L'incendie qui s'est déclenché le 16 août sur la commune varoise de Gonfaron a été maitrisé 8 jours plus tard. Selon la chambre d'agriculture du département près de 8100 hectares ont été dévastés par le feu dont "seulement" une quarantaine d'hectares de vigne.
Les surfaces échaudées sont beaucoup plus importantes et comme le rappelle le Centre du Rosé dans une note technique sur les effets des fumées d’incendies sur les grappes, moûts et vins:
En plus des conséquences directes de la perte de récoltes, un effet plus indirect devient le centre d’attention : le « goût de fumée ».Ce défaut est attribué à des vins exposés à des fumées provenant d’incendies, et correspond à des odeurs et goûts de brulé, de fumée, ou de cendres.
A ce sujet, l'ICV explique que les feux de végétaux conduisent à des dépôts sur le feuillage et les baies d'un grand nombre de composés parmi lesquels la famille des COV (composés organiques volatiles), avec des conséquences potentiellement négatives sur les profils sensoriels des vins.
Grâce aux cartes des incendies établies par le programme européen Copernicus Emergency Management Service (European Union), Terranis et le Groupe ICV ont établi une cartographie des risques sur le secteur de la plaine et massif des Maures, dans le cadre du service Oenoview .
Trois zones d’intérêt ont été mises en avant :
- La zone de proximité immédiate, dans une limite de 20 m de la limite des incendies, présentant un risque très élevé de dégâts directs du feu (échaudage, dépôts de cendre ou de produits retardants)
L'ICV et Terranis estime que cela concerne 176 ha de vigne. - La zone intermédiaire de 20m à 50 m, avec un· risque modéré d’exposition aux dégâts directs du feu
L'ICV et Terranis estime que 202 ha de vigne sont dans cette zone. - La zone distante de 50 m à 200 m, avec absence de dégâts directs mais où le raisin a de fortes probabilités d’être touché par les cendres.
Elle concerne 519 ha de vigne.
Les pratiques à mettre en oeuvre pour limiter le goût de fumée
L'ICV conseille aux vignerons d'identifier les parcelles à problème par la dégustation systématique des raisins susceptibles d’avoir été sous le panache de fumée
Veiller à déguster le raisin dans un endroit neutre pour ne pas être influencé par d’éventuelles odeurs ambiantes de fumée ou de suie (conserver les grappes dans un sachet plastique bien fermé quelques heures avant la dégustation permet souvent d'identifier assez aisément les raisins touchés).En cas de forte contamination des raisins : détruire la récolte, en faisant faire une estimation des dégâts par un expert pour évaluer leur importance et faire marcher les assurances.Si le raisin ne paraît pas souillé : vinifier à part.
L'ICV préconise aussi de:
De leur côté les oenologues du Centre du Rosé préconisent aussi d'opter pour:
- VENDANGE MANUELLE: Minimise la trituration avant l’arrivée en cave
- EXCLUSION DES FEUILLES: Les feuilles peuvent contenir des phénols volatiles comme les baies
- EVITER LA MACERATION: La macération augmente les concentrations en composés responsables
- GARDER LE FRUIT A BASSE TEMPERATURE: Limite la macération et l’extraction des composés responsables
- PRESSURAGE GRAPPES ENTIERES: Réduction des composés responsables observée sur cépages blancs
- SEPARATION DES FRACTIONS DE PRESSE: Les jus de goûttes contiennent moins de composés responsables
- REALISER UN BANC D’ESSAI COLLAGES: Le charbon actif a montré son efficacité mais étant nonspécifique peu diminuer la qualité des vins
- EVITER LA MACERATION EN FERMENTATION: Diminue le temps d’extraction des composés (vins rouges)
- ADDITION DE BOIS ET TANNINS: Réduit l’intensité de la perception du goût de fumée OSMOSE INVERSE SUR VINS: Peut éliminer les phénols volatiles mais pas les composés glycosylés
- MISE EN MARCHE RAPIDE: Les goûts de fumée peuvent augmenter dans le temps
