Laurent Denise : « Solliciter la puissance végétale de l’arbre »

23e édition du festival du non-labour et du semis direct. Photo O.Lévêque/Pixel6TM

L’obsession des agriculteurs doit être de favoriser la photosynthèse et d’avoir des sols couverts y compris l’été, a insisté Laurent Denise, chercheur indépendant, lors du 23e festival du non-labour et du semis direct, tenu dans la Vienne. "Sol nu, climat foutu", titrait sa présentation. Face à des précipitations en recul l’été, l’enjeu est de recréer le cycle de l’eau à partir d’évapotranspiration suffisante.

Replanter des haies d'arbres

La désertification amplifie les accidents climatiques, poursuit-il. "Il faut replanter des haies, mais pas avec des buissons, qui deviennent secs en été, avec des arbres. La puissance végétale de l’arbre s’observe particulièrement avec des essences comme les peupliers ou saules, capables d’aller puiser l’eau en profondeur et de la remonter en surface !" L’agroforesterie, avec l’essor des arbres autour ou au sein des parcelles, devra se déployer largement pour espérer en observer les bénéfices. "Des pluviométries plus fortes pourront s’observer au niveau du km² minimum ! Il ne suffit pas d’une parcelle plantée avec des arbres ou avec de la biomasse l’été pour espérer y voir des changements !" poursuit-il. Les couverts devront être semés au plus vite après les moissons, dès le lendemain et sans attendre la fin de l’été.

Retenir l’eau en amont

Une meilleure captation des eaux de pluies est centrale, selon Laurent Denise. En France, entre 50 et 70% des précipitations rejoignent directement la mer, chiffre le consultant. "On ne manque pas d’eau, mais on en jette beaucoup !" L’idéal serait de retenir l’eau en amont, pour n’en laisser partir que 30% dans les cours d’eau pour rejoindre la mer, poursuit-il : "Créer des bassins de rétention ou d’infiltration, comme le lac de Caussade dans le Lot-et-Garonne, est pertinent. Cela coûte 10 fois moins cher que les réserves d’eau bâchées. Prochainement, des bassins de rétention vont être créés, notamment dans les Landes, mais dans l’objectif d’éviter les inondations et non pour l’agriculture, ce qui est paradoxal !"

Agrosaulerie

Citant l’exemple du Québec, Laurent Denise a mis en avant la technique de plantation de champs de saules et peupliers en rotation courte ("agrosaulerie", comme il la nomme), dans un objectif de dépollution des eaux de station d’épuration. Ces cultures, broyées tous les ans, produisent de la biomasse et restent le seul moyen de gérer efficacement les polluants sans les laisser fuir dans les rivières, comme cela est actuellement le cas en France.

"La gestion des eaux issues des stations d’épuration est un scandale, avec des eaux dites «conformes» aux exigences de l’État mais chargées en polluants. Une interdiction de polluer les rivières, entrée en application cet été 2023, aidera peut-être à faire bouger les lignes. En France, seulement 0,8% des eaux est recyclé, contre 85% en Israël. Nous sommes les plus mauvais d’Europe! Il est temps que cela change", a-t-il terminé.

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