Glyphosate dans les vignes en 2022, que peut-on faire?

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Concernant les herbicides en viticulture, plusieurs changements sont à noter au niveau réglementaire pour la saison 2022. À commencer par la mise en application des nouvelles conditions d’usage du glyphosate.

Depuis le 16 septembre 2021, l’utilisation du glyphosate est exclusivement réservée au cavaillon, et interdite dans l’interrang. « La dose maximale autorisée est de 450 g de matière active par hectare et par an », explique Séverine Dupin, responsable d’expérimentation protection du vignoble de la CA33.

Une dérogation est possible uniquement dans des situations précises : pour les vignes mères de porte-greffes, les zones en forte pente, non mécanisables, ou les vignes au sol très caillouteux. Dans ces rares cas, il est possible d’employer le glyphosate à la dose de 2 160 g/ha/an. Mais la définition de ces situations n’est pas (encore) établie.

Le sujet glyphosate étant complexe, les professionnels peuvent adresser leurs questions via ce mail: contact.damm@anses.fr des réponses leurs seront apportées, précise l'agence. 

À noter, pour le calcul de l’IFT – point important pour les vignerons certifiés ou en cours de certifications HVE notamment○– que la dose de référence est la dose maximale autorisée en vigne, celle sur vignes non mécanisables. L’IFT glyphosate sera donc de 0,21 en 2022. Il sera toujours de 0,21 pour les années suivantes, y compris pour les produits en réexamen.

Mixer désherbage chimique et mécanique

Cette réglementation du glyphosate implique plusieurs choses. La réduction de dose à 450 g/ha/an, soit 1,25 l/ha pour une spécialité formulée concentration 360 g/l par exemple, localisée uniquement sous le rang de vigne ne pose pas de soucis d’efficacité sur la zone traitée. En revanche, elle impose l’impossibilité de réaliser deux applications de glyphosate dans l’année civile. Ce qui signifie, une seule « cartouche » de glyphosate à positionner dans l’année, qu’il faudra raisonner et qui suffira rarement. La stratégie de désherbage comprenant du glyphosate devra le plus souvent mixer travail du sol ou l’emploi d’herbicides de prélevée. Selon la localisation des vignobles, les cahiers des charges, la flore présente et les problématiques de flore difficile (vivace) ou résistante, le tout herbicide peut devenir compliqué.

Photo : Karin Jähne/Stock.adobe.com
Pour maximiser l’efficacité des applications herbicides, il est important de bien connaître sa flore, d’appliquer les produits dans les conditions optimales (pour les prélevées, par exemple, à appliquer sur sol nu et avec une certaine humidité), de bien régler sa rampe de désherbage, voire d’utiliser un adjuvant comme le sulfate d’ammonium par exemple.

« En Val de Loire, le glyphosate était surtout employé au printemps avec un rattrapage en été si besoin. Avec une seule application possible désormais, elle est positionnée soit en novembre, soit en sortie d’hiver (janvier-février) associé à un herbicide de prélevée polyvalent comme le flazasulfuron, avec si besoin un passage de Pledge au printemps pour éviter les inversions de flore. En fonction de sa flore, on dispose d’herbicides de prélevée au spectre assez large. Kerb Flo, par exemple, peut être intéressant à appliquer en hiver quand il fait froid en présence d’un risque graminées (fétuque, vulpin, ray-grass). L’autre solution est d’intégrer du travail du sol, en fonction de l’organisation des domaines, et de la flore présente : un premier binage en hiver peut être intéressant en présence d’une flore abondante et permettre de reporter le passage herbicide, ou cela peut être l’inverse, un premier passage chimique, puis un rattrapage mécanique ou autre. Il ne faut se priver d’aucune solution et envisager progressivement une transition, des alternatives au désherbage chimique, que ce soit mécanique, électrique… », indique Guillaume Gastaldi, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. « À noter que le changement de classement de Pledge permet certaines associations, comme Pledge + Elysium, ce qui est intéressant pour gérer des soucis d’érigéron, bien présent l’an dernier chez nous – et dont les graines peuvent amener des mauvais goûts dans les vins en cas de vendanges mécaniques. »

Attention aux vivaces

La stratégie de désherbage est bien entendu à établir en fonction de la flore présente. « Dans le Sud, la problématique est de gérer la flore qui pourrait être concurrentielle en été. Avec les molécules qui restent sur le marché, les spectres d’efficacité sont réduits et laissent passer certaines adventices mal contrôlées comme les Bidens ou les tagètes. À cela il faut rajouter des soucis ponctuels de résistances aux ALS pour le ray-grass, l’érigéron. Une stratégie 100 % chimique devient difficile. Dans les situations « simples », avec une seule application sortie d’hiver avec Katana ou Pledge associé à du glyphosate à 450 g/ha on peut espérer gérer la flore présente. En situation plus compliquée, nous préconisons de mixer désherbage mécanique et chimique : avec un passage herbicide en sortie d’hiver et une reprise du travail du sol sous le rang avec lame au printemps au moment de la levée des adventices ou, à l’inverse, opter pour le travail du sol en premier et reprendre plus tard au printemps avec flazasulfuron ou Elysium. Dans ces conditions, on peut presque se passer de glyphosate », précise Marc Guisset, responsable expérimentation viticole de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales.

Sur le vignoble de Limoux, le cahier des charges imposait déjà un désherbage localisé sous le rang, interdisait l’emploi des produits CMR, et l’application d’herbicides du 1er septembre au 31 janvier. « Il n’est donc pas possible d’anticiper et d’intervenir sur des stades plantules. La réduction de dose à 450 g du glyphosate, va nécessiter de maximiser l’efficacité de ce qui est appliqué, en travaillant sur la largeur du cordon désherbé (50 cm plutôt que 80 cm), les conditions d’emploi, l’acidification de l’eau, ainsi qu’en diminuant le volume de bouillie. Dans notre zone, avec des surfaces d’exploitation plus ou moins importantes et des dévers quelques fois prononcés, la mécanisation est difficile. Le plus contraignant dans cette nouvelle réglementation est l’obligation d’une seule application par an, cela signifie qu’un viticulteur ne pourra pas passer en été pour rattraper quelques taches de vivaces par exemple », indique Gilles Aversenq, technicien vigne de la Cavale, coopérative d’approvisionnement.

 

Sous le rang : bien régler la rampe de désherbage
Gérard Besnier, conseiller en agro-équipement à la chambre d’agriculture Pays de la Loire, a réalisé des tests pour obtenir la concentration recommandée de glyphosate sur une bande optimisée, afin de définir notamment les montages de buses pour éviter les sous ou sur-dosage en fonction des croisements des jets.
Pour une largeur pulvérisée au sol de 55-60 cm, il conseille un montage avec un écartement de 45 cm entre les buses et une hauteur de rampe (distance buse-sol) de 40 cm. Pour une largeur pulvérisée au sol de 70 cm, le montage de buse privilégié est un écartement de 60 cm entre buses, pour toujours une hauteur de rampe de 40 cm. Pour rappel, les rampes de désherbage sont à contrôler tous les trois ans – et non plus tous les cinq ans○– depuis le 1er janvier 2021.

 

Guide. La chambre d’agriculture de la Gironde met à disposition Garance, guide d’aide à la reconnaissance des adventices en Nouvelle-Aquitaine et conseils pour la gestion de l’enherbement. Téléchargeable gratuitement à partir du site Internet de la CA33, il permet l’identification de plus de 250 espèces différentes.

 

Article paru dans Viti Leaders de mars 2022

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