La phytothérapie, retours d'expérience de vignerons

Ils utilisent des préparations à base de plantes pour équilibrer leur vigne. Faîtes maison ou prêtes à l'emploi, les deux vignerons ont chacun leurs méthodes.

 "J’ai commencé la phytothérapie appliquée aux vignes il y a trois ans, avec la volonté de travailler sur les deux aspects : nutrition de la vigne et alternatives aux produits phyto", explique François Dargelos, viticulteur dans le Gers. Sur son domaine de 37 ha, la problématique principale est constituée par le mildiou et un peu par les cicadelles des grillures – pour la cicadelle de la flavescence, le secteur est en lutte obligatoire. "J’ai suivi la formation soigner les plantes par les plantes d’Éric Petiot et j’ai été accompagné par Justine Vichard (Pacte végétal). J’ai démarré les applications sur mes vignes avec des extraits fermentés d’ortie et de consoude, et des décoctions de prêle", indique-t-il. Il achète des produits commerciaux prêts à l’emploi, pour une question de temps et de facilité et parce qu'il a trouvé un fournisseur qui travaille de façon pointue, avec une fabrication suivant la méthode Petiot, comme il le souhaitait. L’idée poursuivie est celle de nutrition santé : l’objectif est d’abord de bien nourrir le végétal pour qu’il soit le plus équilibré possible. "Je commence par des applications en début de saison vers 2-3 feuilles étalées d’extraits fermentés de consoude et ortie en mélange pour cet aspect nutrition santé. Puis j’utilise la prêle en décoction autour de la floraison, plutôt dans le but de protéger du mildiou. J’applique également des extraits fermentés de fougère en fin de saison, pour le côté insectifuge vis-à-vis des cicadelles. J’essaie de limiter les passages", explique-t-il. Les décoctions peuvent être facilement associées à tous types de produits. "Les extraits fermentés, eux, sont “vivants”, et généralement je ne les mélange pas, ou quand je les associe cela peut être avec du cuivre organique type Vivacuivre. Pour les applications à base de plantes, j’utilise soit un matériel dédié, soit le pulvé classique quand ils sont associés à des produits phyto. Au-delà du programme précédemment décrit, je travaille aussi sur la bonne mise en réserve des pieds, avec des apports d’ortie et de consoude avant et après les vendanges, sur feuillage sain", précise-t-il.

Un effet positif sur le stockage de l’amidon

Il utilise des extraits fermentés livrés en bidon ou Bag-in-Box. Chaque produit est indépendant, c’est lui qui réalise les mélanges. "Ils peuvent être stockés et utilisés sur une année, du moment que les extraits fermentés sont à l’abri de l’air pour ne pas s’oxyder et qu'ils sont conservés à l’abri des températures extrêmes. Je les utilise à une dose fixe de 5 l /ha. Je conseille de bien s’assurer de la façon dont les produits commerciaux sont élaborés. Il n’y a pas vraiment d’erreur et de risque à s’essayer à la phytothérapie. Ce ne sont pas des produits pompiers, on n’est pas à une semaine près pour les applications", estime-t-il. Il y a cependant quelques règles de bon sens à respecter, comme ne pas appliquer les extraits fermentés d’ortie à visée nutrition sur une vigne avec du mildiou. En revanche, il est vrai qu’il est difficile de visualiser le résultat car l’approche est globale. "J’ai néanmoins pu constater des résultats intéressants en matière de nutriments en effectuant de nombreuses analyses de feuilles et de sarments : le suivi a notamment montré un effet positif sur le stockage de l’amidon. J’ai également réalisé des essais d’application au sol d’extraits fermentés de luzerne, dans le but de dynamiser l’activité biologique des sols. On manque clairement de références concernant la phytothérapie et le

 

 

Domaine Montesquiou, Jurançon

"Nous travaillons au maximum avec des plantes fraîches que nous récoltons nous-mêmes"

Le domaine Monstesquiou produit en appellation Jurançon. Sébastien Bordenave Montesquieu recourt à la phytothérapie depuis huit ans.

« Le domaine compte 13 ha en bio, situés sur l’appellation Jurançon, avec un climat méridional et une forte pluviométrie favorables au mildiou et à l’oïdium selon les années. Nous avons commencé la phytothérapie “sérieusement” depuis huit ans, le plus souvent en association avec les traitements classiques de cuivre et de soufre, pour ne pas rajouter de passages. Les plantes sont appliquées sous forme d’infusions. Nous travaillons au maximum avec des plantes fraîches que nous récoltons nous-mêmes. C’est le cas notamment de l’osier naturellement présent dans les vignes, de la sauge, de l’ortie et de la prêle. Nous achetons également quelques plantes séchées dans le commerce quand nous n’en trouvons pas ou qu’elles sont difficiles à récolter, comme c’est le cas pour la camomille ou la racine de valériane. 

Les applications varient d’une année à l’autre selon le climat notamment. Mais nous commençons souvent par une application d’osier en début de saison, cela correspond à la bonne période d’emploi de cette plante, puis nous poursuivons avec une infusion de racines de valériane en mai pour contrecarrer le rafraîchissement souvent observé à cette période. Ensuite, une fois la croissance de la vigne commencée – et la sensibilité au mildiou – nous démarrons des passages avec sauge ou camomille contre le mildiou ou achillée millefeuille pour l’oïdium en même temps que les traitements classiques. Nous utilisons aussi la reine des prés ou le millepertuis après un stress important, comme des fortes chaleurs. Et parfois l’ortie récoltée au printemps, pour aider à la circulation de la sève. Plus rarement, la tanaisie comme répulsif vis-à-vis des cicadelles. Le but est de mettre toutes les chances de notre côté et de viser la bonne santé générale de la vigne.

Les infusions sont faites avec de l’eau de pluie dans de grands stérilisateurs à bocaux. Les plantes sont broyées finement et infusées dans un sac à jambon. Généralement, nous faisons une sorte de double infusion : la température est montée à 35-37°C, puis stoppée pour laisser infuser 24 h, puis remontée et stoppée pour laisser à nouveau infuser 24 h.

Globalement, nous utilisons sept à huit plantes différentes, celles que nous connaissons et dont nous avons compris le rôle. Comprendre c’est primordial. Sept à huit plantes, c’est déjà pas mal, mais nous aimerions continuer à améliorer nos connaissances de façon à pouvoir remplacer une plante par une autre en cas de difficulté de récolte ou d’approvisionnement. »

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