Les crémants de France poursuivent leur ascension

Fabien Branchu, président de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant. Photo : Fédération nationale des crémants de France

Fabien Branchu, président de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant.

Crédit photo Fédération nationale des crémants de France
Élu en juillet dernier pour trois ans, le Ligérien Fabien Branchu devient président de la Fédération nationale des crémants de France. Il succède à l’Alsacien Charles Schaller et prend la tête d’une fédération dont les huit appellations rencontrent un succès indéniable. En 2022, la filière a dépassé la barre symbolique des 100 millions de cols vendus. Un record qui devrait être à nouveau battu en 2023.

>>> Les ventes de crémant en nombre de cols ont augmenté de 18 % entre 2018 et 2022. Comment expliquez-vous ce succès ? 

Fabien Branchu : Ce ne sont pas seulement les crémants qui ont du succès, toutes les bulles dans le monde sont concernées.

Pour le premier semestre 2023, nous sommes à + 9 % de ventes pour une grande partie des crémants. C’est une belle évolution. Même avec la crise, les bulles s’en tirent bien.  

>>> Lire aussi : Une année record pour les ventes de crémant

Cela s’explique par une amélioration de la qualité, ce qui a entraîné une montée en notoriété des huit appellations. 

Toutes les gammes sont représentées aujourd’hui, du premier prix au haut de gamme. Nous sommes, en moyenne, au-dessus des 6 €, mais de plus en plus de bouteilles s'approchent des 10 €, voire les dépassent, notamment chez les indépendants. Il y a, par exemple, des gammes à 20 €. Ce ne sont pas des grosses ventes, mais cela se fait. 

>>> Les crémants se sont-ils libérés de la comparaison avec le champagne ? 

F. B. : Le crémant n’est plus perçu comme le « champagne des pauvres ». C'est une expression que j’ai entendue par le passé.

Nous avons acquis une vraie notoriété. Le champagne reste le champagne, nous ne sommes pas du tout sur les mêmes prix, mais nous avons aujourd’hui notre place à part entière. 

>>> La production est-elle en mesure de répondre à la demande ? 

F. B. : Tout à fait, nous pouvons augmenter les ventes sans problème. Certains vins rencontrent des difficultés dans toutes les appellations, ce qui entraîne un retournement des surfaces en faveur des crémants.

En dix ans, l’ensemble des surfaces est passé de 9.500 ha à 12.500 ha. Deux régions ont particulièrement progressé : la Loire, avec 1.100 ha supplémentaires, et Bordeaux, avec 872 ha en plus. 

>>> Lire aussi : Crémant de Bordeaux : les volumes ont été multipliés par cinq en dix ans

Suite aux aléas climatiques de 2021, plusieurs appellations ont besoin de refaire des stocks.

La récolte de 2022 a donné de beaux volumes, et d'après les premiers échos, la qualité et le rendement devraient être partout au rendez-vous cette année, à part à Bordeaux, qui a dû faire face à un gros problème de mildiou. 

>>> Lire à ce sujet : Épidémie de mildiou en Gironde : le ministre de l'Agriculture rencontre les viticulteurs

>>> Vous l’avez souligné, les vins effervescents, en général, sont plébiscités par les consommateurs. Comment les crémants peuvent-ils se distinguer ? 

F. B. : Il est certain que l’on ne peut pas s’aligner sur les prix du prosecco, moins cher en moyenne, qui dispose de très gros volumes et a plus de moyens de communication.

Il faut donc que nous restions concentrés sur la qualité, ce qui permettra de continuer à nous faire gagner en notoriété.  

L’autre enjeu, et c’est la raison d’être de la fédération, c’est la protection de l’appellation crémant. 

Les cahiers des charges sont assez restrictifs, et certains ont envie de faire des IGP effervescents plus simples dans des régions où il y a déjà des crémants. Chez moi, cela donnerait un « IGP Bulles de Loire » à côté du crémant de Loire, ce qui créerait de la confusion.

Nous devons donc protéger le nom en surveillant les dépôts de demandes et en faisant valoir auprès de l’INAO que ce n’est pas possible de produire des bulles avec le nom d’une région où il existe déjà une appellation crémant.

>>> Où en est l’intégration des variétés d’intérêt à fin d’adaptation dans les cahiers des charges des différentes appellations ? 

F. B. : La plupart des régions en sont encore au stade de sélectionner les cépages qui feront l’objet d’essais. Ils doivent à la fois être résistants au changement de climat et aux maladies pour éviter les intrants, et correspondre à la qualité des crémants.

Certaines régions sont plus avancées que d’autres. Le Jura a, par exemple, signé une convention avec l’INAO.

C’est un processus qui va prendre au moins 10 ans avant que de nouveaux cépages ne soient intégrés. Chaque appellation est maître de ce qu’elle veut faire. Notre rôle en tant que fédération est simplement de porter la demande de chaque syndicat, car une demande collective peut faire gagner un peu de temps.

Plus globalement, nous allons comparer tous les cahiers des charges afin de les harmoniser dans la forme. Ils resteront forcément différents, puisque les cépages et les densités de plantation ne sont pas les mêmes, mais nous aimerions que certains éléments, comme les règles de pressurage, soient écrits de la même façon.

Certains cahiers des charges pourraient également être améliorés grâce à l’antériorité des autres. 

>>> En juillet, un mois après l’annonce de votre élection, le syndicat des producteurs de crémant d’Alsace a fait savoir qu’il quittait la fédération. Comment réagissez-vous ? 

F. B. : Nous nous y attendions, car le syndicat avait déjà perdu la moitié de ses adhérents. Je pense que c’est plus chez eux qu’il y a un problème de fonctionnement. Néanmoins, c’est embêtant, car l’intérêt de la fédération est de réunir les huit appellations.

Je pense qu’ils vont revenir, nous allons travailler en ce sens.

>>> Le syndicat a justifié son départ par les essais envisagés pour mécaniser les vendanges et par les dérogations de durée d’élevage de douze à neuf mois demandées par les appellations de Loire et de Bourgogne. Que répondez-vous ?  

F. B. : Concernant la mécanisation, nous avons seulement parlé de vendange mécanique, pas forcément de machines à vendanger. Et ce n’est qu’une idée, rien n’est décidé. Il n’y a pas d’essais à l’heure actuelle.

Pour ce qui est des dérogations, ce qui a été demandé, c’est que certains puissent vendre directement après les neuf mois sur latte, sans attendre un délai de trois mois. C’était pour compenser un souci de bouteilles et éviter de perdre des marchés. 

Cela ne change pas la qualité premium des vins, et ça ne devrait représenter au maximum que 4 % à 5 % de la production dans les appellations concernées.  

 

Biographie express

Âgé de 49 ans, Fabien Branchu est installé depuis 1999 sur un vignoble familial de 80 hectares situé au Coudray-Macouard (49), dans l’aire de production du crémant de Loire.

Avec son cousin et son frère, il cultive également des céréales et élève des vaches à viande charolaises.

Membre du bureau de la cave coopérative Robert et Marcel (Vignobles Edonis) à laquelle il fournit la totalité de ses raisins, Fabien Branchu siégeait depuis un an au conseil d’administration de la fédération nationale avant d’y être élu président en juin dernier. 

Les crémants de France en chiffres

• 8 AOP : Alsace (3.673 ha), Loire (3.018 ha), Bourgogne (2.911 ha), Bordeaux (1.345 ha), Limoux (1.021 ha), Jura (435 ha), Savoie (38 ha), Die (33 ha)
• 12.474 ha
• 102,3 millions de cols vendus en 2022
• 788.159 hectolitres produits en 2022
• 1.100 élaborateurs
• 41 % des ventes à l’export
Source : Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant 

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