Problèmes de structure du sol, que peuvent les couverts végétaux ?

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Dans le cadre du Salon Vinitech-Sifel qui se tenait du 1er au 3 décembre 2020, une conférence en ligne avait pour thème « Problèmes de structure du sol, que peuvent les couverts végétaux ? », avec comme intervenantes Christine Beasse et Céline Collin-Bellier, des cabinets conseil Solenvie et Invenio.

«Les problèmes de structure du sol sont fréquents en maraîchage et en arboriculture. Le passage répété d’engins, les faibles taux de matière organique, les interactions entre pratiques culturales, protection des cultures et vie biologique du sol sont autant de perturbations à corriger. Pour ce faire, nous examinerons les possibilités et les limites de la remédiation par les couverts végétaux. » Christine Beasse et Céline Collin-Bellier ont d’abord sensibilisé leur auditoire aux trois différents types de sols – calcaires, sableux, argileux –une manière de souligner que les solutions au compactage doivent être raisonnées en fonction de la pédologie. La première règle paysagère pour lutter contre le compactage est de lutter contre l’érosion. Il y a un lien fort entre la structure et l’érosion des sols (voir les études sur le site de l’Afes www.afes.fr).

Trois grands types de sols, trois adaptations paysagères

L’une des premières altérations de la structure des sols calcaires est la battance qui provoque une croûte. Avec comme conséquences l’étouffement de la germination, l’imperméabilisation des surfaces, les érosions et coulées boueuses. Que faire pour lutter contre ces effets ? L’idée est de casser la croûte, soit par une couverture, soit par de l’agroforesterie qui cassent l’inertie et la force des gouttes afin d’empêcher l’effet splash. Il s’agit donc d’éviter les sols nus.

Les sols sableux sont « des sols acides, avec une forte horizontalisation et une faible cohésion structurale. Ils ont peu de rétention de matière organique, leur pédogenèse est essentiellement liée à la matière organique qui y pousse, et pas à la roche mère. Ces sols ont un drainage excessif, ils contiennent peu de faune, leur structure est fragile, la matière organique de surface est difficile à dégrader. Mais ce sont des sols à réchauffement rapide, bien aérés et à ressuyage rapide. Leurs risques en matière d’érosion résident surtout dans la formation de bancs de sable mobiles. Ils sont sujets à l’érosion éolienne. » Les solutions visent à ralentir le processus érosif par des couverts, par des haies brise-vent, et des cultures compagnes (exemple dans les Landes avec l’association céréales-carottes). 

Quant aux sols argileux avec ou sans éléments grossiers, plus ou moins épais, acides ou calcaires, ils présentent des horizons marqués, ils sont riches en éléments minéraux. La vie du sol y est généralement abondante. Certains peuvent être saturés en eau. Ces sols sont sensibles au compactage, au lissage, ils sont lourds, leur saturation en eau les rend froids. Mais ils résistent bien à la sécheresse, et leur fertilité n’est pas négligeable. La présence de l’eau fait que l’on qualifie ces sols de « froids ». Dans ce troisième cas, l’aménagement paysager doit être pensé pour drainer, par exemple avec des haies drainantes de saules taillés en têtards.

Les différents types de tassements

Christine Beasse et Céline Collin-Bellier ont ensuite présenté différents types de compactages des sols : profond lié au passage d’engins lourds, semelle de labour, compactage de surface et croûte de battance.

Les causes de ces tassements : le poids des engins, le passage sur sols non ressuyés et le lissage. L’action mécanique répétée d’outils animés tels que la herse rotative n’a pas été citée. « Un tassement est en réalité une modification de la continuité porale, une réduction de la porosité, du nombre et de la taille des pores. Il modifie la circulation des fluides, de l’eau mais aussi des gaz. Il engendre des nappes superficielles suite à l’imperméabilisation de surface et perturbe les remontées capillaires, donc du bas vers le haut. La croissance des plantes est réduite ainsi que le volume exploré par les racines, ce qui limite l’accès aux ressources en eau et en minéraux. Les conséquences au niveau racinaire sont une acidification et une anoxie. »

Quelles remédiations ?

Pour illustrer les conséquences du tassement sur le développement racinaire, l’étude SolD’phy (www.agro-transfert-rt.org/tassements-des-sols/) observe, sur une succession betteraves-pommes de terre, que les conditions de la récolte précédente influent sur la qualité de développement racinaire de la culture qui succède. En verger, les mêmes observations sont effectuées sur le développement racinaire de la culture pérenne. Les perturbations sur l’interrang modifient la dynamique racinaire de la culture pérenne. SolD’Phy compare l’impact de trois modalités – radis, avoine et sols nus – avec destruction à six et douze semaines sur le compactage. L’étude compare d’abord la qualité d’enracinement. Il ressort qu’à douze semaines, la qualité de développement racinaire est beaucoup plus importante qu’à six. L’observation indique que le décompactage des mottes est effectif sur le long terme. En trois mois, les mottes compactes (dites mottes delta) passent de 86 % à 38 % pour le radis et de 92 % à 62 % pour de l’avoine. Mais l’effet n’est observé que sur la partie motte delta. Les autres caractères de tassement ne sont hélas pas modifiés. Un essai aux États-Unis compare la colonisation du radis, du colza et du seigle, en fonction de différents compactages. « En gros, dans une optique de remédiation par des couverts, il faut réserver les racines fasciculées aux sols peu tassés, et les racines pivotantes aux forts compactages. »

Et les vers de terre, insectes, arthropodes, nématodes, ?

« Dans le nord de la France, l’observation des galeries de vers de terre montre qu’ils jouent un rôle sur le décompactage. » De même d’ailleurs que le carbone organique plus généralement « intervient indirectement ». En combien de temps une situation peut-elle s’améliorer ? « Certains auteurs parlent de situation irréversible à l’échelle humaine. » Mais une étude montre qu’une vigne « laissée à l’abandon cinq ans récupère un décompactage presque total. […] À ce point on est tenté de penser qu’un couvert végétal associé à un non-travail du sol serait la solution, explique Christine Beasse. En réalité, en TCS sur sol argileux, tous les horizons ne sont pas forcément décompactés. L’argile est sensible à un compactage de profondeur que les micro-organismes ne remanient plus ». Donc quelles sont les solutions ? « J’en vois trois : les racines pivotantes sur le long terme, un couvert permanent avec sous-soleuse, ou l’agroforesterie. Et le travail du sol doit être réfléchi pour accompagner un décompactage. Mais la première chose est d’éviter de compacter. Le diagnostic est essentiel », indiquent les agronomes.

Ce qu’il faut retenir
La première règle est d’abord d’éviter de compacter.
Le paysage joue un rôle dans le décompactage des sols.
Pour décompacter, il faut des sols pourvus en matière organique.
Pour qu’un couvert effectue son rôle de décompactage, il faut qu’il accomplisse son cycle.
Les racines fasciculées décompactent les sols peu tassés, et les racines pivotantes les compactages forts.
Une vigne laissée à l’abandon cinq ans se décompacte naturellement.
Un phénomène de compactage et sa remédiation se réfléchissent en fonction du type de sol : sable, argile ou sol calcaire.
On peut utiliser le travail du sol pour accompagner un décompactage.

Article paru dans Viti 458 de février 2021

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