Trop de vin bio en vrac ? Ça dépend pour qui…

Stainless steel wine tanks and wine tanker waiting outside a factory

À l'occasion du Salon Millésime Bio, les professionnels du vin bio ont abordé les perspectives pour le vrac.

Crédit photo Colleenashley - stock.adobe.com
Le vin bio en vrac n'échappe pas à la crise commerciale. Si certains voient de nouvelles perspectives d'exportation avec des prix compétitifs, d'autres font face à des replis vers le conventionnel et à des pertes financières. La compétitivité accrue du vin bio français ne s'accompagne pas nécessairement de nouveaux débouchés, exacerbant les difficultés commerciales pour de nombreux producteurs.

Du vin bio il y en a. Trois millions d'hectolitres en 2022, autant en 2023. Et l'Occitanie pourvoit, à elle seule, la moitié des volumes mis sur le marché. Localement, les coopératives viticoles ont encouragé leurs adhérents à se convertir. Avec succès, passant d'une production de 200.000 à 400.000 hl de vin bio entre le millésime 2021 et le millésime 2022.
Ces nouveaux volumes ont pu alimenter un marché vrac jusque-là confidentiel.

Depuis des années, les négociants déclaraient ne pas pouvoir satisfaire des marchés à l'export faute de volumes. En 2024, le vin est là, malheureusement la déconsommation mondiale aussi. Le marché s'en trouve déséquilibré, avec une offre supérieure à la demande.
Le constat est partagé par l'ensemble de la filière bio, en grande partie réunie cette semaine à Montpellier pour le Salon professionnel Millésime Bio.

Mais entre les acteurs de l'amont et de l'aval, et au sein des deux familles, les implications diffèrent.

« Il y a des vins bio qui ne trouvent pas preneurs »

>>> Jacques Frelin, producteur négociant en vin bio, vice-président de l'interprofession SudVinBio, invité à une conférence sur les perspectives du vin bio en vrac le conçoit parfaitement :

« L'offre a été multipliée par 2 en deux ans. C'est un bouleversement qui arrive dans une période de crise. Et même si le vin bio résiste mieux, il y a des vins bio qui ne trouvent pas preneurs. Il va y avoir des replis vers le conventionnel et des pertes financières pour les acteurs de l'amont. »

Reprenant sa casquette d'acheteur, il ajoute : « Une offre plus importante ouvre de nouvelles perspectives. L'éventail qualitatif des vins disponibles est plus large. On peut réaliser un vrai travail de sélection. Par ailleurs, le vin bio français va pouvoir s'exporter. »

S'exporter à des prix plus en lien avec ce qui se fait chez les deux gros concurrents bio de la France, à savoir l'Espagne et l'Italie.

« En moyenne, la différence de prix entre le vin bio et le vin conventionnel est redescendue à 30 %, indique Florian Ceschi, directeur du cabinet de courtage Ciatti Europe. C'est globalement ce qui se pratique chez nos voisins. Le vin bio français reste plus cher, mais il gagne en compétitivité. »

Compétitif, mais sans nouveaux débouchés

Invité, lui aussi, à la conférence Millésime Bio, Sébastian Beemelmans directeur commercial de Riegel Weinimport, une société allemande d’import de vin bio, confirme :

« On peut imaginer revenir vers plus de vrac bio français, avec des prix autour du 5 €/l pour du vin générique. Au fil des années, nous nous étions tournés vers d’autres pays. Il faut savoir que les Allemands dépensent en moyenne 2,35 euros pour un litre de vin. »

« Ce n’est pas le premier déséquilibre offre/demande sur le vin bio », rappelle Jacques Frelin. Après un bon de conversion majeur en 3 ans, en 2011, les producteurs de vin bio se retrouvaient avec des cuves pleines.

Aujourd’hui, l’équation est complexifiée par un contexte mondial inflationniste qui freine les achats et par des consommateurs moins nombreux et moins réguliers. Producteurs et metteurs en marché rencontrent des difficultés commerciales.

« De fait, malgré les volumes disponibles, les opérateurs jusque-là en conventionnel ne se tournent pas massivement vers le bio. Quelques lignes seulement se convertissent », constate le courtier Florian Ceschi.

Plus de concurrence bio... et HVE

Dans la plupart des coopératives languedociennes, le retournement de situation est difficile à gérer.

>>> Florian Champeau, responsable commercial des Caves de Molière, à Pézenas dans l’Hérault, présent au Salon Millésime Bio :

« Nous vendons 90 % de notre production en vrac, bio et conventionnel. Il y a encore deux ans, nos partenaires historiques prenaient la totalité de notre vin bio. Ce n’est plus le cas pour le rouge et les rémunérations baissent. La différence de valorisation avec le conventionnel n’est plus que de 20 %. On commence à faire de la mise en bouteille, à vendre aux CHR et à viser l’export. Mais c’est difficile dans le contexte actuel de rentrer sur le marché. Et lorsque l’on nous sollicite, c’est pour du vin HVE. »

Lors de la manifestation du 26 janvier à Montpellier, Benoît Pambrun, directeur de la cave coopérative de Cessenon pointait lui aussi du doigt l’impact négatif de la HVE sur les ventes de bio.

>>> À lire : Manifestation dans l’Hérault : le ras-le-bol administratif fait consensus

Des contre-exemples existent

Dans ce marasme, des contre-exemples existent. À l’instar de la cave coopérative de Beauvignac, au bord de l’étang de Thau (34). « 2023 est le premier millésime pour lequel nous proposons du vrac bio en IGP Oc. Tout est vendu », annonce Lucas Navarre, commercial France de la structure.

Mais il relativise immédiatement : « On parle de quelque 700 hl de vin, même pas 1 % de la production de la cave. En 2024, les surfaces bio vont doubler. Nous espérons, bien sûr, continuer sur cette lancée. On fera notre possible pour. »

Vente

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15