Combien de traitements fongicides pour cette variété résistante ?

En Occitanie, des viticulteurs choisissent d’intégrer des variétés tolérantes au mildiou et à l’oïdium dans leurs exploitations. Les aides financières à la plantation et la perspective de réduire le nombre de traitements phytosanitaires les encouragent. Sur la base des observations de terrain, la chambre d’agriculture de l’Hérault adresse des recommandations pour assurer la production et préserver les gènes de résistance.

Près de 900 ha de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium seraient désormais plantés dans la région Occitanie. La région concentre à elle seule, les trois quarts de la superficie de ces nouveaux cépages. Bien qu’elles représentent encore une goutte d’eau dans la mer de vigne languedocienne, l’attrait est réel. Preuve en est, en 2021, 10 % surfaces renouvelées l’ont été avec le souvignier gris, un cépage apprécié pour la vivacité apportée en assemblage sur des vins blancs.

La majorité des vignes résistantes ou tolérantes, comme préfèrent le dire à raison les conseillers de la chambre d’agriculture de l’Hérault, ont moins de 5 ans et les retours d’expérience sont encore peu nombreux. Pour en collecter le plus possible, la structure a mis en place depuis 3 ans un réseau d’observation chez des viticulteurs volontaires.

De 1 à 3 traitements anti-oïdium

Sur les traitements phytosanitaires, la chambre d’agriculture de l’Hérault recommande de raisonner la protection en fonction du bagage génétique de chaque variété.

Concernant l’oïdium :

  • Si la variété possède le gène de résistance totale Run 1, un seul traitement en préfloraison est conseillé. Ce sera le cas, sur les variétés Inrae Resdur.

  • Si la variété ne possède pas le gène Run 1, la résistance est partielle. Deux traitements en encadrement de fleur sont nécessaires. 3 passages sont conseillés pour le cépage blanc italien soreli.

Concernant le mildiou, toutes les variétés actuellement sur le marché présentent une résistance partielle plus ou moins forte :

  • Si la pression annuelle est nulle à faible, aucun traitement n’est à faire. Néanmoins, si des symptômes sont visibles, un passage est conseillé afin d’éviter de possibles contournements de résistance par le pathogène responsable du mildiou.

  • Si la pression est moyenne à faible, la CA 34 recommande un traitement anti-mildiou en préfloraison couplé au traitement anti-oïdium. Les observations a posteriori guideront le besoin d’éventuels traitements complémentaires.

  • Si la pression est forte, deux traitements en encadrement de fleur sont vivement conseillés, en association avec les produits anti-oïdium. Les observations a posteriori guideront le besoin d’éventuels traitements complémentaires.

Quelques exceptions à cet arbre de décision sont remontées par la CA34. Elles concernent les variétés possédant dans leur bagage génétique le gène de résistance partielle RpV3 pour le mildiou. En laboratoire, des contournements sont observés. Donc pour les variétés Resdur 1 (artaban, vidoc, floréal et voltis) au encore soreli, un traitement a minima est recommandé et cela même sur les millésimes de pression mildiou nulle à faible. Pour la variété prior, le conseil porte sur deux traitements quelque soit les conditions.

À chaque cépage ses contraintes

Les variétés résistantes ou plutôt tolérantes au mildiou expriment des symptômes différents de ceux connus par les cépages traditionnels.  Ci-dessus des symptômes de mildiou sur (1) souvignier gris, (2) vidoc, (3) cabernet cortis.
L’observatoire mis en place par la chambre d’agriculture de l’Hérault et celle des autres départements de la région permettent aussi d’en savoir plus sur la vigueur, le port, le besoin d’épamprage, l’expression de symptômes ou encore la résistance à la sécheresse.

Pour le porte-greffe, la grande majorité des parcelles de l’observatoire sont sur du SO4. « Malgré la faible diversité sur notre échantillon, il semble ne pas y avoir de contre-indications de porte-greffe sur 8 des 10 variétés que nous suivons, à savoir : prior, cabernet cortis, monarch, souvignier gris, floréal, soreli, voltis et muscaris, indique Nathalie Fortin de la CA 34. Sur vidoc et artaban en revanche, si le sol est fertile et le porte-greffe vigoureux on peut observer sur les jeunes plants des carences allant jusqu’à des dépérissements. Pour éviter cette situation, nous recommandons des porte-greffes moins vigoureux que le SO4 pour ces deux variétés. »

Les observations faites par les techniciens génèrent une multitude d’autres connaissances. Ainsi, il s’avère que floréal et voltis, deux variétés Inrae-Resdur 1, présentent une fertilité faible sur les yeux de la base. « Il faudra donc éviter les tailles courtes comme le cordon de Royat ou la taille rase de précision. Le guyot, une taille longue, est a privilégié. »

Sur le muscaris c’est le nombre de pampres à éliminer qui peut être une contrainte. Pour le soreli et en moindre mesure pour le souvignier gris, la quantité de grappillons peut entraîner des hétérogénéités de maturité à la récolte.

Avec l’été chaud et sec de 2022, on peut s’interroger sur la capacité des variétés tolérantes suivies à résister aux conditions climatiques extrêmes. « C’est difficile à dire malheureusement. 70 % des viticulteurs du réseau sont en IGP sur des parcelles de plaine ou de bas-fond et irriguées. Nous recherchons donc des viticulteurs qui auraient des parcelles en coteaux pour enrichir les connaissances sur le résistance au stress hydrique », annonce la conseillère.

« Toutes les observations que nous collectons sont synthétisées dans des fiches consultables en ligne (1). Elles sont mises à jour chaque année en début d’été. Dedans, nous avons aussi mis des photos d’expression de symptômes de mildiou et d’oïdium. Ce ne sont pas les mêmes que sur les cépages traditionnels. Il faut donc apprendre à les reconnaître pour bien adapter le nombre de traitements fongicides nécessaires », conclut Nathalie Fortin.

Les dix fiches de la CA 34 sur les variétés résistantes suivies sont disponibles via ce lien ou sur le site www.comiterqd-lr.fr

 

Quels gènes ? Pour connaître le bagage génétique des variétés, rendez-vous sur le site internet vivc.de. En entrant le nom de la variété dans la rubrique « cultivar name », vous pourrez connaître les gènes de résistance de certaines variétés.
L’ICV a aussi réalisé dix fiches techniques sur les variétés résistantes suivantes : artaban, monarch, cabernet cortis, muscaris, prior, souvignier gris, vidoc, soreli, floréal et sauvignac. Elles sont en accès libre et donnent si l’information est connue la liste des gènes de résistance.

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