Après avoir distillé 200.000 hl l’an dernier et limité les rendements pour un manque à produire de même niveau, les côtes-du-rhône font face à une crise «brutale et surtout incompréhensible», selon Damien Gilles. Le vigneron coopérateur préside le Syndicat des côtes-du-rhône depuis le 21 décembre 2023.
« Les prix du vrac sont retombés au niveau d’il y a vingt ans… Alors que les prix en grande distribution n’ont cessé d’augmenter », complète Philippe Faure, secrétaire général du syndicat.
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S'unir au-delà du syndicat
Dans cette situation « unique et inédite », les deux responsables ont présenté une feuille de route à 360° pour le syndicat, avec des actions en projet et d’autres déjà en cours, comme un travail sur les prix planchers, mesure évoquée par Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture.
« Grâce au référentiel sur les coûts de production, nous pouvons entrer dans le dispositif dès demain », indique Damien Gilles qui exhorte au dynamisme et souhaite fédérer les vignerons de la vallée du Rhône au-delà du syndicat, pour faire entendre la voix locale à Paris.
Une forme d’unité avait pu être trouvée lors des manifestations de ce début d’année, mais elle semble se fissurer avec l’émergence d’un collectif de vignerons anonymes hier. « Je comprends leur situation car je la vis personnellement, mais je regrette qu’ils ne nous aient pas appelés et je les invite à le faire », a commenté le président.
Identifier des profils de vins
Sans oublier la crise, les deux responsables ont évoqué les projets de diversification et d’innovation lancés depuis trois ans. Plusieurs profils de produits ont été identifiés pour la production de vins blancs et de rosés adaptés aux nouvelles formes de consommation et au changement climatique.
Une étude similaire est en cours pour vins rouges. L’idée est de repérer à quoi pourrait ressembler un vin rouge de la vallée du Rhône à consommer debout.
« On n’oublie pas le rouge, car c’est notre ADN, mais on ne s’arrête pas aux trois couleurs traditionnelles », indique Damien Gilles qui souhaite explorer la possibilité pour la région de produire un effervescent et des vins plus ou moins désalcoolisés. L’étude sur les no low va débuter en 2024.
Simplifier le cahier des charges
« Il reste encore de la place sur le marché. Il faut que nous soyons conquérants, acteurs de notre réussite », a répété le jeune président.
La feuille de route du syndicat intègre également un volet communication vers l’export, avec l’interprofession, et en France. La promotion des côtes-du-rhône villages représente un axe fort sur le marché français, avec une personne qui a été recrutée pour cette mission.
Un travail de simplification et d’adaptation du cahier des charges au « bouleversement climatique » a débuté. Encépagement, hauteur de cordon, palissage de la syrah, longueur de rameau après écimage, densité de plantation sont autant de sujets étudiés.
Adapter le potentiel de production
Enfin, le syndicat propose une adaptation du potentiel de production. Il demande une mesure d’arrachage définitif pour ceux qui souhaitent arrêter et une possibilité de restructuration différée.
Il explore la diversification avec des nouvelles cultures grâce à un démonstrateur qui devrait être mis en place cette année. Il appelle aussi à la mise en place d’un outil interprofessionnel de gestion des volumes revendiqués aux possibilités de commercialisation de chaque opérateur.
