Faut-il traiter l'intégralité de sa parcelle pour stopper le mildiou?

Tant qu’aucune tâche de mildiou n’est détectée à la parcelle, le motif de traitement générique testé par Greenshield dans les vignes de cognac repose sur une alternance de 6 mètres traités, 18 mètres non traités.

Après s’être intéressée au désherbage de précision de la betterave par laser, la start-up française Greenshield travaille sur le mildiou de la vigne. Pour limiter la propagation de la maladie tout en réduisant les traitements, Greenshield appuie ses réflexions sur le principe de la percolation…

En collaboration avec une maison de cognac, l’entreprise Greenshield réfléchit à de nouvelles façons de penser les traitements phytosanitaires. Dans un objectif de réduction d’usage, les ingénieurs agronomes et les mathématiciens de la société se penchent sur la dissémination du mildiou à l’échelle de la parcelle. Leur idée ? Il est possible de bloquer la propagation de la maladie en traitant uniquement certaines parties d’une parcelle.

Imaginez une parcelle qui serait divisée en blocs recoupant plusieurs morceaux de rangs. Le traitement anti-mildiou ne serait appliqué que sur certains blocs. Contrairement à la modulation de dose, dans le cas présent, la règle de décision est binaire : sur ce bloc il y a un traitement, sur ce bloc, il n’y en a pas ; les buses sont fermées, aucune bouillie n’est appliquée.

Pour que cela soit matériellement possible, le tracteur doit être équipé d’une console de guidage avec une cartographie de la parcelle. Le pulvérisateur doit, quant à lui, avoir un système de coupure automatisé. Avant de partir dans la parcelle, une carte de pulvérisation est chargée dans la console. Les blocs à traiter sont définis au préalable, en nombre et en surface. Avec cette approche de la lutte anti-mildiou, Greenshield vise pour commencer une économie immédiate de fongicides de l’ordre de 25 % sur une campagne, sans impact sur la vigne.

Les travaux sont en cours, et la cartographie des symptômes rendra le modèle plus robuste. « Pour ce faire nous avons plusieurs défis à relever. Le premier est de pouvoir repérer correctement les anomalies sur le feuillage, le second est de déceler celles qui correspondent à des symptômes de mildiou, indique Lucile Verdoolaeghe, ingénieur en charge du projet. Avec des photos collectées pour notre module de cartographie embarqué sur tracteur et exploitables par traitement d’image, on peut géolocaliser précisément les tâches. Cette répartition des foyers de mildiou dans la parcelle, couplée à des données météo et épidémiologiques, permettra de déterminer de façon contextuelle le motif des blocs à traiter pour une parcelle donnée. »

Des « pare-feu » pour bloquer le mildiou

« Notre hypothèse de départ, basée sur le principe physique de percolation, est qu’il est possible de bloquer la dissémination intraparcellaire du mildiou en créant des motifs de pulvérisation qui modifient le seuil de percolation de la maladie, donc rend plus difficile sa propagation dans la parcelle », explique l’ingénieur de Greenshield.

Les gestionnaires de forêts et les pompiers sont familiers de ce concept. Dans une forêt sans chemins pare-feu ni clairières, le feu se propage sans « gêne » sur de grandes surfaces. Au contraire si la forêt est parsemée de zones non favorables au feu, le feu se propagera moins facilement voire pas du tout. Dans le cas de la vigne, les zones de pare-feu seraient les blocs traités avec des fongicides.

« Pour confirmer l’analogie avec la vigne et le mildiou, il y a tout un travail de modélisation mathématique à faire sur la dynamique d’émergence et de prolifération du mildiou à l’échelle d’une parcelle. En combinant toutes les informations, on entend proposer un algorithme capable de générer automatiquement un motif intraparcellaire de lutte contre le mildiou qui change à chaque traitement pour ne pas laisser de blocs non-traités trop longtemps. »

Des motifs réguliers ou aléatoires

Ce travail de modélisation, basé sur la détection et localisation de symptômes pour générer des motifs « anti-percolation » est mené de front avec une autre approche. Dans celle-ci, le mildiou n’est pas encore déclaré et sa future distribution est inconnue. Greenshield raisonne encore sur des blocs traités/non traités mais avec des motifs pouvant être réguliers ou aléatoires, mais ayant aussi des caractéristiques anti-percolation pour protéger les parcelles sans a priori sur l’émergence des foyers. Cette logique de traitement en préventif apparait très pertinente dans les systèmes bio.

« Ces projets commencent. Les interrogations pratiques et théoriques sont encore nombreuses mais le concept génère un vrai enthousiasme auprès des professionnels impliqués », remarque Lucile Verdoolaeghe.

 

Tant qu’aucune tâche de mildiou n’est détectée à la parcelle, le motif de traitement générique testé par Greenshield dans les vignes de cognac repose sur une alternance de 6 mètres traités, 18 mètres non traités.

Si le risque épidémiologique augmente, la longueur des blocs traités est appelée à augmenter et celle des blocs non traités diminuent.

 

Motif de traitements générique pour lutter contre le mildiou en l’absence de foyers détectés. 6 mètres sont traités avec un fongicide, 18 mètres sont non traités et ainsi de suite.

Sur les traitements suivants, le motif est décalé afin de couvrir toute la surface de la parcelle en 3 passages.

 

Lorsqu’un foyer de mildiou est détecté, les blocs entourant immédiatement celui infecté sont traités. Sur le reste de la parcelle, le motif « classique » est conservé.

 

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