Comment gagner du temps lors de la taille des vignes ?

Avec un nouveau système de parallélogramme et de vérins hydrauliques montés à l’avant de sa prétailleuse équipée de couteaux circulaires, Éric Challeau, vigneron à Thurageau (Vienne), améliore encore davantage le temps de taille dans ses vignes de chardonnay menées en cordon.

Ce 12 janvier 2021, Éric Challeau et son fils Denis essayaient pour la première fois leur nouveau système de taille rase, autoconçu dans l’atelier de leur ferme de Thurageau (Vienne), et monté sur leur prétailleuse Pellenc.

"Jusque-là, il y avait deux scies à sections. Pour ne plus devoir descendre de la machine à chaque fois que les lames rencontrent des sections trop grosses et s’arrêtent, et afin d’avancer plus vite en étant plus près du cordon, j’ai monté un nouveau système de coupe avant sur parallélogramme, avec vérins hydrauliques, et des couteaux travaillant sur 40 cm de diamètre, le tout acheté chez Cellier-Boisset dans le Gard, explique, très satisfait, le vigneron. Le guide a été peint en rouge, afin de mieux le visualiser dans les trous, au niveau des manquants, et de pouvoir ainsi corriger plus vite la commande automatique pour éviter qu’elle n’abaisse le niveau de taille et ne coupe un fil."

Si la tailleuse équipée de scies à section avançait autour de 1km/h l’an dernier, elle avance désormais à 2,8-3km/h. Avec un travail en hauteur sur l’enjambeur, et une tête de coupe montée assez loin devant, la visibilité est meilleure et la tête de coupe évite de percuter la cabine lors des manœuvres. "Avec 8h de conduite par jour qui demande beaucoup de concentration, c’est suffisant", reconnaît Denis Challeau, qui taille maintenant autour de 3 ha/jour en hiver. Les couteaux en acier solide (95 euros le couteau, tout de même), sont conçus pour ne pas se casser, mais doivent être aiguisés, afin de pouvoir couper des sections importantes. "Si tout va bien avec ces couteaux, je revendrai mes scies à section", précise Éric Challeau.

9 ha en taille semi-minimale pour 2022

Sur ses 30 ha de vignes, il pratique la taille semi-minimale sur les chardonnays (6ha), et à partir de 2022 sur des pinots noirs, soit bientôt 9 ha au total. Les nouvelles plantations sont palissées sur des piquets acier de 1,8 mm d’épaisseur, placés tous les 4 m, avec un seul fil de fer pour la conduite en cordon. "Il faut ça pour la TRP ! Nous faisons attention lorsque nous montons le pied de vigne, en laissant au départ deux tiges, puis en en sélectionnant une seule, quand les brins sont encore en vert, pour ne pas avoir de coupe de bois", indique Éric Challeau.

Avec la taille semi-minimale, le but est de ne pas passer de temps sur la taille des vignes en IGP, en particulier pour le chardonnay compliqué à suivre (problèmes de gel, de floraison), tout en visant davantage de raisin, poursuit-il. "Avec notre machine, nous travaillons entre la TRP et la taille buisson. Nous repassons ensuite à la main, pour environ 20 h de travail par hectare, pour avoir un résultat propre, mais nous pourrions ne pas y repasser, et avoir le même résultat, je pense. Si nous avions un rendement de 40 hl/ha auparavant, nous arrivons désormais autour de 70 hl/ha, et le but est d’atteindre les 90 hl/ha sans les dépasser pour rester en IGP val-de-loire !"

Avec la taille semi-minimale, le but est de ne pas passer de temps sur la taille des vignes en IGP, en particulier pour le chardonnay. Photo O.Lévêque/Pixel6TM

Pas d’effet négatif sur la vigne

Depuis quatre ans qu’il pratique la taille semi-minimale, le vigneron n’a pas vu d’impact négatif sur ses vignes, notamment sur les maladies du bois. "Regardez en Italie, ils taillent ainsi depuis plus de 30 ans, et obtiennent de très bons résultats !"

Quelques améliorations sont tout de même à prévoir, indique le vigneron, comme opter pour des disques de coupe de 60 cm de diamètre à la place de 40 cm actuellement, et mettre un carter de chaque côté pour éviter que les bois de taille ne se coincent dans le parallélogramme. Une affaire qui devrait être facilement réglée pour le vigneron bricoleur.