J'aime mes bouteilles œuvre au développement du réemploi et de la consigne des bouteilles de vin

J’aime mes bouteilles, association créée en 2015 dans le Jura, a relancé la consigne des contenants en verre. Aujourd’hui, la filière qui souhaite couvrir la Bourgogne-Franche-Comté est portée par une entreprise et fait partie des 10 opérateurs locaux unis dans France consigne1. Explications, constats et projets avec Delphine Renevier, l'une des fondatrices de J’aime mes bouteilles.

 

Quel appui peut apporter J’aime mes bouteilles aux vignerons intéressés par la consigne ?

La première expérimentation menée dans le Jura en 2017 par J’aime mes bouteilles avait permis d’identifier trois freins : le nombre élevé de modèles de bouteilles, la prépondérance d’étiquettes à colle permanente non lessivable et le manque d’identification du caractère réemployable pour le consommateur. En effet, sur 60 000 bouteilles collectées lors du test, 90% des bouteilles portaient des étiquettes à colle permanente, difficiles à laver, rendant la réutilisation impossible. Le nombre de modèles de bouteilles est très élevé (plus de 450), d'autant plus que certains modèles sont très difficiles à différencier et donc à trier. Ainsi, l’étude a mis en évidence la nécessité d’une harmonisation. Concernant le geste de retour, l'étude a montré que le consommateur était motivé, mais avait tendance à ramener toutes les bouteilles, même celles non réemployables, ce qui engendre des coûts supplémentaires de gestion des déchets et complexifie le tri.

Suite à ces constatations, nos travaux se sont concentrés sur trois aspects : la standardisation des bouteilles, l'identification de solutions d'étiquetage performantes et le marquage des bouteilles réemployables pour faciliter le geste retour du consommateur. En Bourgogne, nous avons standardisé des modèles de bouteilles disponibles chez les différents verriers, sur trois teintes distinctes. Avec les imprimeurs, nous avons mené différentes expérimentations qui ont abouti à un cahier des charges (colle hydrosoluble, type de papier, encre, etc.) qui permet un décollement des étiquettes à 100% sous réserve des conditions de stockage. Cette partie « technique » est d’ores et déjà opérationnelle, et des producteurs ont commencé à se lancer. La collecte est un autre aspect important, elle est assurée aujourd’hui grâce à un maillage de magasins points de collecte sur la région. Enfin, le lavage est une étape clé. Jusqu’à la fin 2021, seuls trois opérateurs industriels de lavage fonctionnaient au niveau national : Cheveau (Bourgogne), Boutin (Pays de Loire) et Ma bouteille s’appelle Reviens (Drôme). D’ici la fin 2023, de nouveaux sites seront ouverts – une douzaine – et permettront d’augmenter et de régionaliser les circuits de réemploi des bouteilles.

 

Quels sont les objectifs fixés ?

Les lois Egalim et Agec fixent dès le début 2023 des objectifs de réemploi de 5% pour les metteurs en marché de plus de 10 000 unités. Ce pourcentage passera à 10% en 2027. L’intérêt du réemploi est très clair, y compris par rapport au recyclage : économie d’eau jusqu’à 50%, économie d’énergie de 76% et réduction des GES de 79%. Sans compter que dans la fabrication d’une bouteille, le taux de calcin (verre recyclé) est au maximum de 60%, le reste est constitué de matières premières. C’est aussi la création d’emplois non délocalisables chez les différents partenaires, J’aime mes bouteilles, les laveurs, les transporteurs…

En Bourgogne, actuellement huit producteurs de vins ou brasseurs présentent une première gamme de bouteilles réutilisables. Le réseau régional comporte depuis la fin mars 26 points de collecte.

Aujourd’hui, au niveau de France consigne, nous nous sommes fixé un objectif de 20 réutilisations pour une bouteille. Ce chiffre constitue un minimum et sera revu à la hausse en fonction des données recueillies et des retours terrain. Les Allemands, dans le secteur de la bière, sont par exemple à plus de 80 cycles de vie pour une bouteille. Mais avec l’usure et les lavages, des traces blanches peuvent apparaître et constituer un frein esthétique pour le producteur ou le consommateur. C’est pour cette raison que nous avons fixé un chiffre de 20 réutilisations, pour lequel nous sommes assurés de conserver toute la qualité des bouteilles.

 

Concrètement, comment se déroule cette transition vers la bouteille réemployable ? Est-ce faisable pour les « petits » vignerons ?

J’aurais tendance à dire que c’est avant tout une question de volonté. C’est à la portée de tous, petits ou grands, et nous sommes là pour les accompagner. La phase de transition comporte d'une part l’aide à l’approvisionnement en modèles standards de bouteilles réemployables, pas toujours faciles à identifier chez les verriers, et d'autre part le travail avec les imprimeurs pour disposer des bons critères (papier, encre, colle). Le choix existe quel que soit le mode d’étiquetage pratiqué (étiquettes autocollantes ou non). Cela passe également par l’apposition d’un pictogramme sur les étiquettes pour être identifiable par le consommateur. Ensuite, le réemploi nécessite de mettre en œuvre le retour des bouteilles : nous accompagnons les vignerons pour mettre en place le circuit et nous gérons le circuit clé en main, de la collecte à la revente des bouteilles en passant par le lavage chez un opérateur agréé. Pour finir, il faut communiquer auprès de sa clientèle (particuliers et professionnels), pour que le retour des bouteilles soit le plus élevé possible, critère majeur pour garantir la réemployabilité et l’impact environnemental.

 

Dans le contexte de pénurie et de hausse du verre, quels sont les avantages du réemploi pour un producteur ?

Le prix d’une bouteille réemployée est pour l’instant 10 à 20% moins cher que celui d’une bouteille neuve. Un écart qui devrait se creuser encore avec l’augmentation du prix de l’énergie, car le coût pour le réemploi est essentiellement dû au transport et au lavage, bien moins énergivore que le transport et la fabrication du calcin, des étapes dont le coût devrait baisser au fur et à mesure que les volumes collectés vont augmenter. Il y a également un avantage au niveau de l’approvisionnement dans ce type de démarche circulaire. Même si le parc de bouteilles consignées est mutualisé, un producteur engagé dans la démarche a l’assurance que nous lui fournirons un nombre de bouteilles réemployées équivalent au nombre de bouteilles qu’il aura collecté.

 

Comment se déroule la collecte ? Quels circuits de vente sont les plus adaptés au réemploi des bouteilles ?

Pour l’instant, il est plus facile de mettre en œuvre la consigne pour la vente directe, la GSS et le circuit CHR, pour lequel la consigne existe déjà pour les boissons softs. La GMS lance des tests chez certaines enseignes comme Super U, Proxi, etc. Mais pas mal de questions demeurent encore en suspens : récupération des bouteilles à l’accueil ou en collecteur automatique, mis en place de la consigne monétaire ou d’une gratification, etc. Il existe une réelle demande de la part des cavistes et de la grande distribution pour disposer de vins aptes au réemploi et identifiés comme tels en rayon.

 

Qu’en est-il du réemploi des bouteilles pour les effervescents ?

Aujourd’hui, le réemploi des bouteilles pour les vins effervescents n'est pas autorisé, en grande partie parce qu’il n’est pas possible d’évaluer la qualité du verre et d’assurer la résistance à la pression pour ces types de vins. Mais ces bouteilles peuvent être réutilisées pour d’autres produits comme de la bière, du cidre ou des jus de fruits. Les consommateurs sont en attente de ce genre de solution circulaire.

(1) Alpes consigne, Bout' à Bout', Consign’Up, Haut la consigne, J’aime mes bouteilles, La Consigne de Provence, L’Incassable, Ma bouteille s’appelle Reviens, Oc’Consigne et Rebooteille.

Plus d'informations : contact@jaimemesbouteilles.fr.

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