Des solutions face aux sécheresses et grosses altises pour le colza

Des solutions face aux sécheresses et grosses altises pour le colza.

Crédit photo S. Leitenberger
Une plateforme colza organisée par Terres Inovia et la coopérative CAPL en Maine-et-Loire montre qu’il est possible de limiter les dégâts dus au manque d’eau et aux infestations de grosses altises par des semis précoces et la recherche de colzas robustes.

En Maine-et-Loire, les surfaces en colza ont diminué de 25 % pour les semis 2019 selon Agreste. La sécheresse sévère de cette dernière campagne explique largement la décision des agriculteurs de diminuer fortement cette culture. Pourtant cette dernière a des atouts, tant sur le plan agronomique qu’économique.

Terres Inovia, en collaboration avec la CAPL, a donc organisé une plateforme montrant les solutions efficaces pour gérer les sécheresses d’automne et de printemps ainsi que les infestations de grosses altises, un ravageur en recrudescence ces dernières années.

Le premier objectif a été atteint avec toutefois la nécessité d’irriguer le colza le 10 septembre pour sauver la parcelle d’un manque d’eau sévère. Faute d’attaques de grosses altises cette année sur cette parcelle d’essai, la centaine de visiteurs de la plateforme n’a pu vérifier l’intérêt d’avoir des colzas robustes pour limiter les effets des piqûres des adultes (les alrves quant à elles étaient bien présentes).

Des semis précoces nécessaires

L’essai a ainsi permis de montrer que les semis les plus précoces sont les plus à même de résister à la sécheresse et aux ravageurs d’automne du colza. Le premier semis le 9 août présente des plantes beaucoup plus robustes que celles semées le 30 août. 

>>> Pour Nina Rabourdin, ingénieur de développement Bretagne et Pays de la Loire, chez Terres Inovia :

« L’objectif est de garder un maximum de fraîcheur avant le semis afin de mieux garantir la réussite de l’implantation. En non-labour, il est donc fortement conseillé de pratiquer un déchaumage au plus près de la récolte du précédent (notamment en sol à tendance argileuse), de limiter les travaux du sol en interculture qui assèchent le sol et d’implanter le colza dans le sec avant une pluie. Un test bèche juste avant le semis (ou au mois de juin quand on a encore un peu de fraîcheur), est utile pour renseigner de l’état de la structure et orienter l’usage des divers outils (outils à disque ou à dents et de la profondeur du travail du sol. La date de semis est le second levier dont il faut tenir compte. »

L’intérêt de la fertilisation

Le semis plus précoce a ainsi pu emmagasiner globalement plus d’unités d’azote dans le sol (76 kg/ha contre 41 kg/ha pour la variété DK Exstorm) dans l’essai.

Le troisième levier pour gagner en robustesse consiste à semer des plantes compagnes avec le colza, surtout pour les exploitations céréalières qui n’apportent pas régulièrement de matières organiques. Cet effet, qui ne se remarque pas au moment des tests biomasse d’automne, se verra principalement au printemps.

>>> Nina Rabourdin précise :

« Une fertilisation avant le semis (ici du 18-46) contribue aussi à augmenter la robustesse du colza et permet de faire face plus sereinement aux piqûres d’altises et aux dégâts de leurs larves. Même si, sur cette plateforme, les résultats ne sont pas significatifs en raison d’apports fréquents d’effluents d’élevage sur la parcelle. »

Enfin, le choix de la variété aide à gommer les effets à la fois des aléas climatiques et des infestations de ravageurs comme les larves de grosses altises.

>>> Elle ajoute :

« Les gammes variétales se renouvellent avec des variétés aux profils différents. On parle de plus en plus de dynamique de croissance. Cela signifie le moins d’arrêts de croissance possible à l’automne-hiver pour limiter les effets néfastes des larves de grosses altises. Mais attention, ces nouvelles variétés ont tendance à être plus sujettes aux élongations automnales. »

Pour gérer finement les traitements insecticides

De gros colzas freinent significativement l’impact des piqûres d’altises. Après le stade 4 feuilles, les risques sont minorés. Depuis quelques années déjà, le déclenchement des traitements insecticides ne se base plus uniquement sur le comptage des piqûres (80 % de plantes piquées) et surfaces foliaires détruites (20 %) pour un colza de moins de 4 feuilles.

En effet les dégâts de larves de grosses altises sont maintenant à intégrer dans les règles de décision. La méthode Berlèse¹ appliquée quelques semaines après avoir relevé et compté les adultes de grosses altises dans les pièges jaunes donne une indication du nombre de larves par plante sans avoir à disséquer les pétioles pour dénombrer les larves.

Comptage des larves indispensable

Le seuil historique était de trois larves par plante. Aujourd’hui, la quantité de biomasse et la dynamique de croissance des plantes sont associées à ce comptage pour déclencher un traitement sur les larves. En dessous de 1 kg/m² de biomasse (ou 20 g/plante) couplé à une levée tardive ou à des sols superficiels sans apports de matières organiques, les risques d’infestation sont forts.

Les biomasses obtenues au-delà de 1,5 kg/ha avec des semis précoces sur sols profonds et sans autres risques majeurs sont considérées à faible risque. Le déclenchement d’un traitement peut paraître complexe. Mais, par expérience, il est possible de reconnaître un gros colza d’un faible, de s’appuyer sur les bulletins BSV qui donnent les résultats des modélisations. Le comptage des larves paraît toutefois indispensable si l’on veut raisonner finement son traitement.

(1) Prélever 30 plantes et les répartir dans au moins quatre entonnoirs. Le principe consiste à faire sécher les plantes sur un grillage placé au-dessus d’une cuvette d’eau avec quelques gouttes de produit vaisselle. Les larves de grosse altise sortent progressivement des colzas et tombent dans le liquide. Faire les comptages régulièrement sur 15 jours, les larves se décomposant rapidement.

 

 

 

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