sur la gestion hydrique des sols : l’une d’entre elles est un test d’infiltration de l’eau. La même quantité d’eau est apportée dans un cylindre et on mesure le temps d’infiltration de cette eau dans le sol. Cela nous a permis de prouver qu’en plein été, les capacités d’infiltration en millimètre par heure sont supérieures sur les sols semés avec un couvert végétal à celles sur les sols en enherbement naturel. De la même manière, le suivi de sondes hydriques a montré que les sols couverts suite à un roulage gardent davantage de fraîcheur qu’un sol avec un couvert broyé. Sur la structure du sol, sans analyses pour le confirmer, mais avec des observations visuelles, nous constatons une amélioration.

À noter également que les rendements de la vigne ne pâtissent pas de l’implantation d’engrais verts. Les impacts sur le vin sont, en revanche, difficiles à évaluer. Nous avons mené deux campagnes de microvinifications, mais le recul n’est pas suffisant pour dégager des tendances. »

De plus en plus d’associations d’espèces

Satisfaits, les adhérents sont de plus en plus nombreux à passer des couverts naturels aux couverts semés comme les engrais verts. Sur les 2 000 hectares de vignes des adhérents, la moitié est désormais en couverts semés. Et les viticulteurs diversifient les mélanges. La féverole est associée à de la vesce lorsque l’objectif est d’obtenir des restitutions d’azote importantes et rapides. Les crucifères et les céréales sont introduites pour les parcelles sur lesquelles une amélioration de la structure physique du sol est recherchée.

Autre évolution constatée par la conseillère : la diversification des méthodes de destruction des engrais verts. « Ceux qui recherchent des restitutions rapides optent pour le broyage lorsque les légumineuses sont en fleur. Mais pour ceux qui mettent en place des mélanges plus complexes, le roulage en vue de constituer un mulch se développe. Dans ces cas de figure, la destruction est plus tardive : lorsque les céréales montent en épis. Enfin, une partie des viticulteurs s’éloigne de la technique stricte des engrais verts en laissant monter à graines les couverts semés, et ce un rang sur deux. Les modalités de couverture du sol sont de plus en plus diverses selon les objectifs technico-économiques de chacun », conclut Carine Magot.

 

Les crucifères et les céréales sont introduites pour les parcelles sur lesquelles une amélioration de la structure physique du sol est recherchée. © Agrobiopérigord

 

Lors des journées techniques vigne et vin bio 2019 de Nouvelle-Aquitaine, Éric Maille d’AgroBio Périgord a présenté une série de conseils sur les engrais verts. On y apprend, par exemple, que lors de la préparation du lit de semences, il faut éviter les outils animés comme la herse rotative sur les sols ayant peu de structure (limons, sables), ou encore qu’il est recommandé de prévoir au minimum un mois de délai entre le broyage et l’enfouissement des engrais verts. La présentation « Engrais verts : quelle approche ? » est disponible en ligne sur www.vigneronsbionouvelleaquitaine.fr.

 

 

 

Article paru dans Viti 445 de septembre 2019

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