La pression des corvidés sur culture de maïs à la levée oblige régulièrement des producteurs à réensemencer leurs parcelles. De nombreux problèmes en résultent : indisponibilité des semences, changement de variétés non souhaité, retard sur le planning cultural, risque de baisse de rendements, sans parler du surcoût occasionné.
« Après une campagne difficile, durant laquelle j’ai dû resemer l’équivalent de 30 hectares en raison de la pression oiseaux, j’ai fabriqué mon premier drone d’effarouchement », relate Dorian Blot, céréalier dans l’Essonne. Après avoir testé et perfectionné cet outil sur son exploitation de 210 ha, le producteur commercialise un premier modèle de drone en 2014.
Aujourd’hui, ce dispositif volant est pourvu d’une caméra pour repérer les oiseaux dans la parcelle. Un système d’effarouchement diffuse des ultrasons, des lumières et des cris de rapaces. Le drone peut être guidé de façon manuelle ou suivre un tracé préenregistré.
Un drone ne vole pas tout seul
« La réglementation française encadre l’utilisation des drones. Elle prévoit, entre autres, que l’utilisateur soit présent pour chaque vol. Alors, même si le parcours est automatisé, cela implique une surveillance constante », rappelle le concepteur.
Le drone est un dispositif non létal qui repousse les oiseaux. De ce fait, il est important d’agir avant que les oiseaux ne s’installent.
« Les corbeaux sont intelligents et s’habituent à beaucoup de dispositifs. Ce qui est important, c’est de leur faire peur dès leur arrivée sur la parcelle pour qu’ils ne reviennent pas », explique Frédéric Brunot, céréalier en Seine-et-Marne et utilisateur de drone depuis la campagne 2023.
Effaroucher les corvidés en quelques minutes
Selon ce producteur, l’un des grands avantages du dispositif réside dans sa rapidité de mise en place. « Il faut compter cinq à dix minutes pour effaroucher les oiseaux présents sur une parcelle, lorsque les îlots sont groupés. Ça va très vite. En revanche, on n’élimine pas le problème, on le déplace seulement chez le voisin », ajoute Frédéric Brunot.
En 2024, le prix de vente du « modèle de base » devrait diminuer : « En novembre 2023, la réglementation aérienne a évolué. Pour schématiser, nous allons passer d’une réglementation française à une réglementation européenne. De ce fait, certains éléments jusqu’à présent obligatoires pourront être supprimés. Cela aura pour effet de réduire le coût de l’appareil, qui sera alors vendu autour de 4.000 euros HT », précise le concepteur.
D’autres usages à inventer
Le drone peut également être utilisé pour d’autres tâches. Sans modification, le modèle actuel peut être utilisé pour établir des données cartographiques grâce à la caméra, effrayer le gibier avant la récolte et avant la fauche des luzernes.
« Le drone me sert aussi à relever mes compteurs d’eau au champ, surveiller le bon fonctionnement des enrouleurs, ce qui m’évite un certain nombre d’allers-retours dans les parcelles. De plus, avec d’autres agriculteurs, je suis engagé dans l’exploitation d’un méthaniseur. La caméra thermique me permet de vérifier d’éventuelles fuites de gaz », explique de son côté Frédéric Brunot.
Un drone multifonctionnel à l’étude
Développer d’autres usages pour cet appareil, comme la distribution de trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs, est un axe sur lequel Dorian Blot travaille actuellement. Pour cela, le concepteur cherche avant tout à augmenter la charge utile de l’appareil.
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