Reynald Parmelin est à la tête de La Capitaine, domaine familial de 25 ha situé à Gland (entre Genève et Lausanne) en Suisse. Il produit en bio et biodynamie des vins rouges (45%) et blancs (55%) issus de 21 cépages distincts.
A la vigne, nous sommes toujours en train de tailler. Selon la météo, nous alternons taille, attache des sarments, tirage des bois. Pour ne pas abimer les sols, les sarments sont broyés maintenant quand les sols sont gelés ou fin mars-début avril, quand les sols sont ressuyés.
Les vignes sont enherbées sur tous les rangs. Nous ne travaillons le sol en inter-rang que sur les jeunes vignes (jusqu’à la 5e année) pour éviter la concurrence. Cela peut également arriver ponctuellement sur vignes installées comme ce fut le cas en 2022, année à forte concurrence hydrique : nous avons travaillé le sol après les vendanges (passage de la sous-soleuse puis de disques) pour accélérer la nitrification, ramener de l’azote au sol, et un effet désherbage.
Notre enherbement naturel est composé au maximum d’espèces locales. En Suisse, nous avons depuis une vingtaine d’années des programmes déclinés au niveau régional incitant les agriculteurs comme les viticulteurs à favoriser la flore locale. Des biologistes passent pour évaluer la qualité florale et repérer les parcelles intéressantes, qui serviront de « parcelle de base » pour produire des graines. La qualité florale est évaluée selon différents critères, qualité 1 : mélange floral intéressant, qualité 2 : mélanges de plantes essentiellement de la région, en voie de disparition, etc.
Agriculteurs, arboriculteurs et viticulteurs travaillent ensemble pour multiplier ces plantes locales. Les biologistes sélectionnent les parcelles les plus intéressantes, puis contrôlent en juin l’état de maturité des plantes. Ces parcelles de base sont ensuite fauchées, et la « fleur de foin » ainsi récoltée est resemée dans la journée pour éviter que les graines ne tombent.
Au domaine de la Capitaine, j’ai 3 parcelles de base en prairie (1) concernées par ce dispositif qui sont récoltées par des agriculteurs. Les 25 ha de vignes du domaine ont été resemés au fil des années avec cette « fleur de foin » issue des parcelles de base. Après un travail superficiel du sol (disque et herse rotative), le semis se fait à la volée à l’aide d’un épandeur à compost, suivi d’un passage de rouleau pour bien rappuyer le sol. Le but est d’avoir des enherbements locaux, comportant des fleurs à différentes périodes, de façon à fournir de la nourriture aux insectes auxiliaires et favoriser leur présence sur la durée.
(1) En Suisse, tous les producteurs ont l’obligation d’avoir 7% de leur surface d’exploitation en compensation écologique
