Le vecteur change, la caméra reste

Dans les Bouches-du-Rhône, la chambre d’agriculture teste depuis plusieurs années des caméras multispectrales capables de détecter les symptômes de flavescence dorée.  Photo : S. Favre / Média et agriculture

Depuis bientôt dix ans, la filière et les entreprises privées spécialistes de l’imagerie travaillent sur la reconnaissance des symptômes de la flavescence dorée par caméra embarquée. Des vignobles s’impliquent particulièrement sur le sujet. Celui des Bouches-du-Rhône est l’un d’entre eux.

Dans le département, la prospection collective nécessite des centaines de personnes durant les vendanges. En distance parcourue le long du rang, un hectare de vigne représente à peu près 4 km, chiffre la CA13. Sur le département, les 11 000 ha à prospecter représentent donc 44 000 km. Tous ces arguments ont poussé les professionnels à rechercher « non pas des alternatives mais des aides à la prospection humaine », explique Jean-Claude Pellegrin, coopérateur et président de la commission viticulture de la chambre d’agriculture.

Du drone à la machine à vendanger

Dès 2016, dans les Bouches-du-Rhône, les essais de reconnaissance des symptômes grâce à des caméras multispectrales embarquées sur drone ont donné des résultats positifs : sur le grenache rouge, 100 % des ceps malades sont détectés (source CA13). « La méthode de reconnaissance était pertinente, mais pas le vecteur de déplacement. Nous sommes donc passés du drone à la machine à vendanger pour transporter les capteurs. La reconnaissance des symptômes sur les cépages blancs posait aussi problème. Le vignoble du département étant essentiellement constitué de cépages rouges, nous avons concentré les efforts sur ces derniers », détaille Jean-Claude Pellegrin. Désormais, le dispositif testé par la chambre détecte les pieds atteints de flavescence dorée et de bois noir. « Il y a aussi des faux positifs ; des pieds considérés comme malades par la caméra qui, après vérification humaine, s’avèrent sains. Mais ce n’est pas rédhibitoire. Même avec ces erreurs, le passage cartographié dans toutes les parcelles vendangées à la machine nous permet de réduire le temps de prospection. En effet, si la caméra ne détecte rien sur une parcelle, nous considérons qu’il n’y a pas besoin d’y faire de prospection humaine. Nous allons uniquement dans les parcelles identifiées comme symptomatiques. La suspicion se confirme ou non après le passage des équipes. »

Dans les semaines à venir, l’entreprise travaillant avec la CA13 déposera un dossier auprès de la Draaf-Sral. « Si la méthodologie et les résultats sont jugés acceptables et fiables, le dispositif pourrait être reconnu pour faire de la prospection. L’entreprise agréée pourrait alors proposer sa technologie sur les cépages étudiés dans les Bouches-du-Rhône et sur le reste du territoire. Nous imaginons que les autorités vont encore demander une année de tests en 2020. Donc, au mieux, la technologie pourrait être mise en œuvre en 2021 », estime le vigneron.

La perspective « caméra » démobilise les vignerons

En attendant un éventuel feu vert, la Draaf Paca se montre très stricte dans ses avertissements. « Aucune méthode de détection par capteur numérique n’a encore fait la preuve de son efficacité quant à l’identification de la flavescence dorée. Ces méthodes de surveillance ne sont pas agréées par le ministère chargé de l’Agriculture, de même que les sociétés qui les proposent. »

« Pour définir les aménagements, les autorités ne reconnaissent que la prospection humaine », complète Alice Dubois du Sral, qui estime que « la communication encourageante faite autour de la reconnaissance par caméra démobilise les vignerons. Il est trop tôt pour relâcher les efforts. »

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