4 tests pour autodiagnostiquer ses sols

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L’association Arbre et Paysage en Champagne a proposé en avril aux viticulteurs champenois le challenge Mets-toi aux vers ! L’occasion de mettre en lumière la vie des sols de façon ludique avec quatre tests agronomiques simples.

L’association Arbre et Paysage en Champagne a proposé en avril aux viticulteurs champenois le challenge Mets-toi aux vers !. Le principe ? Permettre aux exploitants d’explorer la fertilité de leur sol à l’aide de quatre tests, rapides (30 à 45 minutes) et faciles à mettre en œuvre : l’observation des plantes bio-indicatrices à l’aide de l’application SoilDiag, le test bêche, le slake test (ou test de la motte) et le comptage des vers de terre.
« Les quatre tests ont d’abord été présentés par des experts (Inrae, Comité Champagne, etc.) lors d’une première journée technique. Chaque participant les a ensuite réalisés sur une de ses parcelles de vigne. Grâce au partenariat avec LandFiles, les résultats étaient communiqués en direct », indique Quentin Dida, le coordinateur de Mets-toi aux vers !.
86 personnes ont participé à cet événement, et 25 viticulteurs ont accompli les quatre tests. C’est la parcelle Les Traverses d’Aurélien Lurquin, située à Romery (Marne), qui a obtenu le meilleur score de fertilité : 73,5, sur un potentiel idéal de 100. Il s’agit d’une parcelle gérée en enherbement spontané depuis dix ans.
« L’objectif est de fournir aux exploitants des indicateurs simples, faciles à mettre en œuvre, qui leur permettent de suivre le niveau de fertilité de leur sol. Le but est de regarder l’évolution d’une parcelle sur plusieurs années, de façon à valider ou non un changement de pratique comme le travail du sol, les couverts, ou la vitiforesterie par exemple », explique le coordinateur.

Un programme collaboratif sur les sols

Pour les organisateurs, l’événement d’avril n’est qu’une première étape.
« Nous souhaitons faire de Mets-toi aux vers ! un programme participatif à plus grande échelle, avec différents temps forts qui correspondent aux grandes étapes de l’année viticole : gestion des sols, récolte, taille, etc. », confie-t-il. Le concept devrait donc essaimer dans d’autres vignobles et intégrer au fil du temps de nouveaux indicateurs. « Un Mets-toi aux vers ! spécial vendanges pourrait par exemple s’intéresser au taux de sucre, aux poids des grappes, aux analyses visuelles et gustatives… qui pourraient ainsi être reliés aux indicateurs de fertilité du sol déjà mis en évidence sur les parcelles », résume Quentin Dida.
→ SoilDiag pour observer la flore en place
L’application SoilDiag permet d’identifier les plantes présentes sur vos parcelles de vigne par reconnaissance d’image, et de réaliser les diagnostics des sols en fonction des plantes bio-indicatrices qui s’y trouvent. La flore spontanée donne de précieuses indications sur les sols, comme le pH, l’activité biologique, la matière organique ou le degré de lessivage. L’application se base sur les travaux de Gérard Ducerf. Elle propose une fiche détaillée pour chacune des 30 000 plantes référencées, dont les 730 plantes bio-indicatrices de Gérard Ducerf. Elle est disponible sur Android et iOS. « Cette application – présentée en avant-première à l’occasion de Mets-toi aux vers ! – est simple d’utilisation : il suffit de prendre en photo les plantes présentes, de valider les identifications proposées, d’évaluer le pourcentage de recouvrement du sol par ces plantes, et l’outil donne des indications sur le niveau de disponibilité des éléments nutritifs comme l’azote, le potassium ; elle indique d’éventuelles carences en eau, etc. », précise Quentin Dida.
→ Le test bêche pour évaluer la porosité du sol
« De nombreux viticulteurs ont découvert que ce test est facile à mettre en œuvre. Il suffit de faire une bêchée et de se laisser guider par une dizaine de questions : y a-t-il plusieurs horizons ? Arrive-t-on à faire un boudin en roulant la terre avec ses doigts ? Quelle est la couleur du sol ? Quelle est la structure de la motte ? Est-ce qu’elle se fissure vite ? Ces questions sont simples, mises ensemble, forment une image assez juste du sol. »
→ Le slake test, ou test de la motte, pour examiner la structure du sol
Le test de la motte consiste à prélever une motte de terre, à la placer sur une grille dans un récipient d’eau, et à regarder le temps nécessaire pour dégrader la moitié de la motte. Il évalue la stabilité des agrégats. Plus la motte se disloque vite, plus la structure du sol est dégradée.
→ Le comptage des vers de terre, vitrine de la vie du sol
Le quatrième test proposé était le comptage des vers de terre par la méthode de la moutarde : application sur un mètre carré d’un mélange eau/moutarde, puis comptage et pesée des vers de terre quinze minutes plus tard pour estimer la masse par hectare. L’opération est renouvelée.

Anne-Wassila Bellanger, Champagne Bellanger Devaugermé : une base pour la suite
Anne-Wassila Bellanger exploite 9 hectares de vignes dans l’Aisne en Champagne. Elle a participé à la journée technique Mets-toi aux vers !, puis a effectué les quatre tests de fertilité des sols sur l’une de ses parcelles.
« Je n’avais jamais réalisé ces tests. Lors de la journée technique, ils nous ont été expliqués sous forme d’ateliers et nous avons pu pratiquer. Ensuite, j’ai participé au défi en faisant les quatre tests sur une parcelle de meunier “zéro herbicide”, gérée uniquement par le travail du sol (les 9 ha de l’exploitation comportent un hectare “zéro herbicide” et 8 ha en enherbement spontané).
La perte de vigueur de la vigne et la baisse des rendements m’ont fait remettre en question mes pratiques culturales. Je voyais ces tests comme une sorte de bilan (quel qu’il soit) et une base pour la suite. Chaque test prend moins d’une heure. Ils sont complémentaires. Personnellement, j’ai été surprise par le test sur les plantes bioindicatrices, avec tout ce qu’il révèle. Il a montré une bonne aération du sol, un bon niveau de matière organique et en azote, mais un manque d’activité microbienne. Du coup, je pense implanter des couverts sur cette parcelle l’année prochaine pour rendre mes sols vivants et trouver une alternative à l’enherbement ainsi qu’au travail du sol. J’ai aussi apprécié les échanges et le partage des connaissances lors de cet événement. Dans nos métiers, on est souvent seul à prendre des décisions, cela fait du bien de constater que d’autres ont les mêmes interrogations, rencontrent les mêmes problématiques. Je compte refaire ces tests sur mes autres parcelles, en parallèle des analyses de terre. »

Article paru dans Viti Leaders n°461 de mai-juin 2021

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