En associant désherbage chimique et mécanique, Grifherbi supprime le glyphosate

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Faire évoluer les pratiques de désherbage en maintenant une très bonne efficacité tout en contenant le temps nécessaire est toujours un challenge. La firme Corteva s’y essaie en viticulture, avec son approche Grifherbi, alliant travail du sol et antigerminatifs.

Après trois années d’essais, Corteva s’appuie sur des résultats suffisants pour communiquer sur la solution de désherbage alternatif qu'elle a imaginée. « L’efficacité est au rendez-vous, avance Camille Jouan, chef de marché herbicides sur cultures pérennes au sein de Corteva. Nous avons identifié un enchaînement de pratiques permettant de maintenir le rang de vigne propre durant la période de l’année où la vigne peut être soumise à une concurrence des adventices. Un premier travail du sol sous le rang à l’automne est ainsi un prérequis indispensable que nous avons relevé. Un nouveau travail du sol, avec le même outil, est réalisé au printemps, et nous profitons de cette intervention mécanique pour appliquer une bouillie herbicide antigerminative sur le sol qui vient tout juste d’être travaillé. Cet itinéraire technique permet de maintenir un rang de vigne propre jusqu’aux vendanges. L’association de la mécanique et d'une solution chimique est pour nous la meilleure alternative. »

Des buses juste derrière l’élément de travail du sol

Compte tenu de la pression sociétale, les herbicides antigerminatifs font partie des solutions d’avenir en vigne, selon la chef de marché de Corteva, à condition d’accompagner leur utilisation d’autres types de solutions. Corteva a donc travaillé à la mise en œuvre d’une pratique mixte associant herbicides de synthèse et travail du sol. L’initiative était locale au départ et concentrée autour de Bordeaux. Cette année, huit viticulteurs, répartis dans le Sud-Ouest, le Sud-Est et en Bourgogne, ont pris part aux essais.

« Nous avons équipé un matériel de travail du sol sur le rang avec une cuve de 100 l et 2 buses de pulvérisation qui permettent d’appliquer une bouillie herbicide antigerminative après le travail du sol, indique Camille Jouan. En un seul passage, nous pouvons ainsi augmenter la persistance d’action de l’intervention. Et sur une année, le temps nécessaire à la gestion de l’enherbement des vignes est réduit. Par ailleurs, en substituant les herbicides foliaires par le travail mécanique, nous réduisons la pression de sélection d’adventices résistantes aux matières actives utilisées. »

Une bonne efficacité avec Boa et Cent-7 

Cette année, une communauté des huit agriculteurs devrait valider la faisabilité de la pratique à l’échelle d’une exploitation. Notons cependant que Corteva n’a pas pour ambition de commercialiser un matériel « type » qui répondrait spécifiquement à la technique. Camille Jouan confirme que chaque agriculteur est libre d’utiliser le matériel de travail du sol disponible sur son exploitation, et/ou celui qui lui convient le mieux.

En ce qui concerne le kit de pulvérisation, Corteva a imaginé, avec la société Buisard Distribution, un modèle de kit adaptable sur tous les matériels de travail du sol. Il est possible de l’obtenir auprès des concessionnaires de Buisard Distribution, l’essentiel étant de positionner le jet des deux buses du kit juste après les éléments de travail du sol.

Corteva estime avoir trouvé la bonne complémentarité des solutions commerciales à pulvériser. L’entreprise a bien évidemment tout intérêt à mettre en avant ses produits dans le cadre de cette technique et Camille Jouan ne s’en cache pas : « La bouillie herbicide qui a contribué à la meilleure efficacité du désherbage comprend 0,75 l/ha de Boa et 5 l/ha de Cent-7. Une autre solution efficace d'après nos essais est le mélange avec 5 l/ha de Cent-7 et 2 l/ha d’Elysium », souligne-t-elle. Pour conforter ces résultats, l’entreprise compte sur le retour des huit viticulteurs ayant mis en place trois modalités dans leurs vignes : leur pratique habituelle de désherbage, une solution tout mécanique et le Grifherbi, selon les recommandations de Corteva. Les résultats finaux seront dévoilés au Sitevi.

L'expérience terrain au Château de Montlau (33)

Armand Schuster de Ballwil, vigneron propriétaire du Château de Montlau, dans le vignoble de l'Entre-deux-Mers en Gironde, fait partie des utilisateurs du Grifherbi. Il collabore avec Corteva depuis les premiers essais de l'équipement en 2017. "Cette année, j'ai utilisé le Grifherbi début avril, avec du Katana. La vitesse optimale pour les lames interceps et le désherbage chimique est la même : 3-4 km/h. L'association est bien appropriée. Le cavaillon est resté propre jusqu'au 15 juin. Je suis alors repassé avec les interceps seuls, pour éliminer les érigerons notamment."

Sur la modalité Grifherbi, deux passages ont donc été mis en œuvre. "C'est équivalent avec un désherbage 100 % chimique pour lequel je passe une fois à l'automne avec du glyphosate associé à un antigerminatif, puis une seconde fois au printemps avec un antigerminatif seul. Mais avec Grifherbi, j'élimine un traitement herbicide."

Comparativement à un désherbage 100 % mécanique, Armand Schuster de Ballwil estime économiser un à deux passages selon les années. "Je travaille 35 ha en agriculture biologique. Pour entretenir le cavaillon, je réalise un chaussage à l'automne et un décavaillonnage au printemps. Ces opérations bougent beaucoup de terre, ce qui a l'avantage d'étouffer les adventices. Il y a peu de repiquage. Puis, selon la pousse, je passe les disques émotteurs."

Fort des bons résultats obtenus cette année avec Grifherbi, le viticulteur bordelais compte augmenter la surface de vignes entretenue avec le concept, 20 à 25 ha en 2022. " On réduit les IFT par rapport à un désherbage 100 % chimique. Lors du passage de printemps, le travail mécanique remplace le glyphosate en éliminant les adventices en place. Et par rapport à un désherbage 100 % mécanique, l'avantage est dans la gestion du temps et du personnel. Sur les 150 ha de vigne que j'entretiens, cela compte, d'autant plus quand les périodes de traitements phyto sont courtes et que la pression mildiou est forte, comme cela a été le cas en 2021. Les trois tractoristes et moi pouvons nous concentrer sur la pulvérisation bio et conventionnelle."

 

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Article paru dans Viti Les Enjeux de décembre 2021

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