Que revendiquent les viticulteurs ?

Ce mercredi 5 novembre 2014 avait lieu la journée nationale de mobilisation du monde agricole lancée par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Point de départ de cette mobilisation, huit points durs soulevés par les deux organisations pour alerter le gouvernement sur les problématiques agricoles.
 
Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA rappelle les difficultés qui ont poussé le monde agricole à se mobiliser:

"La crise s’est aggravée en particulier depuis le début de l’été, au niveau de la réglementation d’une part avec la question de l’épandage des phytosanitaires à moins de 200 mètres des habitations et maintenant la directive nitrates, les SIE, le compte pénibilité… S’ajoutent d’autre part les difficultés de certaines filières, je pense par exemple aux viandes blanches… "On sent une situation sur le terrain où les agriculteurs sont exaspérés par toujours plus de contraintes, et nos entreprises n’arrivent plus à prendre des marchés. C’est en partant de ce constat que nous avons décidé de mener une action autour de huit points durs. Notre détermination doit appeler le gouvernement à mettre en place un certain nombre de mesures qui ne coûtent pas d’argent mais redonnent de l’air au niveau de la réglementation."

La FNSEA et les JA profitaient surtout de cette mobilisation pour faire passer le message du patriotisme alimentaire : produire français pour manger français.
 
Mais quelles étaient, plus particulièrement, les revendications des viticulteurs ?

Champagne: "Lâchez-nous la grappe"

« Lâchez-nous la grappe » était le slogan de la banderole du cortège des vignerons de Champagne derrière laquelle des vignerons accompagnés de maires et d'élus de Champagne ont défilé ce mercredi 5 novembre à Châlons-en-Champagne à l’appel de la FRSEA et des JA Champagne-Ardenne.
 
Pascal Férat, président du SGV Champagne déclarait:

"Les forces vives de la Champagne sont aujourd’hui spoliées. Autrefois, le mot d’ordre lancé aux vignerons par nos anciens dirigeants était "conquérir". Aujourd’hui, nous sommes toujours en mode "défense de nos intérêts sans cesse attaqués". Nos vignerons n’admettent plus que chaque nouvelle année soit un flot de nouvelles contraintes. "Il est indispensable de préserver les atouts que sont nos exploitations familiales, notre tissu économique non délocalisable et le vivier d’entreprises connexes qui vivent avec la viticulture."

 Le SGV Champagne portait les revendications suivantes auprès des pouvoirs publics:

  • abandonner l’application du compte pénibilité dans les exploitations viticoles;
  • exclure de l’appréciation des plafonds d’exonération prévus dans le dispositif "travailleurs occasionnels" toute indemnité de fin de contrat dont le versement est rendu obligatoire par convention ou accord collectif étendu;
  • maintenir l’exonération des cotisations salariales liées aux contrats vendanges afin de préserver l’attractivité des emplois saisonniers à une période clé de l’activité des exploitations viticoles. L’amendement est d’ailleurs débattu ce jeudi 6 novembre.
  • Aménager les normes imposées pour le logement des saisonniers agricoles, lorsque les travaux confiés à ces salariés sont d’une durée inférieure ou égale à 30 jours;
  • imaginer une fiscalité prenant en compte l’affectation professionnelle du foncier agricole et viticole, et ne pas décourager le portage, familial ou non, dès lors que le foncier reste durablement attaché à une exploitation agricole ou viticole ;
  • rattacher l’Aisne à la Champagne-Ardenne dans le cadre de la réforme territoriale, afin que l’AOC champagne ne souffre pas d’une division territoriale.

Saône-et-Loire: des ceps morts à la porte des députés

Par ailleurs, lundi 3 novembre, les viticulteurs de Saône-et-Loire faisaient déjà parler d’eux ou plutôt de leurs difficultés! Des adhérents de l’Union viticole de Saône-et-Loire, branche viticole de la FDSEA de Saône-et-Loire, ont manifesté devant les permanences de trois députés du département: Cécile Untermaier à Louhans, de Philippe Baumel au Creusot et de Christophe Sirugue à Chalon-sur-Saône.

Les viticulteurs ont déposé des tas de ceps de vigne malades devant les trois permanences. Le symbole faisait référence à l’esca et aux autres maladies du bois. Les viticulteurs ont insisté sur plusieurs éléments qui pèsent sur le métier:

  • ils ont demandé une aide à la replantation face aux maladies du bois;
  • ils souhaitent être mieux informés de l’avancée de la recherche sur les maladies du bois. Les viticulteurs sont en effet dépourvus de solutions depuis l’interdiction en 2001 de l’arsénite de sodium;
  • Comme les viticulteurs champenois, un sujet clé de mécontentement concernait le risque de suppression du contrat vendanges;
  • La question de la complexification de la réglementation qui pèse sur les contrats d’apprentissage a aussi été soulevée. Pour exemple, les apprentis ne peuvent pas conduire d’engin motorisé sur une exploitation.
  • Enfin, pour lutter contre les fluctuations importantes du prix du vin, les vignerons souhaiteraient bénéficier d’une fiscalité organisée autour de fonds de réserve pour lisser les différences d’une année sur l’autre.

Les viticulteurs de Saône-et-Loire ont également pris part à la mobilisation du 5 novembre à Dijon.
 
Vous êtes viticulteurs dans d’autres régions et vous avez participé à la mobilisation du 5 novembre? N’hésitez pas à partager via les commentaires les raisons de votre participation. Et à nous expliquer ce qui s’est passé, ce mercredi 5 novembre, dans vos régions.

Pour aller plus loin:
Journal de Saône-et-Loire: Philippe Baumel à l'écoute des viticulteurs
►Mon-Viti: Entre dégradations et manifestations: la tension monte dans l'Aude

 

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