Aucune parcelle dédiée seulement aux légumineuses

Antonio Pereira, conseiller grandes cultures à la chambre d'agriculture de Haute-Marne devant un méteil à 12tMS/ha. Photo : M. Lecourtier/Pixel Image
Pour le dernier rendez-vous 2016 dans le cadre d’Innov’action, les chambres d’agriculture de l’Aube et de Haute-Marne ont invité les agriculteurs au Gaec Savry à Bouzancourt (Haute-Marne). Le thème de cette demi-journée était la valorisation des légumineuses en élevage.

Pour Franck et Damien Thiéblemont, deux des trois associés du Gaec, l’objectif n’est pas forcément de réserver des surfaces aux légumineuses au détriment des cultures de rente. Pour cette raison, ils se sont orientés vers des techniques que l’on pourrait qualifier d’alternatives pour toutefois faire pousser des légumineuses sur leur exploitation de 385 ha.

Un mélange de légumineuses et de céréales 

Pour l’alimentation de leurs 110 vaches laitières produisant 960 000 litres de lait par an et de leurs 150 taurillons, les associés ont notamment opté pour la production de méteil. Après la récolte de la culture principale, ils implantent un mélange de 108 kg/ha de légumineuses et 175 kg/ha de céréales sur certaines de leurs parcelles. Ce mélange comprend du seigle forestier, du blé, de la vesce, du pois fourrager et du pois d’hiver. Antonio Pereira, conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture de Haute-Marne, précise les prérequis :

Pour espérer récolter du volume au printemps qui suit l’implantation, il est indispensable de semer avec une densité importante.

Cela se vérifie avec l’expérience du Gaec Savry qui a récolté entre 10 et 12 tMS/ha de ce méteil à la mi-mai 2016.

Au-delà du semis de ce mélange, c’est sa conduite qui pose question. S’il semble que ses besoins en phosphore et potassium sont semblables à une céréale à paille, la fertilisation azotée et plus délicate. Antonio Pereira conseille :

La date et la dose de l’apport d’azote va déterminer les espèces en présence au moment de la récolte. Pour favoriser les légumineuses, l’apport doit attendre le stade un nœud des céréales.

Du soja graine entière dans la ration


Après la récolte du méteil en ensilage, le Gaec Savry a implanté une variété 000 de soja le 24 mai 2016. L’ayant déjà fait les années passées, ce mode opératoire permet d’envisager une récolte du protéagineux entre le 15 novembre et le 15 décembre avec une teneur en matière sèche de l’ordre de 15 %. Avec ce taux de matières sèche, la graine de soja peut-être stockée en l’état.

Les associés du Gaec aplatissent la quantité nécessaire à leur élevage pour 10 à 15 jours maximum. Au-delà, il y a un risque de perte. Ils l’aplatissent car le soja, graine entière, entre dans la ration des vaches laitières et dans le mulch des veaux. Pour les vaches laitières, le soja aplati est distribué à hauteur de 1 à 2 kg/VL/j. L’un des deux frères Thiéblemont explique les bénéfices :

La simple introduction du soja graine entière dans la ration suffit à gagner 1 à 1,2 kg/VL/j de production de lait. Il permet aussi aux animaux d’afficher un meilleur état corporel. La présence à la fois de l’huile et des protéines fait du soja une graine très bien équilibrée.

Les deux polyculteurs-éleveurs regrettent aujourd’hui de ne pas avoir suffisamment de récolte pour alimenter leur troupeau tout au long de l’année.
 

Une autre source de protéines

Pour s’assurer d’autres sources de protéines, le Gaec Savry implante aussi de la luzerne dans ses colzas à hauteur de 8 kg/ha. Il espère chaque année réaliser une coupe entre la récolte du colza et l’implantation de la culture qui suit. Pour ce faire, le semis du colza et de la légumineuse s’effectue aux alentours du 30 juillet, soit 3 semaines plus tôt que la moyenne.

Cette stratégie permet à la luzerne de suffisamment se développer pour passer l’hiver. C’est aussi un moyen d’éviter la levée d’adventices comme les géraniums. Car à cette période-ci, seules les graines mises en terre lèvent. D’ailleurs, les colzas de cette année n’ont reçus aucun herbicide antidicotylédones. Seules les repousses de céréales ont été gérées. Et si jamais le colza est dépassé par la luzerne, il existe des solutions chimiques très efficaces pour la réguler et redonner une longueur d’avance au colza.

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