Conseils pour bien poser les nichoirs à oiseaux dans les vignes

Le taux  d’occupation  des nichoirs  à mésange est  très élevé et dépasse généralement  les 90 %. Photo : Peter Maszlen/adobe stock

De plus en plus de viticulteurs se lancent dans la pose de nichoirs pour attirer les oiseaux et bénéficier de leur rôle d’auxiliaires dans la lutte contre les insectes ravageurs de la vigne, notamment les vers de la grappe. Quels sont les conseils pour une bonne implantation, quels types de nichoirs placer dans les vignes, que faut-il faire quand ils ne sont pas occupés ?  Sarah Dujardin, chargée de missions et d’éducation à l’environnement à la LPO Bourgogne-Franche-Comté apporte conseils et éléments de réponse.

Un nichoir non occupé  au bout de deux printemps doit être déplacé. Photo : Wirestock/ADOBE STOCK
Pour être efficace, la pose de nichoirs répond à quelques règles : tout d’abord le type de nichoir est à adapter aux espèces ciblées. L’orientation et la hauteur de pose font également partie des points fondamentaux.

« Les oiseaux sont territoriaux », rappelle Sarah Dujardin, chargée de missions et d’éducation à l’environnement à la LPO Bourgogne-Franche-Comté. Il ne sert a rien par exemple de mettre 10 nichoirs à mésange bleue sur un linéaire de 100 m. Il n’y en aura qu’un d’occupé! Il faut respecter une distance minimum entre nichoirs d’une même espèce (40 m pour une mésange bleue). Mais cette notion de territoire est seulement valable pour les individus d’une même espèce. "Il est donc tout à fait possible de placer sur une vingtaine de mètres un nichoir à mésange bleue, un nichoir à mésange charbonnière, un nichoir à rouge-gorge par exemple », explique-t-elle.

Si vous construisez ou achetez vos nichoirs, il est donc important d’etre attentif à diversifier les types de nichoirs, cela augmentera la densité d’oiseaux se nourrissant d’insectes sur votre parcelle. « Pour les mésanges, la taille du trou d’envol fait la différence et définit l’espèce qui l’occupera : ainsi un diamètre de 28 mm permettra la nidification de la mésange bleue, le diamètre sera un peu plus gros (32 mm) pour la mésange charbonnière. Les nichoirs à rouge-gorge sont dotés d’une ouverture rectangulaire, une fente de 7 cm de hauteur ».

Chaque nichoir s’installe à une hauteur différente selon l’espèce à laquelle il est destiné. « Les nichoirs destinés aux mésanges sont à positionner le long d’un arbre ou sur un poteau à une hauteur minimale d’1,5m jusqu’ à 3 voire 4 m. Les nichoirs à rouge gorge sont plutôt à placer dans un buisson à 50 cm-1 m du sol, à l’abri de la végétation ».

Il est intéressant de diversifier  les types de nichoirs pour accueillir  plus d’espèces, comme le rouge-gorge. Photo : NickVorobey.com/ADOBE STOCK
L’orientation est également importante : « le trou d’envol doit être orienté entre le sud et l’est, à l'opposé des vents dominants », précise Sarah Dujardin, « l’ouverture pourra également être dirigée légèrement vers le bas afin d'éviter que la pluie n’y pénètre. Attention également à ne pas placer le nichoir en plein soleil ». Dans les parcelles ou autour des parcelles ? « Il n’est pas nécessaire que le nichoir soit placé au milieu des vignes pour que les oiseaux aillent y collecter les insectes. Pour exemple, le rayon de « chasse » d’une mésange est de l’ordre de 100m ».

A quelle période installer les nichoirs ?

Les oiseaux repèrent les sites potentiels avant de nicher. La mise en place des nichoirs s’effectue idéalement en automne ou en début d’hiver, en février au plus tard.

Le mieux est d'associer les nichoirs à des arbres, des murets...

Si les préconisations d’installation sont bien respectées : le taux d’occupation des nichoirs est très élevé notamment chez les mésanges. « Généralement le taux de succès pour les nichoirs à mésange est de 90% », note Sarah Dujardin. Au bout de deux printemps, si un nichoir à mésange n’est pas occupé, il est préférable de le déplacer.

Dans la pratique ce sont souvent des nichoirs à mésanges qui sont implantés. Il faut dire que ces espèces (mésanges bleues et mésange chardonnières) sont communes, le taux d’occupation est très bon, et leur efficacité comme auxiliaires dans les vignes est désormais bien documentée (un couple de mésange donne généralement naissance à deux à trois nichées de 5 poussins en une année). Mais il est intéressant de favoriser la nidification de toutes les espèces de manière globale. « Tous les oiseaux (hormis les rapaces) même granivores vont nourrir leurs jeunes avec des insectes."

Laisser place aux éléments naturels

Un couple de mésanges donne naissance  à deux ou trois nichées de cinq poussins  en une année. Photo : JanS_wildlife/adobe stock
Dans une vigne, le choix des espèces à favoriser pour leur rôle d’auxiliaire dans la lutte contre les vers de la grappe et autres insectes ravageurs est donc très large. Cela peut être fait via la pose de nichoirs mais aussi par la préservation ou la réintroduction d’éléments de paysage comme des bosquets, arbustes, ou tournières non fauchées permettant une nidification « naturelle » d’oiseaux présents traditionnellement dans les vignes. « Toutes les espèces d’oiseaux n’ont pas besoin de nichoirs pour s’implanter. L’alouette lulu par exemple,- oiseau typique du vignoble dont les viticulteurs entendent souvent le long chant un peu mélancolique-, niche au sol dans les vignes. Quelques petits buissons suffisent pour que des espèces comme la fauvette grisette, ou le tarier patre puissent y construire leur nid. Limiter le travail du sol, laisser quelques bosquets de ronces, d’églantiers ou d’aubépine dans des zones difficiles à travailler comme des pointes de parcelles peut permettre leur nidification. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur les espèces insectivores, car comme dit précédemment, les passereaux granivores nourrissent de toutes façon leurs jeunes avec des insectes », conclut l'experte de la LPO. Dans cette optique, il peut être intéressant de fournir dans ou à proximité des vignes de quoi se nourrir pour les adultes.  « Des espèces comme le chardonneret ou la linotte mélodieuse fréquentent souvent les vignobles. Les adultes sont granivores et apprécient les graines de pissenlit notamment. Laisser des portions de couverts ou de tournières monter à graines peut favoriser leur venue dans les parcelles ».

Tous les éléments du paysage sont source d’installation de la biodiversité, en particulier les murets ou murgers en pierre sèches : ils peuvent notamment servir  pour la pose de nichoir ou via des cavités naturellement présentes pour des espèces comme la huppe fasciée ou le troglodyte.

 

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