L'autoconsommation de l'énergie solaire est-elle possible pour tous les chais? 

Produire sa propre électricité à l’aide de panneaux photovoltaïques : l’idée peut semble séduisante. Attention toutefois à bien calculer la rentabilité de son installation. De nombreux facteurs entrent en jeu.

Avec les coûts de l’électricité prévus à la hausse ou ayant déjà flambé, serait-il rentable d’installer une centrale photovoltaïque pour diminuer la charge financière ? « Pour l’instant, l’autoconsommation est relativement intéressante, car le prix de l’énergie a augmenté mais pas celui des centrales photovoltaïques », résume Enzo Casnici, conseiller énergie de la chambre d’agriculture du Rhône. Mais pour combien de temps ? Le prix des panneaux solaires va sans doute être réajusté, lui aussi, en fonction de l’inflation. La fenêtre de tir semble donc étroite pour lancer un projet. D’autant qu’il faut tenir compte du délai nécessaire pour le faire aboutir : souvent une année.

Consommer à midi et en été

Mais surtout, ce décalage ponctuel ne dispense pas de se poser les bonnes questions avant de prendre une décision. La première étant : ma consommation est-elle alignée avec les périodes de production d’énergie, à savoir, à midi et en été ? C’est ce critère qui va être déterminant pour la rentabilité. Car en autoconsommation, le calcul dépend de la différence entre le tarif de l’énergie sur le réseau et le coût de production photovoltaïque.

Il ne faut pas compter sur une grosse recette provenant de la vente du surplus d’électricité car le tarif de rachat est assez faible actuellement. Surtout pour les petites puissances. Par exemple, pour des centrales avec 50 à 500 m2 de panneaux, « le dernier arrêté ministériel prévoit un tarif de rachat à 6 c/kWh, indique le conseiller. Or le coût de production du kWh, pour une centrale de 180 m2 de panneaux, est d’environ 9 c/kWh. » Le calcul est rapide : l’électricité est vendue à perte. Il faut donc autoconsommer le plus possible.

Ce système convient donc bien aux consommations régulières et stables : élevage hors-sol, ventilation, chambre froide… Pour le secteur viticole, la plus grosse période de consommation a lieu pendant les vendanges et les vinifications, ce qui pourrait correspondre assez bien avec les périodes de fort ensoleillement. Idem pour la climatisation des espaces réceptifs l’été. La rentabilité va donc dépendre de la consommation le reste de l’année. Chaque domaine possède ses particularités : chauffage pour les FML ou pas, mise en bouteille ou non… Une étude personnalisée est donc indispensable.

Courbe de consommation et productible

Pour cela, une première approche de la courbe de consommation peut être tentée individuellement grâce au compteur Linky, accessible depuis le compte client Enedis. Quant à la ressource, un logiciel européen gratuit PVGis 5 permet d’estimer le productible, en fonction de la position géographique, de l’orientation et de la pente du toit et de la présence de masques lointains (montagnes, par exemple). Attention, ce logiciel ne prend pas en compte les masques proches (cheminées, fils électriques, arbres…). Il s’agit ensuite de comparer ces deux courbes. Sachant qu’il est toujours possible de faire évoluer ses habitudes.

Si vous ne souhaitez pas réaliser cette étude vous-même, vous pouvez faire appel à des bureaux d’études spécialisés, tout comme des sociétés de vente de panneaux photovoltaïques qui peuvent proposer cette prestation. Attention toutefois aux tarifs pratiqués et à la fiabilité des résultats. Selon votre département, vous pouvez aussi vous s’adresser au conseiller énergie de la chambre d’agriculture, qui vous aidera à vous faire une première idée des potentialités de votre domaine.

Dernier argument à prendre en compte : les installations vinicoles nécessitent souvent un abonnement de forte puissancependant les vinifications, mais surdimensionné le reste de l’année. Serait-il possible de diminuer la puissance souscritegrâce à l’autoconsommation ? « Malheureusement, cela semble difficile à envisager car la production d’électricité photovoltaïque reste soumise à l’aléa de l’ensoleillement et les vignerons doivent pouvoir compter sur une source d’énergie surtout lors des vinifications », souligne Enzo Casnici.

« L’idéal serait de pouvoir coupler la production d’électricité avec le stockage dans des batteries, mais cette solution n’est pas très au point actuellement », estime le conseiller. Les batteries souffrent d’une durée de vie réduite à dix ans, perdent de la puissance au fil du temps, coûtent cher et mobilisent des terres rares… « Peut-être que l’on peut imaginer, à terme, un marché de batteries d’occasion issues des voitures électriques et qui pourrait changer la donne du calcul », indique-t-il. Pour l’instant, il faut donc bien vérifier la rentabilité potentielle selon votre situation.

Calcul plus favorable pour les grandes centrales

Pour les grandes puissances (plus de 100 kWc, soit 500 à 2 500 m2 de panneaux), le calcul est un peu plus favorable, car plus grande est la surface de panneaux solaires installée, moins le kWh coûte cher à produire. En effet, une centrale de 9 kWc va coûter environ 18 000 euros HT, tandis qu’une 36 kWc reviendra à 40 000 euros HT (soit bien moins du quadruple). Et les économies d’échelle continuent au-delà puisqu’il « suffit » de 80 000 euros HT pour 100 kWc et 100 à 150 000 euros HT pour 200 kWc.

Pour les centrales de plus de 100 kWc, le tarif de rachat de l’électricité est le même que l’on soit en revente totale ou en autoconsommation avec revente du surplus. La rentabilité dépend donc de ce tarif de rachat, fixé par arrêté, et du prix que vous coûte l’électricité. Cependant, pour bénéficier de ce tarif, il est nécessaire d’être raccordé à un compteur au-delà du contrat bleu (puissance souscrite > 36 kVA). Si vous avez souscrit un contrat bleu (puissance < 36 kVA), le tarif demeure réglementé à 21,5 c/kWh depuis le 1er janvier 2023. Au-delà, le cours mondial s’applique, avec de fortes fluctuations : de 40 à 120 c/kWh, voire bien davantage. La rentabilité est donc plus facilement atteinte.

En parallèle de ces considérations tarifaires, vous allez devoir vérifier un ensemble de points pratiques pour estimer la faisabilité du projet : disposez-vous d’une surface de toiture bien orientée et suffisamment grande ? La charpente peut-elle supporter le poids des panneaux sans plier ? Quelles sont les possibilités de raccordement au réseau ? Quelles entreprises contacter pour vous accompagner ? Côté financement, les banques sont plutôt favorables au photovoltaïque pour l’instant, avec des prêts qui vont jusqu’à 90 %, voire 100 % du montant de l’investissement. Un point important, qui peut vous inciter à tenter le calcul.

Accéder au logiciel gratuit PVGis 5 : https://re.jrc.ec.europa.eu/pvg_tools/fr/

INFO + Pour aller plus loin sur ce sujet, vous pouvez consullter en ligne le Guide photovoltaïque des chambre d’agriculture Auvergne Rhône-Alpes : https://extranet-rhone.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Auvergne-Rhone-Alpes/GuidePhotovoltaique.pdf

 

Le froid, premier poste de consommation électrique au chai : répartition des consommations au chai
• 40 à 50 % groupes de froid
• 30 à 40 % compresseurs d’air comprimé
• 10 à 20 % autres (pompes, pressoirs, filtres tangentiels, mis en bouteille…)
Source : Airtech

 

D’après une étude en Bourgogne : une consommation très variable selon les chais
Entre 5 et 325 kWh pour vinifier un hectolitre : c’est l’amplitude des consommations électriques qu’une étude de la Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne a mise en évidence après avoir analysé en détail la consommation de 23 chais. Selon cette étude, l’énergie électrique est utilisée pour l’éclairage, le fonctionnement des appareils électriques (tels que le pressoir, la table de tri, l’érafloir, les systèmes de pompage, etc.) et dans certains cas, pour la thermorégulation.
Ces différences sont dues au volume de vin vinifié (pas d’économies d’échelle pour les petits producteurs), au nombre de cuves concernées par la thermorégulation, au mode de conditionnement du vin (vrac ou bouteille) et aux caractéristiques du chai (enterré ou en élévation, par exemple).
Dans les domaines produisant majoritairement du vin rouge, la consommation moyenne d’électricité se situe à 75 kWh/hl. Tandis qu’elle n’est que de 30 kWh/hl en moyenne dans les domaines produisant majoritairement du vin blanc.
Source : État des lieux des consommations d’eau et d’énergie dans les chais, CRA Bourgogne, 2012

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