Bocage, (H)êtres, apprentis d'Auteuil ... au Château Anthonic

L'Agence Fleurie nous propose de découvrir les portraits de Jean-Baptiste et Théophile Cordonnier, Château Anthonic, Moulis-en-Médoc.

Diplômé de l’Iéseg à Lille, Théophile rejoint son père sur le domaine familial de Moulis-en-Médoc où il a passé son enfance, le 1er janvier 2020. Comme son fils, Jean-Baptiste a passé une grande partie de sa jeunesse sur le vignoble familial, il obtient ensuite un diplôme d’ingénieur agronome spécialisé en eaux et forêts à Liège et poursuit sa formation en écologie forestière tropicale en Guinée, puis travaille comme coopérant et enseignant au Congo Brazzaville avant de rejoindre Château Anthonic en septembre 1993. Gestion administrative, financière, commerciale et technique, il fusionne toutes les fonctions et gère en parallèle un vignoble appartenant à un de ses oncles.

Un monde nouveau

En 2016, Jean-Baptiste se lance dans la conversion en bio pour « faire d’Anthonic un bocage ». Cependant, la « démarche bio et agroforestière est plus complexe que le simple fait de recourir à des couverts végétaux ou de planter des arbres dans toutes les parcelles. Ce passage en bio trouve son origine dans le « choc violent » vécu à son retour après 7 ans passés à étudier en Belgique et en coopération. L’écosystème a totalement disparu, appauvri par le passage en 1987 de la propriété à un programme conventionnel.

Faire d’Anthonic un bocage.

Jeune ingénieur ne jurant que par le conventionnel, ses tentatives de ramener de la biodiversité se heurtent pendant longtemps à une série d’impasses. C’est en 2010, avec la plantation de haies qu’il parvient à introduire des zones de circulation de la biodiversité. Cet élément déclencheur a servi de « porte d’entrée dans un monde nouveau » puisqu’il a clairement montré que « la démarche agroforestière permettait de retrouver la vitalité des sols et, avec l’appui du passage en bio, d’inverser la tendance ».

Comme un retour aux sources

En 2018, Jean-Baptiste, avec un camarade de promotion, acquiert un domaine forestier en Ariège, une hêtraie-sapinière de montagne de 450 ha conduite en régénération naturelle. Désormais, l’ingénieur des eaux et forêts nourrit sa démarche viticole de son expérience de gestion forestière. Cette vallée ariégeoise lui a même inspiré l’écriture d’un ouvrage. (H)êtres, un récit illustré par son autre fils Pierre-Louis (Picor), dans lequel, les arbres racontent les hommes de cette vallée des Pyrénées.

(H)êtres.

Château Anthonic est aussi à l’origine avec un collectif de viticulteurs du Médoc du projet des Vignerons du Vivant avec les Apprentis d’Auteuil. Un programme qui forme chaque année 10 à 15 jeunes très éloignés de l’emploi au métier d’ouvrier vitivinicole avec une forte fibre agroécologique. Atteignant aujourd’hui sa 4e promotion, il se développe au-delà du Médoc, à Saint-Émilion en Sauternes et dans le Roussillon.

Photos : Jean-Bernard Nadeau - Texte : Frédérique Nguyen Huu.

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