Initiative : un contrat de professionnalisation d’ouvrier viticole à destination des réfugiés politiques

Un dispositif sur-mesure de formation d’« ouvrier viticole » a été mis en place à la MFR pour les bénéficiaires d'une protection internationale. Photo : MFR de Grandchamp

En Côte-d’Or, face à la pénurie de main-d’œuvre, un contrat de professionnalisation d’ouvrier viticole a été mis en place à destination des réfugiés politiques, bénéficiaires d’une protection internationale. Six réfugiés ont suivi cette formation mise place à la MFR de Grandchamp en 2022 et sont désormais employés en CDI ou CDD dans les domaines bourguignons. Douze viennent de commencer leur contrat de professionnalisation à la rentrée 2023.

La maison familiale et rurale (MFR) de Grandchamp à Ruffey-lès-Beaune (Côte-d’Or) a lancé avec succès en avril 2022 un dispositif de contrat de professionnalisation en viticulture à destination des réfugiés politiques.

L’initiative est née d’un constat effectué par Ocapiat et Pôle emploi : d’un côté, des emplois, notamment d’ouvrier viticole, n’étaient pas pourvus dans le vignoble bourguignon et, de l’autre, un public de bénéficiaires d’une protection internationale (BPI) désireux de travailler et de se former. Pourquoi ne pas faire se rencontrer les deux ? Les BPI sont en effet employables comme les salariés français. Il n’y a pas de démarches administratives particulières à faire pour embaucher un réfugié politique doté de ce statut de BPI.

Un dispositif sur-mesure de formation d’« ouvrier viticole » a ainsi été mis en place à la MFR à destination de ce public particulier :  avec une préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) d’agent viticole, d’une durée de trois mois, pouvant être suivie d’un contrat de professionnalisation d’un an dans les entreprises viticoles.

« Cette POEC de trois mois comporte 399 h de formation dont 105 h en stage sur une exploitation viticole. L’objectif est de les aider à maîtriser la langue française, le vocabulaire viticole et d’acquérir une première connaissance du métier, précise Florence Worms, en charge de ce dispositif à la MFR de Grandchamp. À la suite de ces trois mois, un contrat de professionnalisation d’un an dans les entreprises viticoles est proposé. Avec ce contrat de professionnalisation, les réfugiés ont le statut de salarié sur une exploitation viticole, avec la présence une semaine par mois au centre de formation. Cela correspond à 422 h de formation sur l’année, permettant de détailler les connaissances viticoles. »

Caces et Certiphyto

En 2022, six réfugiés politiques ont effectué un contrat de professionnalisation au sein de domaines et négoces bourguignons. Suite à cette première année d’expérimentation, deux salariés ont été embauchés en CDI et les autres sont en CDD. « Le bilan de la première année a été très positif sur tous les plans. Les entreprises viticoles ont joué le jeu, y compris sur l’aspect mobilité qui est le principal frein pour ce public, en organisant du covoiturage notamment. Pour notre centre de formation, l’expérience a également été très enrichissante sur le plan humain, tant pour l’équipe pédagogique que pour nos élèves. C’est toujours un plus de côtoyer des personnes de culture et parcours différents », estime-t-elle.  

Le dispositif a été reconduit cette année : douze réfugiés ont démarré le 21 août 2023 un nouveau cycle de formation (POEC) et sont actuellement à la recherche de domaines, coopératives et négoces pour les accueillir pendant l’année de contrat de professionnalisation. « Ce sont des personnes très désireuses de travailler, de s’intégrer et très adaptables. Elles sont originaires d’Afghanistan, Somalie, Érythrée, Soudan, Nigeria ou Congo, âgées de 21 à 33 ans », précise-t-elle. Le contrat de professionnalisation leur permet d’acquérir toutes les compétences nécessaires pour occuper un emploi d’ouvrier viticole. « La formation a été élaborée en tenant compte des demandes des professionnels. Pendant cette formation, par exemple, ils passent le Caces (chariot élévateur) et le certiphyto (opérateur), signale-t-elle. Nous leur donnons tous les outils pour être employables tout de suite. »

 

Louis Meunier, Domaine Jean-Jacques Confuron : un CDI à l’issue du contrat de professionnalisation
Situé à Premeaux-Prissey en côte de Nuits, le Domaine Jean-Jacques Confuron a proposé un CDI à un jeune réfugié afghan à l’issue de son contrat de professionnalisation.
À l'issue du contrat de professionnalisation, le jeune réfugié afghan a rejoint l'équipe viticole du Domaine Jean-Jacques Confuron. Photo : Domaine Jean-Jacques Confuron
« Le domaine familial compte 10 hectares de vignes, conduites en bio, explique Louis Meunier (Domaine Jean-Jacques Confuron). Notre équipe comporte six permanents, mais trois d’entre eux arrivent à l’âge de la retraite et nous cherchons à anticiper leur départ. Dans notre secteur de la Côte-d’Or, recruter n’est pas facile, nous recevons peu de candidatures à nos offres d’emploi, que ce soient des personnes formées à la viticulture ou non. J’ai entendu parler par hasard de ce dispositif et je me suis dit pourquoi ne pas essayer. Nous avons signé un contrat de professionnalisation avec un jeune Afghan. L’année de formation s’est très bien passée, il s’est très bien intégré dans notre structure familiale. Nous lui avons proposé un CDI d’ouvrier viticole à la fin du contrat de professionnalisation.
C’est une personne pleine de qualités, très ponctuelle, très volontaire dans le travail. Humainement, c’est également une personne joyeuse. Le fait qu’il soit d’une culture différente n’a pas posé de problèmes. Bien sûr, au niveau de la langue, ça a été un peu compliqué au départ et reste un peu difficile, même s’il a progressé et progresse toujours en français. L’autre point un peu délicat est la mobilité. Il n’a pas encore le permis de conduire, mais va bientôt le passer. Nous avons la chance au domaine de pouvoir loger. De cette façon, il a pu loger la semaine au domaine pendant l’année de formation – et même maintenant qu’il est embauché, en attendant qu’il passe son permis de conduire. Pour l’instant, il ne peut pas travailler en autonomie, mais au sein d’une équipe, cela se passe très bien. Le dispositif de formation est intéressant. La MFR lui a fait passer le Caces et le certiphyto utilisateur. Le suivi des jeunes est très sérieux. »

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