Comment calculer les doses de semis pour implanter son engrais vert au vignoble ?

Photos : DR/Nikolai Titov/adobe stock

La période de semis des engrais verts approche pour un grand nombre de vignerons. Les semences sont prêtes, la composition des mélanges connue, il reste désormais à évaluer la quantité de graines à prévoir. Voici une méthode de calcul.

 

1. Calcul de la surface réelle à semer

La première étape consiste à évaluer la surface réelle de la parcelle à couvrir avec des engrais verts. En viticulture, l’enherbement par des engrais verts ne concerne pas l’intégralité des parcelles. On considère généralement que le cavaillon n’est pas semé. La surface « théorique » est donc différente de la surface « réelle » à semer.

Dans la méthode suivante, par simplification, nous considérons que la surface en plein de la parcelle ne comprend pas les tournières, bien que celles-ci soient souvent incluses dans les plans de semis afin de bénéficier des mêmes bénéfices que l’interrang en matière de gestion de l’érosion, de portance, et de maintien de la biodiversité.

Largeur semée dans l’interrang ÷ écartement entre deux rangs x 100 = proportion de la parcelle à semer
Prenons l’exemple d’une vigne avec un écartement de 2,5 mètres entre chaque rang. Dans l’espace interrang, le vigneron souhaite couvrir une bande de 1,40 mètre de largeur par des engrais verts :
1,40 mètre ÷ 2,50 mètres x 100 = 56 %
Sur sa parcelle, seulement 56 % de la surface sera semée.
Il faut ensuite appliquer le coefficient trouvé à la superficie de chaque parcelle semée.

Surface de la parcelle x proportion de la parcelle à semer ÷ 100 = surface de la parcelle à semer

Prenons l'exemple d’une parcelle de 3 hectares :
3 x 56 ÷ 100 = 1,68 ha

Sur une parcelle de 3 hectares, 1,68 hectare sera semé.
Mais dans la plupart des cas, tous les rangs ne sont pas enherbés. Les engrais verts sont implantés un rang sur deux ou un rang sur trois. C’est ce que l’on appelle l’alternance ; ici, elle est de deux ou de trois.
Il va falloir ajuster le calcul précédent.
Surface de la parcelle à semer ÷ alternance = surface réelle de la parcelle à semer

Continuons notre exemple avec la parcelle de 3 hectares semée un rang sur deux :
1,68 ÷ 2 = 0,84 ha
Sur la parcelle de 3 hectares, semé un rang sur deux, sur une largeur de 1,40 mètre, la surface réelle à semer est de 0,84 hectare.

En pleine période de développement, un engrais vert a tendance à déborder de la largeur
semée initialement. Ce paramètre est à prendre en compte. Ainsi, l’outil de destruction doit pouvoir supprimer l’intégralité du couvert. Gardez en tête qu’un engrais vert se développe sur 20 cm en plus de chaque côté. Donc pour une largeur semée de 1,40 mètre, il y aura au printemps une bande de 1,80 mètre à détruire.

Passons ensuite à l’étape 2.


2. Calcul des doses par hectare de chaque espèce du mélange

Ici, nous considérons que le viticulteur réalise lui-même son mélange d’espèces. La méthode se base sur un mélange dont les proportions entre les espèces sont connues. Le choix des espèces et leurs proportions dépendent en particulier des objectifs souhaités, du sol, du climat…
Pour calculer la dose par hectare, il faut connaître les doses de référence en plein utilisées par les céréaliers de sa région.
Ces informations peuvent se trouver sur le site de Terres Innovia ou auprès des distributeurs de semences.

Dose de référence culture 1 x proportion de la culture 1 dans le mélange ÷ 100 = quantité de semence 1 à apporter par hectare

Dans notre exemple, le mélange est constitué de 60 % de féverole, de 30 % d’avoine et de 10 % de moutarde.
La dose de référence de la féverole est de 180 kg/ha, celle de l’avoine de 120 kg/ha, celle de la moutarde de 15 kg/ha.
Dans notre cas, pour un hectare (dose en plein), il va falloir : 108 kg de semences de féverole (180 x 0,6), 36 kg d’avoine, 1,5 kg de moutarde.

3. Calcul des doses selon la surface réelle à semer

On sait calculer la surface réelle à semer pour chaque parcelle, on connaît la dose par hectare pour chaque espèce du mélange, il est désormais facile de calculer la dose de semences pour une parcelle en particulier.

Quantité de semence 1 à apporter par hectare x surface réelle de la parcelle à semer = quantité de semence 1 à semer dans la parcelle
Dans notre cas d’une parcelle de 3 hectares semée un rang sur deux, pour la féverole, il faudra 108 x 0,84 = 91 kg de semences. Avec la même méthode, on trouve 30 kg d’avoine et 1,5 kg de moutarde.

Les semis se réalisent avant ou après les vendanges. Pour être serein à ce moment, n’hésitez pas à faire vos calculs et à passer les commandes courant juin. Mi-août, vous pouvez préparer les mélanges.

Les calculs sont finis. Vous avez calculé les doses de semences à apporter pour chaque espèce et pour une parcelle en particulier.
Néanmoins, des conseillers préconisent de surdoser, c’est-à-dire d’apporter plus que la dose de référence utilisée par les céréaliers dans leurs champs.

Note : les pourcentages expriment une part du poids total du mélange.

Avec la participation de Laetitia Caillaud (chambre d’agriculture 17-79), Nicolas Dubreuil (Civam Bio 66) et Éric Maille (Agrobio Périgord)

 

Pourquoi pratiquer le surdosage ?
L’implantation d’engrais verts pour favoriser la biodiversité, limiter l’érosion des sols, entretenir la fertilité des parcelles,... est une technique développée en grandes cultures et en maraîchage.
Sa transposition en viticulture requiert des adaptations, notamment sur la dose de semis. Un surdosage est nécessaire pour avoir un résultat satisfaisant. C’est du moins ce que préconisent de nombreux conseillers viticoles. Pourquoi ? Plusieurs raisons sont avancées : globalement les sols céréaliers sont moins tassés, plus fréquemment fertilisés et amendées, les semoirs céréaliers sont plus précis, les agriculteurs ont plus de technicité et de temps à consacrer à ce chantier, car de la qualité du semis dépend en grande partie leur revenu annuel.
Par rapport à un céréalier, avec les mêmes semences, un vigneron aura un taux de levée plus faible. Pour compenser les pertes, des conseillers préconisent donc de surdoser les quantités par hectare par rapport aux références des céréaliers. De combien ? 30, 50, 100, 200 %. Il n’y a pas de réponse universelle. Pour être très précis, année après année, il faudrait calculer sur une placette le taux de germination du mélange et mesurer la biomasse avant destruction afin d’affiner les doses. L’observation du vigneron, avec ou sans comptages, est aussi très importante pour adapter les doses ainsi que les espèces du mélange, en fonction de ses objectifs, des sols, des parcelles et du climat.

Dans les calculs

Si l’on reprend nos calculs, il faut appliquer un coefficient de surdosage au résultat obtenu à l’étape 3.
• Pour un surdosage de 30 %, il faut multiplier par 1,3.
• Pour un surdosage de 50 %, il faut multiplier par 1,5.
• Pour un surdosage de 100 % il faut multiplier par 2…
Exemple : on reprend notre parcelle de 3 hectares et notre mélange féverole-avoine-moutarde. Le surdosage choisi est de 50 % pour toutes les espèces.
Pour la féverole, un surdosage de 50 % des doses de référence fait passer la dose de semence de 108 à 136 kg (108 x 1,5).
Pour l’avoine, la dose « surdosée » est de 45 kg ; et de 2 kg pour la moutarde.
Si au fil du temps votre coefficient de surdosage est stable, vous pouvez effectuer les calculs de l’étape 2 avec les doses « surdosées ».
Pour une même espèce, le poids de mille grains (PMG) peut varier. Le PMG de la féverole va de 300 à plus de 600 grammes. Celui de la moutarde oscille facilement entre 6 et 8 grammes. Cette donnée est à prendre en compte pour affiner les dosages.

 

Article paru dans Viti 454 de septemb

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