Leurs projets, vos réactions (1/2)

Photo : Catherine CLAVERY/Fotolia

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Les votes pour élire le 8e président de la cinquième République se dérouleront le 23 avril et le 7 mai. Pour les lecteurs qui s’intéressent aux programmes pour choisir leur candidat, nous avons sélectionné des propositions relatives à l’agriculture et vous les avons fait commenter.

Pour l’élection présidentielle de 2017, 44,8 millions de Français seront appelés à aller aux urnes. Parmi eux, moins de 600 000 seront des agriculteurs. Pourtant, l’agriculture reste toujours un thème de campagne pour les candidats. Si l’on caricature les positions, pour les uns, l’agriculture est un secteur économique globalement intéressant pour le calcul du PIB. Cocorico ! La balance commerciale des produits agricoles est l’une des rares à être excédentaire. Ceux-là sont pour une agriculture productiviste et exportatrice. De l’autre côté, toujours en schématisant, le ministère de l’Agriculture est une annexe du ministère de l’Environnement. Au milieu, des candidats jonglent entre ces deux visions.

L’avis du monde agricole sur les propositions

À quelques semaines du vote, Viti et les autres revues agricoles du groupe de presse Agri Terroir Communication ont choisi de vous faire part de quelques-unes des idées des candidats concernant l’agriculture. Quel marronnier, comme on dit chez les journalistes ! Le sujet se répète immuablement tous les cinq ans. Sauf que cette fois-ci, il y a du nouveau dans la méthode.

Il y a un mois, nous avons envoyé un questionnaire à des viticulteurs, des céréaliers, des maraîchers… Chacun a pu donner son avis sur des propositions extraites des programmes ou déclarations des participants à l’élection. Pour corser le jeu ou plutôt pour qu’il soit le moins orienté possible, les idées des candidats n’étaient pas reliées à leur nom. Vous allez aujourd’hui découvrir un extrait de vos réponses. Nous avons privilégié les réponses des acteurs de la filière viticole sans nous priver des commentaires des autres filières. Le nombre de participants au sondage, au regard du nombre d’agriculteurs français, ne nous permet pas d’être significatifs, néanmoins on constate que les points de vue sont différents notamment sur la diminution des aides PAC ou l’interdiction des néonicotinoïdes. Les viticulteurs – peu concernés – sont pour ces propositions, les céréaliers plutôt contre.

Les éléments de contexte ont été rajoutés au moment de la rédaction de l’article. Aussi, entre la rédaction de l’article et sa publication, les alliances et la validation des candidatures ont fait leurs œuvres. Il est possible que des participants cités ne soient finalement pas dans la liste officielle des candidats.

1. Produits phytosanitaires dangereux

Interdire les pesticides les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement, et notamment les néonicotinoïdes, les herbicides à base de glyphosate.

Chez les viticulteurs, le cas des néonicotinoïdes entraîne peu de réaction.
Celui du glyphosate est moins tranché. Contrairement à la filière céréalière, tous les sondés ne sont pas contre cette mesure. Néanmoins, pour ce viticulteur « la mesure doit être prise au niveau européen ». Pour un autre « si interdiction il y a, cela doit se faire en concertation avec les chambres d’agriculture, les agriculteurs et les fabricants, sans effets d’annonces par les politiques qui en périodes électorales promettent n’importe quoi. Actuellement tout le monde tombe d’accord pour affirmer qu’il faut supprimer le glyphosate sans savoir que ce sont certains adjuvants qui posent problème et non le glyphosate ! » Argument repris par un technicien en grandes cultures : « La toxicité du glyphosate est nulle comme le prouvent de nombreuses études. Il est également utile à l’agroécologie. » Pour ce conseiller, la mesure qu’il ne cautionne pas ne peut être prise que si l’on renonce au traité bilatéral avec le Canada. « Le Ceta va permettre de faire venir de la viande nourrie aux OGM "Roundup Ready". Si on l’interdit chez nous cela n’a aucune cohérence. »

Contexte. En viticulture, les produits contenant des néonicotinoïdes (jugés toxiques pour les abeilles) sont rares. On les retrouve dans les insecticides à base de thiaméthoxame comme Reason, Luzindo… Les produits contenant des perturbateurs endocriniens potentiels font partie des produits jugés les plus dangereux (voir aussi Viti du mois dernier).

2. Principe de précaution

Relancer les recherches qui ont été interrompues au nom du principe de précaution, notamment en génétique, et supprimer le principe de précaution de la constitution en le remplaçant par un principe de responsabilité

Les sondés sont majoritairement « pour » supprimer le principe de précaution. La raison invoquée pour justifier ce choix est qu’il bloque la recherche, l’innovation. En revanche, plusieurs personnes mettent en avant la complexité de cette question et s’interrogent sur la manière dont serait assumé ce principe de responsabilité évoqué dans la proposition. « Si on prouve que le maïs OGM entraîne des problèmes sur les animaux nourris avec, l’entreprise qui les commercialise va-t-elle dédommager les paysans ? »

Contexte. Le principe de précaution… une expression très utilisée mais aussi mal connue. Il est défini dans l’article 5 de la Charte de l’environnement, l’un des quatre textes de la Constitution depuis 2005. Il est dit que « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. » Le principe de précaution est aussi défini dans le droit communautaire.

3. Intrants chimiques

Diminuer progressivement les apports maximums autorisés d’intrants chimiques (pesticides et engrais) et les taxer progressivement au cours du temps.

Une proposition, deux sujets : la réduction et la taxation. Sur la diminution réglementaire des doses maximales de pesticides et engrais, les sondés sont partagés. Beaucoup se disent contre, rappelant que les intrants sont en diminution depuis plusieurs années et que chacun y travaille.
Des céréaliers se montrent aussi inquiets : « on voit déjà les dégâts des suppressions régulières de produits homologués », « Qui compensera la perte de rendement et donc de marge ? ». D’autres n’y sont pas opposés si cela se passe « au niveau européen » et « qu’il existe des solutions alternatives d’efficacité et de coût équivalents ».
Sur le sujet de la taxation croissante des intrants, tout le monde est contre ! « Diminution, oui mais taxer non » lancent plusieurs sondés. Un éleveur et un céréalier alertent : « C’est insoutenable, on n’arrive déjà plus à payer » et « c’est scandaleux, nous sommes déjà bien trop taxés ! ». Un conseiller indépendant propose avec sérieux et ironie : « Ce type de mesure doit être accompagné d’un soutien économique pour les agriculteurs en transition. Cependant les agriculteurs bio attendent encore le versement des aides 2015 alors si c’est pour obliger les paysans à baisser leur revenu sans compensation : c’est non ! »

Réponses
Proposition 1 "produits phyto": Hamon, Mélenchon et dans une certaine mesure Macron
Proposition 2 "Principe de précaution": Fillon
Proposition 3 "Intrants chimiques": Mélenchon

Égalité ou équité ?
Avant, dès la publication de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle (vers le 20 mars cette année), les radios et les télévisions devaient respecter une stricte égalité des temps de parole entre les candidats. Désormais, le principe d’équité est remplacé par le principe d’égalité. L’équité sera fonction de la représentativité des candidats (résultats obtenus aux dernières élections, indications des sondages d’opinion) et de leur contribution à l’animation du débat électoral. Cette disposition fait l’objet de nombreuses critiques car elle pourrait favoriser les candidats des partis installés. Le contrôle de l’équité entre les candidats est confié au CSA. Le principe d’égalité est néanmoins conservé pour le temps de la campagne officielle, c’est-à-dire du 10 avril au 7 mai.

Vote blanc ou abstention ?
Les votes blancs ne seront pas comptés à part pour la Présidentielle 2017. Ils entrent la catégorie « blancs et nuls » et n’auront aucune influence sur le résultat. En effet, ces votes ne sont pas comptabilisés dans le calcul des suffrages exprimés. Un collectif milite pour la reconnaissance du vote blanc. Pour le parti du vote blanc, voter blanc indique une volonté de participer au débat démocratique mais marque un refus des choix proposés. D’autres prônent l’abstention massive et revendiquée pour faire bouger la classe politique.

Courrier ou Internet ?
Pour des raisons environnementales et financières, le gouvernement souhaitait stopper l’envoi par courrier des professions de foi des candidats aux législatives et à la présidentielle. Il comptait ainsi économiser environ 170 millions d’euros. En effet, l’État prend en charge la mise sous pli et l’affranchissement des documents et rembourse les frais de papier et d’impression engagés par les candidats qui réalisent plus de 5 % des suffrages.
Les élus opposés à cette mesure ont finalement eu gain de cause… pour le moment, car le texte proposé lors de la loi de finance 2017 n’était pas une première.

Pour aller plus loin : Leurs projets, vos réactions (2/2)

Article paru dans Viti Leaders n°424 d'avril 2017

 

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