Margot Ducancel, e-influençeuse vin sur Instagram

Margot Ducancel a bifurqué dans sa carrière, de l'art au vin. Elle voulait exercer dans un domaine avec des valeurs fortes, où le matin on se lève motivée, on rencontre des personnes inspirantes! Photo : DR

Margot Ducancel a « le rouge aux lèvres », un club de dégustation de vin 100% féminin, et un compte professionnel Instagram. Parisienne dans l’âme, au langage plutôt direct, elle explique le fonctionnement d’un métier nouveau : l’e-influence.

Margot Ducancel, vous êtes suivie par plus de 35 000 personnes sur Instagram. Comment en êtes-vous arrivez-là ?

Margot Ducancel : À la base, je ne viens pas du vin. J’ai fait d’abord une formation dans le marché de l’art pour être commissaire-priseur ou experte en biens culturels. C’est ainsi que j’ai atterri dans l’univers du vin, grâce aux ventes aux enchères. J’ai refait une formation sur le tard, il y a 8 ans : une école de commerce dans le vin et le WSET pour me former à la dégustation. Puis d’un évènement terrain, à une rencontre, à une dégustation, j’ai beaucoup appris ! Je voulais exercer dans un domaine avec des valeurs fortes, où le matin on se lève motivée, on rencontre des personnes inspirantes. Le vin est un secteur vivant, où il y a plein de choses à faire, avec de nombreuses mutations, et plus populaire que dans l’art. Tout le monde a un avis sur le vin, qu’il soit un grand ou un petit vin ! J’ai ensuite travaillé pour le magazine Cuisine et Vins de France en tant que pigiste et dans l’évènementiel (croisière gastronomique). Puis pour un site de e-commerce basé à Berlin (Wine in Black), où l’expérience entrepreneuriale en mode start-up internationale a été extrêmement enrichissante.

Alors que j’étais enceinte de ma fille et de retour à Paris je me suis rendue compte que mes copines me posaient plein de questions sur le vin. Comme par exemple : « Chardonnay, c’est une appellation ? ». Il y a des gens qui sont très débutants dans le vin, comme moi au départ, en fait ! et j’avais envie de prendre la parole dans le vin. C’est ainsi que j’ai commencé mon blog « Du Rouge aux lèvres » - qui n’existe plus aujourd’hui. J’avais envie de m’exprimer grâce à une ligne éditoriale vraiment différente, avec des petites chroniques, comme le magazine Biba mais sur le vin. L’idée c’était de traiter des sujets de la vie de tous les jours, comme par exemple : quels vins pour le repas du dimanche avec ses beaux-parents ? que boire avec son plan cul ? ». Bettane et Desseauve m’avait repéré et j’avais aussi une petite chronique pour eux.

Vous animez un club de dégustation de vin qui compte près de 450 femmes.

Margot Ducancel anime un club de dégustation 100% féminin comptant plus de 450 femmes adhérentes. Photo : DR
M. D.: Mes copines me demandaient des dégustations pour découvrir. Au départ on était 10, puis 20, puis 30 ! J’avais un grand plaisir à m’exprimer sur le vin et de constater la curiosité des filles, et surtout le plaisir d’être entre elles. Quand on y met des mecs, ce n’est pas la même ambiance. J’ai créé alors un club de dégustation. Et donc le compte Instagram dédié, pour communiquer – mais sans ambition professionnelle.

Puis j’ai travaillé pendant 3 ans chez Moët Hennessy dans la distribution des vins du nouveaux monde, et notamment l’animation de grands comptes, de personnes que l’on recrutait via de l’évènementiel dans un esprit assez ‘club’. Comme mon propre club, au final. Ce qui m’a décidé à me mettre à mon compte il y a 3 ans, avec « Rouge aux lèvres ».

Comment fonctionne votre entreprise ?

M.D. : Mon entreprise a 3 entités – ce qui m’a sauvé pendant la Covid. 1. Une agence d’évènementiel pour entreprises en BtoB (animation, dégustation, lieux, clés en main, expérience haut de gamme), mais cette partie-là est devenue négligeable. 2. Une agence Rouge aux lèvres. 3. Un media en ligne.

Pendant la crise sanitaire, j’ai continué en ligne, mais c’est plus contraignant, et moins rentable. Le club est composé de 450 membres. On fait 2 masterclass thématiques par an de 20 à 30 personnes, dans un lieu parisien toujours différent. Une 100% féminin et une mixte où les membres femmes peuvent inviter un homme. L’idée derrière ces masterclass, c’est d’apprendre le B.a.ba du vin : Bio-biodynamie, quelles différences ? Comment reconnaitre les grands cépages à l’aveugle ? Que boire pour la St Valentin ? Quelles sont les régions viticoles ? Quels accords chocolat-vin pour Pâques ?...

Sur ces évènements, je représente les vignerons, je passe leur message, avec mon style. C’est moins contraignant pour eux. Il existe aussi des temps forts, soit quatre soirées à l’année qui compte 200 à 300 personnes. Ex : la rosé summer party, le Wine Gala, pour marquer la fin de l’année, avec des sommeliers, des vigneron.nes présent.e.s. Une soirée réussie doit être conviviale, généreuse, bonne ambiance, sympa, sans être le bar à vin. Quand elles arrivent, les filles sont toujours accueillies avec un verre de champagne. Elles repartent avec un livret de dégustation et des goodies... Le club est à un prix accessible : 40 euros de cotisation à l’année. Puis ensuite, les soirées sont à -50% sur chaque évènement. Sur chaque évènement, il y a donc un tarif membre et un tarif non membre. Cela permet de venir une fois, pour voir, et si jamais, envisager de s’engager et prendre sa cotisation.

Privilégiez-vous certains vins ?

M.D. : Je n’ai pas de chapelle dans le vin : vin d’étiquettes, vin mainstream, les grandes marques, les vins en biodynamie, … Je suis comme les nanas d’aujourd’hui : un pull H&M, un sac couture, un T. Shirt engagé chez un artisan. Je consomme comme cela le vin ! Même un petit sauvignon fait le job pour un certain moment de consommation du vin. Cela ne m’empêche pas d’aimer des vins ‘sans’ (sulfites), ou engagés aussi. Cela me parle.

J’essaye d’être la plus transparente afin d’éclairer les consommateurs sur ce qu’ils consomment aujourd’hui. Je peux acheter du vin en grande surface, comme chez un caviste hyper pointu. J’essaye d’être large dans ma démarche comme une consommatrice lambda. Par contre, j’aborde les vins de manière différente. Un vin de vigneron pointu, je mets en avant son travail, son engagement. Si je prends une marque plus mainstream (ex : Ruinart) : je mets en avant le savoir-faire, l’histoire. Je les explique différemment. Je m’intéresse à la diversité, et aux tendances. Les vins orange, les capsules à vis, les canettes, et je donne mon avis, mon ressenti personnel.

Ensuite chacun fait son chemin personnel, sans être fermé et refléter ce qu’il se passe dans le vin actuellement. Les membres du club sont sollicitées pour nous dire de quoi elles ont envie, en termes de thématiques.

Comment ça se passe sur Instagram ?

M.D. : Mon Instagram s’est développé, avec aujourd’hui plus de 35 000 followers. Je ne parle qu’en français. Ma communauté compte beaucoup de parisiennes, et 65% de femmes.

Ce réseau social me permet d’aller du virtuel au réel car c’est mon canal de conversion vers le club. L’idée c’est d’aller jusqu’au bout de l’expérience : je rencontre les personnes en ligne, puis en vrai. Toutes les adhérentes viennent des réseaux sociaux. Je me mouille. Je donne de ma personne. C’est cool de rencontre sa communauté quand même ! Je vis de ça aujourd’hui. C’est très vertueux comme pratique. Je me suis professionnalisée sur Instagram depuis un an et demie.

L’influence est devenue un métier. Mais cela a ses limites car je dépends d’un algorithme, d’un canal qui s’appelle Instagram. C’est la raison pour laquelle je souhaite développer un media en propre, un site, pour fidéliser. Pour bénéficier de ma base de données. Et pour pouvoir faire des contenus de fond, plus enrichi que sur Instagram. Sur ce site, on va parler pas mal de mes coups de cœur, d’œnotourisme, de lifestyle, avec une grosse partie adresses parisiennes pour consommer du vin (restaurants, bars à vin, cavistes). Les lives instagram c’est ce qui m’a fait connaitre pendant le confinement. L’idée c’est de donner la parole aux vignerons et aux acteurs du vin en général.

J’ai tenu un calendrier en interviewant des gens de lundi au vendredi : des sommeliers, des vignerons.nes… Il s’agit de reproduire cela mais j’aimerai dorénavant le faire en podcast. Grâce au podcast, j’espère continuer ce format qui a plu, et aussi, aller capter d’autres audiences sur ce contenu un peu différent. Avec des gens inspirants du vin. Ou d’autres personnalités qui adorent le vin, mais qui sont en dehors de la filière.

Comment gagnez-vous votre vie ?

M. D.: Instagram et le club me font gagner ma vie, grâce aux domaines viti-vinicoles qui sont mes clients. Il y a évidemment un tarif pour participer à mes évènements. Certains de mes déplacements sont payants, d’autres non. Me contacter pour un devis.*

* instagram.com/rougeauxlevres/

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