Les raisins de la honte

Le reportage "les raisins de la honte" suscite la colère chez certains vignerons d'Afrique du Sud.
Les viticulteurs d’Afrique du Sud n’ont pas tardé à exprimer des griefs contre les journalistes d’Envoyé Spécial. Deux organismes de la vitiviniculture sud-africaine ont  envoyé des lettres à l’ambassade de France pour faire part de leur mécontentement. La presse du pays, elle aussi, monte au créneau. L’origine de l’ire des Sud-Africains? "Les raisins de la honte".

Fin août dernier, France 2 a diffusé un reportage consacré à la viticulture du Cap. Les journalistes ont suivi des œnotouristes Français durant les vendanges. Mais au grès des rencontres, les journalistes, selon leurs mots, ont découvert l'envers du décor:

Des ouvriers mal payés, mal logés, et des professionnels du vin qui semblent parfois regretter le temps de l'Apartheid, vingt ans après. 

Le reportage met en lumière des conditions de travail loin de respecter la loi et la dignité humaine. Dans les domaines visités, les salariés exclusivement noirs avouent à demi-mot ne pas être payés au salaire minimum de 10,25 euros par jour par les propriétaires exclusivement blancs. L’un d’entre eux, malade et donc moins productif, explique être payé non plus à la journée mais à la grappe.
Les conditions de vie sur les domaines ne semblent pas meilleures. Les habitations où vivent les saisonniers sont délabrées.

Dans la presse sud-africaine, depuis la découverte de la teneur réelle du sujet, les propriétaires vus dans le reportage se défendent bien évidemment de pratiquer de telles méthodes et critiquent vivement l’émission. Dans Businness News, Danie Steytler de Kaapzicht estime que:

"Les gens ne viennent ni pour voir la vérité ni pour faire un reportage nuancé, ils viennent uniquement pour nous porter préjudice."

En effet, comme souvent dans un reportage de quelques minutes, les raccourcis sont monnaie courante.

L’accès aux terres pour les noirs et métisses

D’après les journalistes de France 2, 3% des domaines sont détenus par les noirs. Difficile de vérifier le chiffre, mais l’ordre de mesure semble bon.
Néanmoins, l’État tente de remédier au problème. Les collectifs d’ouvriers sont incités à racheter progressivement des domaines en restant associés pendant un laps de temps transitoire avec le précédent propriétaire. Ce dernier, en échange d’une rémunération, leur fournit matériel et aide logistique pour la gestion du domaine.
Le prix de la terre n’explique pas à lui seul le faible taux de domaine détenus par des capitaux non-blancs. Plusieurs sources, dont une étude parue dans EchoGéo indiquent que les populations noires d’Afrique du Sud s’intéressent assez peu à la viticulture. Le savoir-faire manque. Mais la donne est en train (peut-être lentement) de changer.
 

L’exploitation de la main-d’œuvre

Selon les journalistes, la main- d’œuvre – sous payée – est un fondement de la viticulture de l’Afrique du Sud.
L’affirmation est en partie fausse. La mécanisation est passée par là. Interrogé sur le sujet, Philippe Bohn de Pellenc Afrique du Sud explique la situation:

Le parc de machines à vendanger est de 520 machines pour une superficie totale de 100 000 ha de raisins de cuve (en 2012) dont 91 000 ha en production (source SAWIS 2013). Le taux de mécanisation de la vendange en Afrique du Sud est de 60% contre 73% en France. Aujourd’hui les vignes en gobelet ou vigne en buisson au ras du sol, non mécanisables, ne représentent plus qu’une superficie de 4 000 ha soit 4% du vignoble. En conclusion, le vignoble d’Afrique du Sud est l’un des plus mécanisés.

Mais l’affirmation est aussi en partie vraie. Le fait que la SAQ ou d’autres acheteurs de vins imposent parfois des critères de respect des droits de l’homme dans leur grille de sélection semble aussi indiquer qu’ils ne sont pas toujours respectés.

Bref, que fait-il retenir de tout cela?
Pour ma part, je me souviendrais qu’il est impossible de comprendre les problèmes d’une filière avec un son de cloche en vingt minutes, que personne n’est à l’abri d’une mauvaise pub, mais que la fumée ne vient pas non plus sans feu.

Les journalistes grand public ne s’intéressent pas à la viticulture française ou étrangère s’il n’y a pas un terreau propice aux "scandales".

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