Comment le Château de Rouillac appréhende la conversion bio

Jean-Christophe Barron est le directeur technique du Château de Rouillac situé dans l’appellation de Pessac Léognan dans le Bordelais. Pour assurer la transition vers l’agriculture biologique, un nouveau pulvérisateur a été acheté pour traiter sept rangs à la fois en confiné. La gestion mécanique de l’enherbement est quant à elle maîtrisée depuis plus de dix ans. Mais il y a toujours des choses à améliorer comme en témoigne Jean-Christophe Barron.

 

Intercep rotatif MCV Belly  (Chateau de Rouillac)
En ce moment, au chateau de Rouillac, nous testons un nouvel intercep récemment développé par une entreprise dont nous apprécions beaucoup de travail et les hommes : MCV Belly. Ils ont l’esprit paysan. Leurs outils sont bien pensés, solides et pratiques.
L’outil intercep en question est rotatif, équipé de couteaux d’ensileuse.
Sur les premiers hectares travaillés, le résultat est très bon ; même sur un couvert dense, les racines des herbes sont bien mises à jour. C’est ce que nous recherchons, car ici dans le Bordelais, il n’est pas rare que les adventices qui n’ont pas été assez bougées par l’intercep repiquent après un épisode pluvieux.   

Sur le tracteur interligne dans les vignes à 1,5 mètre, l’intercep est combiné avec un rouleau avec des écailles inversées breveté par MCV Belly.

Si on adopte cet équipement, cela nous permettrait en un seul passage de gérer l’enherbement d’un rang complet : désherbage mécanique sous deux demi-rang et « tonte » dans l’interrang. C’est une des façons que nous avons identifié pour rationaliser le temps de travail de l’équipe vigne et le parc des tracteurs.

Rang de vigne avant le désherbage mécanique avec l'intercep MCV Belly au château de Rouillac
   
Rang de vigne après le désherbage mécanique avec l'intercep MCV Belly au château de Rouillac

Depuis un an, le château de Rouillac a entamé une conversion vers l’agriculture biologique. Mais cela fait plus de dix ans que nous pratiquons du désherbage mécanique donc sur ce point la certification ne nous challenge pas directement. Indirectement c’est autre chose ! Qui dit bio dit plus de passages pour les traitements. Alors tout est a réorganiser et à rationnaliser, en maintenant les coûts de production.

Le cheval fait partie de l’équation… Il y a quelques années, je n’aurai jamais pensé dire cela.
 

Un percheron pour le travail du sol dans les vignes étroites

Sur la moitié de la propriété qui compte 28 hectares, les vignes sont plantées à un mètre. Jusqu’à il y a peu, nous utilisions l’enjambeur pour entretenir le cavaillon. Désormais c’est Titan qui s’en charge ! Laurent Cisneros, propriétaire du Château de Rouillac et passionné d’équitation, m’avait prévenu dès le début de l’aventure : un jour il y aurait des chevaux dans les vignes.

Laurent Cisneros, propriétaire du Château de Rouillac et passionné d’équitation
Depuis au moins trois générations dans la famille, nous travaillons dans les vignes, et je suis la seule qui finalement n’avait jamais connu le travail avec un cheval. De prime abord, cette idée ne m’enchantait pas plus que ça. J’ai changé d’avis !

En progressant sur la confection des outils aratoires avec un ferronnier voisin qui cultive lui aussi des vignes nous constatons que le cheval fait du très bon travail, parfois dans des conditions de sol dans lesquelles aucun enjambeur ne pourrait travailler. Et Titan se révèle plus rapide ! Pour le décavaillonage, il travaille à 3 km/heure alors que les enjambeurs sont à moins de 2km/h.

Le château est équipé d’écuries, l’arrivée de notre percheron Titan n’a pas nécessité d’investissement dans des bâtiments. L’approvisionnement en nourriture et les soins sont aussi gérés au niveau des écuries. Dans le cadre que je viens de décrire, Titan est un choix financièrement pertinent. Le cheval nous évite d’investir dans un nouvel enjambeur, très onéreux d’achat et d’entretien.

A gauche, Titan le cheval percheron du château de Rouillac (Chateau de Rouillac)

Optimiser la pulvérisation pour être réactif tout en maintenant les coûts de production

En saison, les enjambeurs qui sont déjà au château sont donc en priorité utilisés pour le rognage et pulvérisation. Pour réussir en bio, il faut pouvoir traiter toutes les vignes en une journée. J’entends par là une journée raisonnable de travail. Nous le faisons en 6 heures sans avoir acheté de nouveau tracteur, ni recruter un nouveau chauffeur. Comment ? Grâce à une nouvelle cellule de pulvérisation. Pour la conversion bio, nous avons dirigé les investissements sur le poste pulvérisation.

Nous avons acheté un pulvérisateur confiné à 7 rangs conçu par la société MCV Belly et un mélangeur de produits phytosanitaires. En bio il faut être réactif, nous souhaitions donc optimiser le remplissage et éviter de gérer des problèmes de buses bouchées par des dépôts de soufre mal incorporé. Avec cet équipement, l’équipe vigne gagne du temps et du confort de travail.

Vue aérienne du château de Rouillac dans l'appellation bordelais Pessac-Léognan (Chateau de Rouillac)
En tout, au château de Rouillac nous avons deux pulvérisateurs, tous les deux à jet porté, un équipé de buses antidérive et l’autre confiné.

Ces équipements sont très bien pour protéger la vigne et les voisins qui entourent la propriété. 39 foyers sont situés à proximité immédiate.

 

Un super voisinage !

Depuis plusieurs années, nous les prévenons en amont de chaque traitement phyto. Avec leurs accords j’ai créé un groupe Whats’App.

Lorsqu’au château de Rouillac il a été pris la décision de s’engager vers le bio, nous avons organisé deux réunions avec les voisins. Ils étaient tous présents. Nous leur avons exposé le projet bio et ce que cela allait impliquer pour eux. Les passages de pulvérisateurs seraient plus nombreux. Tous les 12 mm de pluie cumulés, si la pression mildiou le justifie – ce qui est malheureusement trop souvent le cas avec le climat océanique de la façade atlantique – il faut repasser avec du cuivre. De petites doses mais souvent.

Une des voisines du groupe nous a interpellé sur la toxicité du cuivre. Nous avons expliqué la quantité que nous apportions ; 200g/ha cela représente 2 gramme de cuivre métal appliqué sur 100m². Nous avons constaté que cette dernière unité de mesure est plus parlante pour les personnes qui ne sont pas du monde agricole. On échange beaucoup. On a vraiment la chance d’avoir de supers voisins qui nous encouragent dans notre quotidien.

 

 

Traction animale
Vivement que Fleur ait fini sa formation !

Le percheron Titan devrait bientôt être rejoint par Fleur. Ce deuxième cheval est en formation pour apprendre le travail de la vigne. Les deux bêtes auront à assurer le désherbage de 14 ha de vignes étroites. Comme Titan, Fleur sera logée dans les écuries du Château de Rouillac.
Depuis peu, la meneuse qui intervenait en prestation au château a été recrutée.
Pour Jean-Christophe Barron, le directeur technique du Château de Rouillac :
« Il est plus sécurisant d’avoir deux chevaux. Cette année Titan s’est fait mal à la patte en cours de saison. Il a fallu utiliser les enjambeurs pour le remplacer. Avec les traitements a assuré en même temps, les chauffeurs n’ont pas chômé ! »
Convaincu de l’intérêt du cheval dans les vignes étroites, Jean-Christophe Barron est conscient des limites actuelles de la méthode :
« Nous avons encore beaucoup de marge de progrès sur les outils. Avec le ferronnier, on réfléchit à des outils moins lourds pour le cheval, pratiques à atteler pour la meneuse et bien sûr efficaces. On progresse… »

 

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