Destruction des couverts au vignoble : pas un mais des outils

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Broyage, fauchage, roulage ou tonte, différents modes de destruction des couverts sont possibles. Le choix de l’outil se réfléchit en fonction du couvert et de ses objectifs. L’idéal étant de combiner les différents outils.

Roulage, fauchage, tonte ou broyage ? La destruction peut être réalisée de différentes manières. Chaque mode a ses avantages et inconvénients, et il est intéressant de les combiner dans le temps (roulage puis broyage par exemple) ou de différencier le mode de destruction un rang sur deux pour ceux qui ont opté pour une couverture sur tous les rangs. Le broyage seul permet une dégradation et une libération des éléments minéraux assez rapide. Le broyage avec incorporation superficielle une dizaine de jours après offre une dégradation et une libération des éléments minéraux rapide, mais l’incorporation ne doit jamais se faire en profondeur pour éviter le risque de fermentation anaérobie. Enfin, le roulage (rouleaux hacheurs) permet de former un mulch si la biomasse est importante. Ce dernier maintient l’humidité mais la dégradation et la libération des éléments minéraux est plus lente. Même chose pour le fauchage.

Le choix du mode de destruction dépend des objectifs recherchés. Le broyage et le fauchage réalisés au printemps permettent de détruire les parties aériennes et de les faire sécher. Le fauchage est intéressant lorsque la végétation est peu développée, ou pour réaliser un mulchage et permettre d’entretenir le sol sans désherbage chimique ou travail du sol. L’avantage du mulchage par rapport au broyage est de ralentir la minéralisation de la matière organique, de limiter les faims d’azote et d’éviter les « à-coups » pour la vigne. Une solution alternative consiste à passer un matériel spécifique type Rolofaca, qui permet de coucher les couverts végétaux au sol et de les pincer afin d’arrêter la montée de la sève. Contrairement au broyage et au fauchage, la croissance du couvert est stoppée, et la dégradation de la partie « pincée » se fait très lentement. Attention cependant sur les parcelles en pente au risque de glissement. L’enfouissement est facultatif ; il permet une libération d’azote rapide et une disponibilité pour la campagne en cours.

Rolofaca pour gagner en matière organique

Thierry Massol, conseiller viticole de la chambre d’agriculture du Tarn, explique : « Dans notre zone, plus de la moitié du vignoble est désormais gérée avec couverts, soit un rang sur deux, soit sur tous les rangs. La destruction s’opère par broyage (deux passages par an, ou un seul dans le cas de la féverole) pour les vignerons voulant apporter des minéraux et de l’azote rapidement. La destruction au Rolofaca est réservée à des objectifs de gain de matière organique sur du moyen terme. Lorsque les viticulteurs débutent dans la pratique, ils font avec le matériel présent sur l’exploitation. Chez nous, aucun exploitant ayant commencé les couverts n’a arrêté la pratique ; les critères de facilité, de temps de passage ne sont plus tellement pris en compte une fois qu’ils ont pris conscience des bénéfices et du retour sur investissement des couverts : augmentation de la fertilité des sols, terre plus facile à travailler, apport en éléments minéraux, résistance au stress hydrique… »

« Il faut regarder le couvert (la partie aérienne mais aussi la partie racinaire) avant de choisir l’outil : il est préférable d’associer dans un couvert des plantes homogènes au niveau de leur maturité, ce qui n’est pas toujours facile », estime Isabelle Kuntzmann, conseillère viticole de l’association alsacienne Vignes vivantes.

Quant au matériel en lui-même, le choix tend à s’élargir avec de nouveaux outils comme le Roll’n’sem ou l’Orbis.

GIEE Couvreurs de vigne
Faire pâturer le couvert par des brebis
Le Domaine des Schistes, membre du GIEE Couvreurs de vigne, teste depuis deux ans le pâturage des couverts par des moutons.

Le GIEE Couvreurs de vigne teste depuis deux ans le pâturage des couverts par des brebis. Ce GIEE rassemble une quinzaine de viticulteurs des Pyrénées-Orientales, impliqués dans la mise en place de couverts végétaux. « Les couverts sont semés tôt chez nous (fin août/début septembre) et détruits tôt, car nous avons une problématique de concurrence hydrique importante. Le pâturage par les moutons est réalisé en janvier-février, indique Nicolas Dubreil, du Civam bio 66 et animateur de ce GIEE. Une partie du couvert talle et repart, mais c’est une stratégie intéressante pour calmer la concurrence hydrique liée au couvert. Elle génère cependant une perte de fertilité importante : les brebis ne restituent qu’une partie de ce qu’elles mangent, le reste étant utilisé pour leur développement physiologique. Et la technique demande un pâturage maîtrisé, avec des clôtures mobiles, de façon à ce que les brebis mangent tout le couvert, sans sélection, et restent suffisamment longtemps au même endroit, pour y faire leurs déjections. En 2019, par exemple, le berger changeait d’emplacement le troupeau tous les jours, il donnait 10 m de couverts, généralement mangé dans la matinée, mais le troupeau restait dessus l’après-midi pour la restitution. »
Domaine de Carcenac, Tarn
Fauchage de l’interrang avec déport sous le rang
Le domaine de Carcenac, situé à Montans (Tarn), est l’un des domaines du groupe Dephy Ecophyto Tarn. Il a testé en 2020 l’emploi d’une faucheuse avant auto-construite pour la destruction des couverts végétaux semés dans l’interrang. « L’objectif de ce viticulteur était de ramener de la matière organique, de la biomasse sous le rang, de couvrir le cavaillon pour ne plus désherber », explique Thierry Massol, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du Tarn et animateur du groupe Dephy Ecophyto Tarn. Le montage à l’avant permet de ne pas rouler sur les couverts. Le dépôt de la coupe s’effectue sous le rang. L’objectif est double : faucher pour éviter la repousse des couverts dans l’interrang, mais aussi constituer un paillage sous le rang de vigne de façon à limiter l’usage des herbicides et à conserver de l’humidité en été. Les essais menés en 2020, à une vitesse d’avancement de 5 à 6 km/h (à une date classique pour la région, au moment du débourrement de la vigne) ont été effectués sur un couvert composé de féverole et d’avoine ; ils ont été concluants. « La féverole est détruite et bien éjectée sous le rang malgré sa forte biomasse. À noter que l’avoine repart après fauchage et nécessite un second passage, réalisé par roulage. Aucun impact maladie/humidité n’a été noté. Ce serait plutôt l’inverse en théorie (moins d’éclaboussures que sur un sol désherbé et compacté). Le constat fait par le vigneron est un effet dépressif, notamment sur le chiendent et d’autres plantes, il y a évidemment l’effet de recouvrement, mais nous avons beaucoup de choses à apprendre de cette technique pour laquelle nous n’avons que peu de recul », précise Thierry Massol.

photos : DR

Vignes vivantes et Atelier paysan
Un rouleau souple à largeur variable
L’association alsacienne Vignes vivantes a travaillé avec l’Atelier paysan pour la construction d’un prototype de rouleau souple, capable d’épouser la forme du terrain et dont la largeur est variable. « Le rouleau souple est constitué de pneus non gonflés mais autour d’une jante d’un mètre. Je l’ai personnellement utilisé pour rouler les couverts. Le résultat donne un bon rappui, et lorsqu’il y a des cailloux, le rouleau ne rebondit pas. Sa largeur peut varier de 1 m à 1,40 m et donc s’adapter aux différents écartements entre rangs. Je l’utilise avec un tracteur léger (Kubota d’une tonne combinant semoir, griffes et rouleau) », explique Rémy Jung, chef de culture au domaine Bott-Geyl et président de l’association Vignes vivantes.

Article paru dans Viti 460 d'avril 2021

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