Le lin : le matériau des bouteilles de vin de demain?

Et s'il était encore temps d'innover dans le packaging des vins en pensant développement durable ? Lors du Vinocamp Bordeaux sur le thème du développement durable, James de Roany gérant de Global Vini Services a présenté son projet dans la SARL Arts Spirits France. Il s'agit de produire des bouteilles de vin, en lin ! Car depuis plus de 6 000 ans, les vins et spiritueux ont seulement été emballés en amphores, tonneaux et bouteilles (en verre ou en céramique) et plus récemment en cannettes ou en BIB.

La société Art Spirits international Limited (ASI) et sa filiale SARL Arts Spirits France (ASF) sont des start-up qui travaillent depuis trois ans au lancement d’une bouteille 100% biosourcée et biodégradable. Remplacer le verre par des contenants d’origine végétale avec un bilan carbone négatif (qui fixe plus de carbone qu’il n’en produit), ce serait possible !

Ces deux start-up réunissent des associés d'horizons divers et qualifiés, dont deux anciens experts marketing du Groupe LVMH, un spécialiste de l’exportation de vins et spiritueux disposant d’un réseau de 400 importateurs dans 76 pays, un ancien CEO de Total-Grande-Chine (pour les aspects de productions et d’industrialisation – il est l’inventeur d’une nouvelle famille de polymères), un spécialiste du design de packaging.


Le concept de la "Zero-glass bottle"

Pour James de Roany:

La prise en compte du réchauffement climatique, de la pollution, de l’épuisement des ressources naturelles, conduisent à une forte prise de conscience écoresponsable par le consommateur et structure le marché de façon considérable.L’univers des vins, bières et spiritueux doit prendre ses responsabilités, notamment en utilisant des emballages les plus écoresponsables et recyclables possibles. Notre "Zero-glass bottle » entend jouer un rôle important dans cette direction en prenant le marché par le haut de gamme. Lorsque la production sera optimale, notre bouteille pourra concerner des produits à moindre valeur ajoutée. 

Les travaux de R&D pour la création de cette bouteille sans verre en composite de fibres de lin destinée aux vins, bières et spiritueux seront totalement bouclées d’ici à fin juin 2017. Seuls les résultats des tests de bouchage et de tenue qualitative du contenu (vin et spiritueux 60% vol.) sont attendus pour cette date.

Cette bouteille ultrarésistante, ultralégère (60 à 70 grammes) est biosourcée et biodégradable.

Cette bouteille en lin dispose d’un film protecteur intérieur alimentaire permettant d’empêcher toutes transmissions (odeurs et/ou nanoparticules) en provenance du lin et de la résine dans le contenu (principe d’inertie : réglement EC No 1935/2004 concernant la réglementation et les directives pour aliments et boissons en contact avec leur contenant. Ce film qui représente entre 15 et 25 % de la masse totale ne sera 100 % biosourcée que dans quelques mois (6 à 18 mois maximum).

À noter qu'il sera possible d’adapter le concept au champagne (où le verre est obligatoire) en recouvrant la bouteille d’une coque en fibre de lin permettant un allègement significatif du poids du verre.

Sa première phase d’industrialisation démarrera en septembre 2017 et sera suivie d’une seconde au début de 2018 qui tiendra compte des premières leçons techniques tirées de la première phase comme des tests en clientèle qui seront réalisés en fin d’année.

La technologie utilisée est couverte par brevets :
- N° 155 8858 du 21/09/2015 "Conteneur pour boisson alcoolisée notamment boisson
spiritueuse ou champagne équipé d’un habillage de rigidification décoratif".
- N° 16 60 898 du 10/11/2016 "Bouteille en résine thermoplastique en particulier pour
boissons spiritueuses à forte teneur en alcool ainsi que procédé de fabrication d’une telle
bouteille".

credit photo Audrey Domenach / Pixel Image


Une coque en composite de lin

La France est le plus grand producteur mondial de lin avec 67 500 hectares et une production de 100 000 tonnes. La fibre de lin associée à de la résine donne des composites à hautes qualités techniques. Les fibres sont extrêmement fines (diamètre 5 fois plus petit qu’un cheveu), plus solides et plus légères qu’une fibre de verre et possèdent une très haute capacité d’absorption des chocs comme des vibrations tout en possédant de grandes qualités d’isolation.

James de Roany précise:

Le gain est énorme ! Il s'agit d'une economie en moyenne de 800 g par bouteille, comparé à la bouteille de verre.

Le lin est 100 % recyclable et connaît actuellement un regain d’intérêt en raison de ses hautes performances mécaniques. Il est de plus en plus utilisé pour ses qualités physiques et notamment son faible poids et sa très haute résistance. Environ 10 % de sa production est désormais consacrée à l’automobile, l’aéronautique, l’écoconstruction, l’isolation et aux équipements de sport (ski, chaussures de neige, VTT, surf…).

Autant de qualités, qui pourrait bien faire du lin le matériau de développement durable des bouteilles de vin de demain?

ASI et ASF travaillent avec le leader mondial du composite produit à base de fibre végétale, situé en Suisse et un industriel spécialiste de la production de contenant haute performance en Suède.

Credit photo : Audrey Domenach / Pixel Image

Marchés potentiels pour la bouteille en fibres de lin

James de Roany l'annonce :

Le marché potentiel est gigantesque ! À titre d’exemple, en 2015 le seul marché du "travel retail", pour les vins et spiritueux a atteint 295,57 millions de litres (environ 390 millions de bouteilles) avec une répartition valeur de 55,37 % pour les aéroports, 6,91 % pour les ferries, 4,14 % pour les lignes aériennes et 33,58 % pour les autres points de vente.Pour ce seul marché, l’économie de verre potentielle est de 390 millions de bouteilles x 0,81 kg/bouteille = 312 000 tonnes.(1) moyenne estimée de l’économie de poids entre une bouteille en verre et une bouteille en lin.

Les exportations mondiales de vin atteignent 7,5 milliards de bouteilles par an, ce qui donnerait une économie de verre de 4,5 millions de tonnes et il n’y a aucune raison de vouloir se limiter au seul marché de l’exportation…

Credit photo : Audrey Domenach / Pixel Image

En recherche de financement


Evidemment, un tel projet ne va pas sans financement. Certains ont déjà choisi d'investir. C'est le cas par exemple de Florence Castarède, productrice de Armagnac Castarède.

Elle explique ses motivations :

Mon entreprise fait partie du label "entreprise du patrimoine vivant", je participe aussi au réseau entreprendre... Bref, la notion d'innovation m'attire énormément.Alors, lorsque j'ai vu ce projet, dans mon secteur d'activité, qui répond à des valeurs importantes aujourd'hui d'écologie, d'environnement, de créativité... Cette bouteille est révolutionnaire !Je souhaite lancer un de mes armagnacs haut de gamme dans cette bouteille. On verra bien la réaction de mes importateurs de par le monde – j'exporte dans 55 pays.J'ai donc décidé de prendre des parts dans cette société et de m'associer à cette aventure, tant personnellement, que pour mon entreprise. Évidemment, il faudra un peu de temps avant le retour sur investissement, c'est un projet à long terme.

À quand la fibre de bambou, de riz ou de chanvre ? Ces deux start-up y pensent sérieusement !

 

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet, voire y investir (levée de fond), n'hésitez pas à contacter James de Roany.

 

Vie de l'entreprise

videos

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15