Un escape game de plein air et des ziesels au domaine Guinand

Sophie et Fabien Guinand ont diversifié les sources de revenus du domaine en misant sur les activités œnotouristiques. En complément des balades vigneronnes, ils proposent des ateliers personnalisés et une chasse au trésor à mener en autonomie à travers les vignes avec l’aide d’une application sur Smartphone.

Lorsqu’elle intègre le domaine familial en 2017, Sophie Guinand souhaite confirmer l’orientation prise par son frère dix ans plus tôt : faire venir les particuliers au domaine Guinand, une propriété de 70 hectares située à Saint-Christol dans l’Hérault. « Fabien a été l’un des pionniers de l’œnotourisme dans la région, se remémore la vigneronne. Aux vacanciers du village vacances de Saint-Christol, il a proposé dès 2005 des balades vigneronnes gratuites en groupe et sur réservation. » Après deux heures et un peu plus de 2 km de marche, la visite se finit par une dégustation : du vin pour les adultes, des sirops dégustés à l’aveugle pour les enfants.

Des prestations clé en main et personnalisées

Pour résoudre suivre le scénario du jeu de piste,  les joueurs ont besoin  d’un Smartphone. S.Favre/Media et Agriculture et S.Trouvé/Pixel6TM
Depuis, Sophie Guinand a repris à sa charge cette activité. Le discours a été agrémenté de références historiques et économiques. « Saint-Christol compte 6 domaines particuliers et une cave coopérative ; mes collègues et nous tenons une place importante dans l’économie et la vie locales. Les balades sont aussi l’occasion de parler des engagements agroenvironnementaux du domaine, certifiés au travers du label Terra Vitis. »
La vigneronne a aussi fait le pari de systématiser le rendez-vous. Tous les mardis à 10 heures en juillet et en août, la balade vigneronne est prévue dans son agenda. « L’événement est ouvert à tous. L’activité hebdomadaire est référencée sur TripAdvisor et sur la plateforme de réservation œnotouristique Les Grappes. Nous avons posé une banderole dans le village, nous sommes référencés dans plusieurs offices de tourisme, les propriétaires des chambres d’hôtes du coin parlent de nous. Avec cette communication et ce réseau local, j’accueille en moyenne 40 personnes par visite, enfants compris ; 500 sur l’été. La logistique et le temps que je consacre à cet accueil sont rentabilisés par les ventes au caveau qui font suite à la dégustation. »
Des balades guidées privées sont aussi proposées pour des groupes à partir de 8 personnes. La visite est dans ce cas payante (10 ou 15 euros par personne selon la formule) et réalisable toute l’année sur réservation.
Un tour-opérateur américain vient aussi au domaine. Quinze dates sont réservées chaque année, sauf en 2020 et de nouveau cet été. « Cette régularité nous a donné l’élan pour investir dans du mobilier et dans la création d’une salle complémentaire au caveau. Elle est en cours de rénovation dans le corps de ferme. Nous l’avons pensée modulable afin qu’elle puisse servir à la fois de salle de réception et de salle de réunion. À partir d’octobre, cet espace nous permettra de recevoir confortablement en cas de mauvais temps, d’élargir nos périodes d’accueil et de consolider certaines de nos offres œnotouristiques. Nous avons en effet de nombreuses demandes d’entreprises en séminaire auxquelles nous proposons une prestation clé en main. Sur place, les participants peuvent se restaurer grâce à un partenariat que nous avons fixé avec un traiteur local et le boulanger du village, et faire des activités ludiques de team building au domaine. »

Trottinettes et ziesels

Le domaine a une piste  pour conduire des ziesels,  un engin électrique inventé par un constructeur autrichien. Ziesel
À côté des initiations « vendanges », des ateliers d’assemblage sont proposés de septembre à novembre. Sur une heure, par groupe de 8 personnes maximum, les équipiers sont invités à tirer quatre bruts de cuve blancs, à les déguster un à un et à réaliser deux assemblages. « Ils ont quinze minutes pour se mettre d’accord sur les proportions. Mon frère déguste les vins, il commente les profils et essaie de deviner les assemblages. C’est une expérience conviviale, rare et très différenciante. Nous pensons l’ouvrir plus largement au public au tarif de 15 euros par personne », détaille Sophie Guinand.
Pour compléter l’offre des activités d’accueil au domaine, Sophie et Fabien Guinand proposent d’organiser des Œnorandos en trottinette électrique avec repas et dégustation de vins ; le tout en partenariat avec un prestataire à la fois guide et loueur et le traiteur précédemment mentionné.
Des ziesels sont aussi disponibles en réservation. Vous ne connaissez pas les ziesels ? Ce sont des véhicules électriques à chenilles, sortes de quads pilotés avec des manettes. « Nous avons un circuit de terre sur un terrain de 1 500 m² dédié. C’est une activité qui plaît aux jeunes en vacances dans le coin et pour les enterrements de vie de garçon. Nous facturons la session d’une heure 130 euros par personne. Une partie du montant revient au loueur de ziesels auquel nous faisons appel. L’activité en elle-même n’a aucun lien avec notre métier, mais elle attire un public qui ne serait pas venu au domaine pour acheter nos vins. »
Élargir la clientèle est un des objectifs de Sophie Guinand aux travers des activités œnotouristiques. L’escape game en plein air le permet. Depuis juin 2019, une chasse au trésor est géolocalisée dans les vignes du domaine Guinand. Dans ce jeu de piste sur fond historique, les joueurs retournent dans le passé, « en 1830 pour aider Louis Coustan, notre ancêtre, à retrouver la Terre Oubliée et à sauver les secrets de fabrication de cette cuvée éponyme, raconte Sophie Guinand. Le parcours de 4 km entre les vignes et le village est l’occasion de découvrir le paysage et l’histoire de Saint-Christol ».
Pour participer, les joueurs doivent être munis d’au moins un Smartphone chargé. « Quand ils arrivent au domaine, je leur fais télécharger l’application sur laquelle est hébergé le circuit. Ensuite ils sont autonomes ! Je ne les accompagne pas dans ce qui est finalement une visite atypique du vignoble. Les jeunes qui aiment être sur leurs téléphones, ou sur celui de leurs parents, sont friands de ce type d’activité. Je propose ensuite une dégustation aux personnes majeures. L’activité est présentée à 15 euros par personne ; elle est gratuite pour les moins de 10 ans. En 2019, 500 personnes ont tenté l’escape game durant l’été. C’est une activité ludique, moderne qui peut se pratiquer toute l’année. »

Un « escape game » au cœur des vignes

Ce projet innovant est le fruit d’une rencontre entre Sophie Guinand et Romain Aymard, l’un des fondateurs de l’entreprise montpelliéraine Atlantide, spécialiste des chasses au trésor sur Smartphone. « L’escape game du domaine a été une première pour eux. Ils sont habitués à monter des jeux en ville. Pour nous, ils ont intégré les contraintes du grand espace. Notre parcours, pour lequel j’ai écrit le scénario, est un peu leur vitrine pour démarcher d’autres domaines viticoles. »
Pour faire connaître la prestation, Sophie Guinand mise, entre autres, sur le référencement Internet grâce à des plateformes de réservation nationales et locales : Experiences locales, CoAventure… « En général, ces acteurs prennent 20 % de marge. En contrepartie, ils m’amènent une clientèle que je n’aurais pas touchée autrement », explique Sophie Guinand.
Les idées de développement, alliant pragmatisme et convivialité, ne manquent pas au domaine Guinand. « On a à cœur de partager notre métier, de faire des rencontres autour de nos vins et d’animer le village. Les entrepreneurs de Saint-Christol sont tous dans une bonne dynamique de réseau. Il y a de la vie dans notre campagne ! » conclut la vigneronne.
 

Depuis juin 2019, une chasse au trésor est géolocalisée dans les vignes du domaine Guinand.

 

S.Favre/Media et Agriculture et S.Trouvé/Pixel6tm
Certification environnementale : une ambassadrice pour Terra Vitis
Le domaine Guinand est certifié Terra Vitis. « C’est une démarche globale. Le label intègre la question des intrants et considère aussi l’environnement et les hommes, signale Sophie Guinand. Depuis deux ans, Terra Vitis Rhône-Méditerranée est l’association régionale pilote pour l’intégration de la responsabilité sociétale des entreprises au cahier des charges national de Terra Vitis. Je fais partie des 18 structures adhérentes qui testent la mise en pratique d’une évaluation RSE selon la grille Afaq 26000 de l’Afnor. J’aime cette vision de l’entreprise où la bienveillance est au cœur des décisions. Cela correspond à notre philosophie de vie. »

 

Domaine Guinand
Commercialisation : « L’agence CLR vend 40 % de notre production »
Les vins produits au domaine Guinand sont en partie commercialisés par les agents des Caves du Languedoc-Roussillon (CLR), une société familiale créée en 1984, basée à Montpellier. « Aujourd’hui CLR est dirigée par la seconde génération, Nicolas et Chloé Chebille. La transmission s’est faite plus ou moins en même temps que celle du domaine, quand mon père et ses frères nous ont laissé la main », indique Sophie Guinand.
Cette proximité d’âge et d’expérience familiale a renforcé la collaboration entre les deux structures. « Après vingt ans de collaboration, les Caves du Languedoc-Roussillon sont presque devenues un service à part entière du domaine ! Elles ne vendent pas juste nos vins et un rapport qualité-prix qui est excellent, s’amuse à préciser la vigneronne. L’équipe d’agents en France et à l’international valorise notre identité familiale, nos valeurs et nos engagements. Nous accueillons régulièrement les agents avec leurs clients. On prend en compte l’avis de CLR quand il est question de renouveler le packaging par exemple. Les prix sont renégociés chaque année. Il y a une vraie confiance réciproque. »
Aujourd’hui 40 % des volumes de vin du domaine Guinand sont vendus par l’agence les Caves du Languedoc-Roussillon. « Ils pourraient en vendre plus car ils ont de la demande. Mais nous conservons le reste de notre production pour la vente au domaine et pour assurer nos tournées auprès des cavistes locaux. Cette répartition des ventes me permet de consacrer du temps au développement et à la valorisation des activités œnotouristiques du domaine. »

Article paru dans Viti Leaders n°463 de septembre 2021

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