Une production française d’abricots précoce mais en recul

Éric Hostalnou Medfel

Comme chaque année, Éric Hostalnou, de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, anime les prévisions de récoltes européennes au Medfel.

Crédit photo Aude Bressolier/Pixel6TM
En 2024, la production européenne d’abricots s’annonce assez similaire à celle de la campagne précédente. Mais cette apparente stabilité cache de réelles disparités entre les principaux pays producteurs, notamment pour la France qui voit son potentiel largement entamé. Sans oublier le gel actuel et la sécheresse qui laissent planer encore de nombreux doutes.

C’est l’un des rendez-vous phare du Salon Medfel qui se tient les 24 et 25 avril à Perpignan : l’annonce des prévisions de récoltes européennes d’abricots. En 2024, la production devrait être quasiment identique à celle de la campagne précédente, autour de 524.000 tonnes. Mais, dans le détail, le potentiel connaît parfois d’importantes fluctuations selon les pays.

Production stable en Italie

L’offre italienne en abricots est estimée cette année à 214.000 tonnes, soit un niveau similaire à 2023. Elle reste cependant inférieure à son potentiel de production, notamment en raison de la diminution des surfaces de vergers entamée depuis quelques années.

De plus, le sud du pays, qui regroupe la majeure partie des surfaces, a souffert des températures hivernales élevées qui n’ont pas permis aux arbres de satisfaire leurs besoins en froid.

Le retour en force de l’Espagne

Après une campagne 2023 marquée par des gelées tardives et la sécheresse, l’Espagne devrait renouer cette année avec son potentiel productif en dépassant les 134.000 tonnes, soit un volume supérieur de 29 % par rapport à la moyenne 2018-2022 et de 46 % par rapport à l’an passé.

« L’absence de gel et les températures élevées ont permis d’avancer la floraison d’environ 10 jours, même si, d’un autre côté, ces températures élevées ont parfois affecté certaines variétés avec des problèmes de nouaison liés au manque d’heures de froid », note Javier Basols, responsable filière fruits à la Fédération des coopératives agricoles espagnoles.

Fort recul pour la France

Si la Grèce s’attend à une légère baisse de 6 % pour atteindre les 87.000 tonnes d’abricots, c’est la France qui devrait connaître la plus importante baisse de production au niveau européen.

En cause : un phénomène d’alternance après une production 2023 abondante sur certaines variétés, des températures élevées cet hiver et parfois de fortes pluies à la floraison. Le potentiel de production est attendu autour de 87.800 tonnes soit 29 % de mois sur un an et - 13 % par rapport à la moyenne 2018-2022.

Si la situation de la sécheresse reste préoccupante en Roussillon, c’est le déficit dans le Gard, la Crau et surtout en vallée du Rhône qui entame largement ce potentiel.

« La production sera assez précoce avec un démarrage de saison autour du 10 mai dans le Sud, montant en puissance en mai pour atteindre un rythme de croisière en juin, note Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. Mais, contrairement à une année normale, la production de juillet ne dépassera certainement pas celle-ci, du fait de l’alternance des variétés rhônalpines classiques : Bergeron, Bergeval, Bergarouge ou Orangered. Les variétés tardives, moins touchées, permettront de vivre une dernière phase de saison aussi active que l’an passé. »

Dans ce contexte, Bruno Darnaud espère que la filière connaîtra une meilleure campagne que celle passée qui avait été marquée par une offre abondante mais une consommation frileuse en raison d’une météo défavorable.

Des incertitudes persistent

Ces prévisions devraient être affinées dans les semaines à venir, notamment pour connaître les conséquences du gel qui a touché l’Espagne et qui inquiète toujours à ce jour les producteurs français. La Catalogne et l’Aragon viennent de connaître deux nuits consécutives de gel avec des températures qui ont parfois atteint les - 4 °C.

En France, de nombreux producteurs retenaient encore leur souffle en attendant la nuit du 24 au 25 avril.

Dans les semaines à venir, c’est également la question de la ressource en eau qui inquiète les arboriculteurs, particulièrement en Catalogne et dans le Roussillon.

« Cela fait deux ans que nos vergers vivent sous perfusion grâce au goutte-à-goutte, souligne Jean Pratx, producteur d’abricots au Verger bio de Véronique, à Rivesaltes (66). Dans notre secteur, les nappes n’ont bénéficié d’aucune recharge durant l’hiver et nous repartons au même niveau que la fin de saison dernière. Nous espérons beaucoup de pluies annoncées d’ici la fin de semaine. Sans cela, il sera compliqué de tenir jusqu’à la fin de la campagne. »

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