Il a testé un élevage sans SO2 en foudre connecté

Alors que leurs vins sont habituellement élevés à 100 % en fûts neufs, les vignobles Thunevin ont utilisé un foudre connecté pour élever une cuvée sans SO2. Détails et résultats avec Rémi Dalmasso, responsable technique.

« Nous avons vu un net intérêt en dégustation. » S’ils n’étaient pas tout à fait convaincus de l’utilité d’utiliser un foudre en élevage au départ, Jean-Luc Thunevin, le propriétaire des Vignobles Thunevin et Rémi Dalmasso, son responsable technique, se sont laissés persuader. « Notre œnologue conseil Jean-Philippe Fort, du laboratoire Rolland, y a pressenti un intérêt. Nous avons donc décidé de lancer une expérimentation en 2021 », explique Rémi Dalmasso.

La réputation et le « credo » de la maison Thunevin sont fondés sur un élevage 100 % fût neuf pour les grands crus. La qualité des vins obtenus satisfait le propriétaire. La clientèle est au rendez-vous. Cela n’empêche pas l’équipe de rester ouverte à des évolutions potentielles. « Nous travaillons déjà avec des vins sans sulfites pour la partie négoce, mais nous étions un peu sceptiques sur la faisabilité d’élever des vins sans sulfites sous bois », poursuit-il.

Inertage automatisé

Lorsque la tonnellerie Radoux a proposé de tester son dernier-né, un foudre conçu pour être inerté en CO2, avec une surveillance automatisée de plusieurs paramètres œnologiques, la décision a été prise d’acheter un exemplaire de 20 hl. Une cuvée a été sélectionnée pour y être élevée pendant une année. « Nous avons choisi un vin issu d’une parcelle plutôt sableuse, avec une acidité peu élevée. Avec dans l’idée de préserver au maximum cette fraîcheur », indique le responsable.

Le choix a été d’entonner un vin « propre » après avoir réalisé sa FML en cuve Inox, comme pour les vins passant en fûts. Le foudre connecté est conçu pour injecter du CO2 de manière automatique, en fonction des consignes et des teneurs qu’il mesure par sa bonde. L’utilisateur peut recevoir les données sur son téléphone ou son ordinateur. Chez Thunevin, la protection a été modérée au départ, puis la concentration a été conservée à 1 300 mg/l, soit presque à saturation. « Nous avons réalisé un suivi manuel du CO2, en parallèle des données acquises directement par le foudre, car la partie pilotage n’était pas encore totalement opérationnelle, explique Rémi Dalmasso. Cela nous a obligés à prélever une petite quantité de vin supplémentaire. En routine, notre objectif sera de ne pas ouvrir le foudre pendant un an. »

Résultat positif

Le résultat final a été jugé très positif : après un an de passage en foudre, la cuvée a gardé beaucoup de volume, l’apport boisé a été maîtrisé et la couleur bien préservée. Un paramètre facilité par l’absence de SO2 ajouté. « Notre idée n’est pas de commercialiser des vins sans sulfites, mais plutôt d’utiliser cette cuvée en assemblage sur nos grands crus, à hauteur de 10 à 15 %. De fait, à la dégustation, elle apporte énormément. Elle nous a bluffés », détaille le responsable. À tel point que l’expérience a été démultipliée et prolongée en 2022. La maison Thunevin a fait l’acquisition d’un deuxième foudre un peu plus petit (15 hl), pour augmenter l’apport boisé. Le vin qui a été entonné est issu d’une autre parcelle, argilo-calcaire celle-là, afin de tester l’impact sur différents terroirs.

Les résultats positifs de 2021 ont incité la maison Thunevin a acquérir un deuxième foudre en 2022. Photo : Vignobles Thunevin

L’inertage se fait par l’arrière du foudre en injectant du CO2 en statique. L’objectif est de bénéficier de la micro-oxygénation naturelle du bois sans production d’O2 dissous. Photo : Vignobles Thunevin.
En parallèle, le premier foudre de 20 hl a aussi été réutilisé une deuxième année. « Nous envisageons de conserver ces foudres pendant plusieurs années, même si l’apport boisé diminue au fil du temps », explique Rémi Dalmasso. Un protocole de nettoyage ad hoc a été mis au point : eau chaude haute pression, puis plusieurs pulvérisations d’alcool isopropylique, déjà utilisé par ailleurs pour le nettoyage du matériel de chai, puis passage à la vapeur avant entonnage, pour remplacer le méchage au soufre. L’idée est d’éviter d’apporter du soufre pour aboutir à un élevage sans soufre.

Côté coût, l’investissement est à peu près équivalent à un lot de barriques premium de contenance équivalente, calcule Rémi Dalmasso. Le foudre de 20 hl tout équipé a coûté 12 000 € HT, soit environ 9 x 1 300 € HT. En renouvellement, seule la partie bois peut être changée. La partie Inox et électronique, peut être réutilisée, ce qui diminue le coût de 3 000 €.

 

Tonnellerie Radoux : Un foudre « intelligent » 
Concilier l’élevage sous bois et la conservation des vins sans sulfites en minimisant les risques de déviation oxydative et avec une aide au contrôle microbiologique : c’est ce que propose la tonnellerie Radoux avec Athénis. Ce nouveau foudre est conçu pour être inerté automatiquement en CO2. « L’inertage se fait par l’arrière du foudre en injectant du CO2 en statique. L’objectif est de bénéficier de la micro-oxygénation naturelle du bois sans production d’O2 dissous », indique la tonnellerie. En parallèle, une bonde connectée, intégrée au foudre, permet d’analyser en temps réel plusieurs paramètres essentiels à la protection du vin : oxygène dissous, CO2 volatile, alerte microbiologique.

 

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