Pour être bio-indicatrice, une plante doit avant tout être spécifique d’un milieu. La plupart des adventices colonisent des biotopes extrêmement variés. Pour cette raison, ces adventices révèlent rarement des indications précises sur la nature du sol. En revanche, leur présence peut mettre en évidence certaines pratiques agricoles.
S’il est vrai que les plantes ne poussent pas n’importe où, la présence d’adventices ne rend pas toujours compte des qualités d’un sol.
"Penser que la présence d’une plante va donner des indications précises sur le taux de matière organique d’un sol ou sur sa composition minérale n’est pas fondé scientifiquement", déclare Guillaume Fried, malherbologue à l’Anses et chargé du réseau biovigilance flore.
La notion de niche écologique est essentielle pour bien comprendre le principe de bio-indication. Cette niche se réfère à la place qu’une espèce occupe dans un écosystème.
Pour un végétal, ce concept repose sur son habitat, ainsi qu’un ensemble d’exigences climatiques, édaphiques, mais aussi biotiques, comme la présence d’un champignon symbiotique ou encore celle d’un pollinisateur.
Le ray-grass, une espèce généraliste
Pour faire simple, des espèces dites "généralistes" comme le ray-grass ou les laiterons sont capables de se développer dans des biotopes très différents. Ces espèces ont finalement peu de choses à révéler sur la composition d’un sol qu’elles colonisent.
En revanche, des végétaux comme la spergule des champs témoignent de l’acidité d’un sol, alors que d’autres comme la reine-des-prés sont inféodées aux milieux humides.
Plus une espèce est dite "spécifique", plus elle renseigne sur les caractéristiques du milieu dans lequel elle évolue.
Adventices : observer une population
Pourtant, la présence d’un individu appartenant à une espèce n’est pas suffisante pour tirer des conclusions. En effet, certains végétaux peuvent parfaitement se trouver là une année, puis disparaître l’année suivante.
Bien entendu, la présence d’un seul individu d’une espèce envahissante, comme le datura ou l’ambroisie, nécessite une attention particulière en raison de leur rythme de dissémination et de leur toxicité.
Pour qu’une observation soit significative, il est important qu’elle s’accompagne d’un suivi. Évaluer l’abondance dans les parcelles et observer l’évolution d’un peuplement dans le temps permet de caractériser une population et sa dynamique dans l’agrosystème.
Des interventions agricoles qui influencent la flore spontanée
Si la présence d’une population peut dévoiler certaines caractéristiques du milieu, elle peut surtout rendre compte de certaines pratiques agricoles.
"Lorsque l’on étudie les relevés floristiques en France, on remarque en premier lieu des différences entre les grandes cultures de printemps ou d’automne. De fait, le facteur numéro 1 qui influence la présence des adventices est la date de semis de la culture. C’est elle qui sélectionne les espèces aux exigences thermiques adaptées à la germination en automne, en sortie d’hiver ou au printemps. Le pH du sol ne vient qu’en deuxième place, puis le gradient de température entre le nord et le sud de la France", précise Guillaume Fried.
Utiliser certains intrants ou outils mécaniques peut également favoriser la levée ou la propagation d’une espèce. Observer les adventices n’est donc pas vain. Cela améliore la connaissance d’une parcelle et de son fonctionnement.
Un agriculteur averti peut alors, s’il en a la possibilité, limiter le recours à des interventions dont l’action sélectionne certaines adventices préoccupantes. De même, un producteur peut utiliser des leviers agronomiques pour réduire, dans une certaine mesure, la présence d’adventices concurrentielles.
Pour aller plus loin, consultez l’article très détaillé de nos confrères de TCS : les adventices sont-elles (bio)indicatrices?