Enterré ou aérien : quel goutte-à-goutte choisir en viticulture ?

L’IFV a mesuré l’impact de la position du goutte-à-goutte sur trois campagnes. Résultat : une installation enterrée génère un bulbe d’irrigation de plus grand volume qu’une installation aérienne pour une même quantité d’eau.

Depuis que l’irrigation est utilisée pour irriguer la vigne, la question se pose de la position des tuyaux : faut-il les laisser sur le sol, en aérien ou les enterrer ? Et au-delà, serait-il plus intéressant de les enterrer sous le rang ou, pourquoi pas, dans l’interrang, afin de favoriser un déploiement latéral des racines ? Pour obtenir des éléments de réponse chiffrés, l’IFV a mis en place une expérimentation sur trois millésimes, dans le cadre du projet « Vignobles innovants écoresponsables ».

Sur une parcelle de viognier plantée en 1996 à 4 000 pieds/ha, deux systèmes d’irrigation ont été comparés à un témoin non irrigué : un goutte-à-goutte aérien, placé sur le rang, et un goutte-à-goutte enterré à 40 cm de profondeur, au milieu de l’interrang. L’installation peut apporter 1,6 l/h, avec des goutteurs tous les mètres linéaires. Le sol est limono-argilo-sableux, avec une réserve utile relativement confortable de 120 mm. Selon la somme des températures, la parcelle est située en climat chaud à très chaud et ne reçoit que 540 mm/an de précipitations.

Une colonne ou un bulbe

Des capteurs d’humidité ont été placés à différentes profondeurs et plus ou moins loin du pied de vigne, pour suivre la répartition de l’eau dans le sol lors de l’irrigation. Sachant que sur cette parcelle, les racines sont présentes jusqu’à 80 cm, avec un maximum à 40 cm. Grâce à ces sondes, les expérimentateurs ont mesuré qu’avec les goutteurs aériens, la colonne d’eau descend jusqu’à 60 cm de profondeur, mais latéralement, le diamètre du bulbe est faible.

Avec goutteurs enterrés entre les rangs, le rayon du bulbe d’irrigation est double : 60 cm contre 30 cm pour les goutteurs aériens. Pour une même quantité d’eau apportée, la forme et la taille de la zone humide sont donc bien différentes entre les deux systèmes.

Faciliter l’implantation des couverts ?

Le rendement obtenu n’est pas différent entre les deux modalités, et ce, dès la première année, mais il est supérieur au témoin. 14,5 t/ha ont été vendangées en moyenne sur trois ans. Aucune différence significative n’a été relevée dans la composition chimique des raisins, même avec le témoin, sans doute parce que la contrainte hydrique n’a pas été suffisamment forte.

« Ces résultats nous posent une question complémentaire : si on éloigne l’eau des racines en enterrant le tuyau au milieu de l’interrang, vont-elles davantage explorer cette zone ? Pour l’instant, nous n’avons pas encore conclu, mais c’est en cours », indique Thierry Dufourcq, de l’IFV Occitanie. L’autre intérêt, si on dispose d’eau, serait de l’utiliser pour favoriser l’implantation des couverts. « Les couverts vont, certes, consommer un peu d’eau au départ, mais ils vont aussi commencer un cercle vertueux sur la parcelle, souligne l’ingénieur. En augmentant la matière organique du sol, ils vont favoriser l’infiltrabilité de l’eau et améliorer la capacité de rétention en eau du sol. Sans forcément faire concurrence à la vigne dans les périodes sèches, puisqu’ils peuvent être roulés par exemple. »

Selon l’IFV, le coût d’un goutte-à-goutte enterré est supérieur de 20 % à un goutte-à-goutte aérien. Ce surcoût est dû au matériel qui doit être renforcé et à la main-d’œuvre mécanique. Toutefois, la durée de vie d’un système enterré est supérieure et les coûts d’entretien sont moindres. L’irrigation fait partie des opérations éligibles aux aides OCM, gérées par FranceAgriMer.

La présentation des résultats par l’IFV est consultable sur https://www.vignevin-occitanie.com/fiches-pratiques/vignobles-innovants-et-ecoresponsables-videos/

 

GOUTTE-À-GOUTTE AÉRIEN

Avantages

  • Facilité de pose
  • Accessibilité pour l’entretien

Inconvénients

  • Mécanisation de l’entretien du cavaillon difficile
  • Apporter de l’eau attire la faune sauvage, qui vient boire et peut provoquer des dégâts
  • Pertes d’eau par évaporation
  • Favorise la pousse de la flore sous le rang

GOUTTE-À-GOUTTE ENTERRÉ

Avantages

  • Pas de perte d’eau
  • Tuyaux protégés

Inconvénients

  • Nécessité d’un système de filtration efficace
  • Coût plus élevé dû à l’installation, aux goutteurs anti-colmatages et à la qualité des tuyaux

 

Article paru dans Viti Leaders de mai 2022

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