Vendanges tardives : faut-il généraliser ?

Une région peut-elle demander l'exclusivité d'une mention traditionnelle? Non. C'est clairement la conclusion qu'a rendu le Conseil d'État le 26 février. La plus haute juridiction administrative a tranché en faveur de l'AOC gaillac, en validant la possibilité d'utiliser la mention "vendanges tardives", dans le cadre de son cahier des charges. Une possibilité que contestait l'Ava (Association des viticulteurs d'Alsace).

Pour l'Alsace, la pilule a du mal à passer. La région se sent spoliée d'une mention qu'elle avait été la première à porter officiellement en France, depuis 1984. 

De son côté, Gaillac défend son antériorité et assure ne pas vouloir galvauder la mention. Pour Bernard Petiot, directeur de la Maison des vins:

"Le vignoble de Gaillac ne va pas porter préjudice à l'Alsace, que ce soit sur le volume ou la qualité des produits, car nous avons des contraintes qualitatives très élevées. Ces contraintes limitent, de fait, les cadidatures potentielles d'autres vignobles dans le futur."

Dans sa décision, le Conseil d'État rappelle que "vendanges tardives" fait partie des mentions traditionnelles protégées par l'Union européenne (la liste est consultable dans e-bacchus). À ce titre, elle est définie, reconnue, protégée et modifiée par la Commission. 

Mais cette réglementation ne fige pas totalement la situation. De nouvelles autorisations d'utilisation peuvent être accordées sous réserve que les vins répondent aux critères définis. L'idée est bien de ne pas créer de distorsion de concurrence entre les producteurs. 

Dans l'affaire qui oppose l'Alsace à Gaillac, le Conseil d'État souligne que Gaillac n'a pas méconnu la règlementation, puisque la région s'est imposée des critères du niveau requis.

En Europe, les vins de vendanges tardives ne sont pas le fait de la seule Alsace. Ils sont aussi reconnus officiellement en Allemagne, Autriche, Luxembourg. En France, le Jurançon est aussi autorisé à utiliser la mention. L'Alsace est de loin, le premier producteur: jusqu'à 30 000 hl selon les années. Gaillac produit de 500 à 1 200 hl. 

Et vous, pensez-vous qu'il ne faut pas toucher aux mentions traditionnelles?

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