Comment mettre en place la certification « Régénerative Organic » dans mon domaine viticole

La «regenerative organic certification» (ROC) contient un mot qui est mon sens essentiel. Régénérateur. Cette certification combine une nature restrictive de la certification bio (ce que l’on ne peut pas utiliser) avec la nature proactive et probiotique de la biodynamie. Cela crée une structure plus complète pour reconstruire les sols. Comme indiqué sur leur site web : « Cultivez comme si le monde en dépendait » [“farm like the world depends on it”]. Cette certification reprend donc les avantages des certifications bio et biodynamie, en résolvant mes doutes à leurs sujets [NDLR : lire cet article]. Nous resterons certifiés bio et biodynamie. En effet, il faut être certifié bio pour passer la ROC et la biodynamie m’apporte beaucoup, même plus qu’espéré.

Pionnier de la ROC aux États-Unis

Cette ROC est très nouvelle. Nous sommes les premiers à la mettre en place aux USA ; et on avance avec quelques difficultés pour remplir le dossier administratif. Étant d’ores et déjà certifié Demeter, une partie des éléments est déjà en place chez nous. La difficulté est la mise en place du pilier social. Car la plupart des certifications comme Fair Trade international sont vraiment faites pour certains types de fermes, comme une plantation géante de café en Amérique du Sud ou en Afrique. Bref, des situations où il y a de très nombreux petits paysans qui vendent à une grosse corporation. C’est un grand problème dans le monde. Dans les pays du tiers-monde, certes, mais aussi en Europe ou aux États-Unis. Les migrants travaillant dans l’agriculture ne sont pas bien traités. Ils sont sous la menace d’un retour au pays qu’ils ont fui, et certains abusent de cette situation de domination et les exploitent. L’idée c’est de les protéger.

Mais, nous, dans notre situation, nous sommes en Oregon ! Et il y a des lois sur le travail à l’échelle locale et fédérale. De nombreuses législations s’imposent déjà à nous et notamment quant à la sécurité et la santé des employés. Nous nous assurons que les ouvriers agricoles sont bien traités. De toute façon, c’est dans notre intérêt car il est difficile de trouver de la main-d’œuvre agricole formée à la biodynamie et à la viticulture. Ce sont des compétences très spécifiques. Nous voulons garder nos salariés, et nous les payons bien, pour les garder. Nos employés reçoivent une mutuelle.

Nous avons obligation de mettre en place des comités de sécurité avec du personnel issu du vignoble, du chai, des bureaux. Nous gardons précieusement les comptes rendus, car la protection de la santé et de la sécurité des salariés aux États-Unis est assez contrôlée. Lorsque l’on est inspecté, les salariés sont interviewés.

Une collaboration étroite avec Fair Trade International

C’est là, la plus grande difficulté pour remplir le dossier à l’heure actuelle : il y a tellement d’éléments qui ne s’appliquent pas à nous. Nous travaillons en collaboration étroite avec Fair Trade International aux États-Unis. Ils nous aident, ils souhaitent vraiment le mettre en place avec nous-même s’il y a des tas de choses auxquelles ils n’ont pas pensé. Car l’objectif est d’ouvrir la voie pour plein d’autres fermes et agriculteurs. Donc on avance lentement, avec la crise sanitaire qui ralentit le processus, aussi. 

En résumé, le pilier social est nouveau pour nous, et c’est un peu compliqué car en fait cette certification n’a pas de modèle adéquat pour nous.

Le coût de la ROC dépend de la taille de la ferme. Ce n’est pas plus cher que Demeter pour nous. Il y a un prix d’entrée de quelques milliers de dollars. Puis des frais d’inspection de 800-900 $. À cela s’ajoutent des royalties pour utiliser le logo sur l’étiquette.

Régénérer les sols, les plantes… les gens !

Cette ROC, c’est aussi du travail, en plus du coût. Nos salariés sont impliqués dans ce projet. Avec toute certification, il y a de la paperasserie. On n’a rien sans rien ! Mais c’est important pour nous, afin de communiquer sur ce que nous faisons. Communiquer auprès de nos consommateurs, oui, mais auprès de mon équipe, mes employés. Car cette certification devient alors un objectif, une réussite à accomplir. Cela nous lie ensemble. Il y a une certaine sensation de fierté. Au final, cette certification c’est un outil de management qui a son impact psychologique sur les gens.

Garder le focus sur la régénération est la clé pour moi. On parle de régénérer le sol, régénérer les plantes… mais en fait, on régénère les gens ! Nous devons établir un système de culture naturel. « Cultivez comme si le monde en dépendait »… parce que… c’est le cas.

Craig Camp est vigneron dans l’Oregon, aux États-Unis. Ce petit domaine de 25 ha certifié Demeter produit des vins, des pommes, du cidre, des moutons, des poulets. Troon Vineyard commercialise environ 9 000 caisses de vin chaque année.

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