Ils pratiquent la taille tardive dans leurs vignes de Bordeaux

En viticulture, la taille tardive permet de retarder le débourrement des bourgeons. Mais elle impacte l'organisation du travail. Témoignages de deux vignerons bordelais.

Guilain Latournerie, Château Caillivet : "Les blancs sont taillés en avril"

« Depuis 2021, les parcelles en rouge (merlot) sont taillées en mars, les blancs (sauvignon, sémillon) en avril. Puis nous attachons en mai lorsque le risque de gelée est passé. La taille est également différente : nous taillons un peu plus long, puis nous raccourcissons au moment de plier. Le vignoble était conduit en guyot simple, mais depuis 2022, nous avons systématisé la taille en guyot double. En 2022, année avec quelques gelées précoces dans le secteur, nous n’avons pas eu de dégâts.

La méthode fonctionne mais elle a ses limites : d’une part elle n’a d’influence que sur les gelées précoces, et d’autre part elle n’est pas possible pour toutes les organisations et surfaces de vignoble. Les vignes du château Caillivet couvrent 10 ha. La taille tardive mobilise de la main-d’œuvre qui aurait pu être affectée à d’autres taches. Chez nous, par exemple, le salarié tractoriste a du donner un coup de main, et nous avons par conséquent pris un peu de retard sur le travail des sols. Cela peut être désorganisant.

Pour l’instant la taille tardive est peu pratiquée, mais si elle se généralise, trouver des saisonniers ou des prestataires disponibles deviendra encore plus compliqué, alors que nous sommes déjà face à une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur viticole. C’est un réel frein.

Par contre, autre effet positif de la taille tardive, elle permet de retarder la date de vendanges d’une dizaine de jours, un point non négligeable, car les années où nous récoltons les blancs dès la mi-août et les rouges au 10 septembre sont de plus en plus fréquentes en Gironde ».

 

Christophe Mau, Château Brown  : 15 ha sur 35 en taille tardive

« En 2017, la moitié de la propriété située dans l'aire d'appellation de l'AOC Pessac Léognan près de Bordaux a été gelée. Cela nous a bien malheureusement servi à identifier les endroits les plus gélifs du domaine. Fort de ce diagnostic, sur ces zones qui représentent 15 hectares nous avons retardé la période de taille, décalant les travaux à la dernière quinzaine de mars.

Aussi, nous ne travaillons jamais les sols trop tôt afin de ne pas faire remonter d’humidité des sols. Le pliage des baguettes est aussi tardif. Sur quelques 220 000 pieds, cette tâche se fait du 15 avril à début mai. Il faut alors être très précautionneux pour ne pas faire tomber les bourgeons.

Enfin sur deux hectares très gélifs, nous n’ébourgeonnons pas les lattes lors de la taille tardive. On repasse une seconde fois lorsque la période de gel est passée pour éliminer, s’il n’y a pas eu de dégâts, les bourgeons surnuméraires.

En complément de ces mesures actives à la vigne, Château Brown est assuré depuis 2018. La franchise pour le gel est importante, 25% jusqu'à présent, mais cela permet de récupérer de l’argent à défaut de vin. Nous nous protégeons aussi de l’aléa gel par la constitution de stock qualitatif en rouge, l’équivalent d’un millésime. C’est une mesure que nous avons commencé à mettre en place aussi en 2018. Le gel de 2017 a été un traumatisme et aussi un électrochoc ». 

 

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