Au Château Kefraya, nous gardons le cap en pleine tempête

La taille commence sur les 300 ha de vignes bio du Château Kefraya. La crise économique et la Covid-19 m’obligent, sur ce chantier aussi, à composer, à revoir l’organisation habituelle. S’adapter, ce mot est la pierre angulaire de ma gestion au quotidien. Dans les vignes, les tailleurs sont isolés les uns des autres pour respecter les contraintes sanitaires. À court terme, je crains que ce manque de lien social n’ait un impact sur leur motivation et leur moral. Il faut cultiver encore plus la proximité et l’affectif en cette situation difficile.
Ne sachant pas de quoi demain sera fait, j’ai par ailleurs décidé de raccourcir la période de taille. Je prends le risque d’un débourrement précoce et d’un coup de gel. Mais la taille doit être faite. Sur les vignes servant à l’élaboration des vins d'entrée de gamme, nous allons limiter le nombre d’yeux. En 2021, la charge de raisin sera réduite. Ce repos permettra de reconstituer un peu de vigueur. Ce choix agronomique est motivé par des raisons économiques.

Tout ce qui permet de limiter les factures sans impacter négativement le potentiel qualitatif est un levier bon à prendre. Au Liban, la situation économique et financière est toujours désastreuse. L’inflation ne s’est pas arrêtée. La livre libanaise ne vaut plus rien, et il est difficile de se procurer des dollars sur le marché officiel ou au noir. Nous nous sommes résolus à augmenter le prix de nos bouteilles de vin vendues sur le marché interne. Notre vin rouge d'entrée de gamme est passé de 13000 à 24000 livres libanaises. Malgré cette augmentation, nos marges se réduisent car toutes les matières sèches servant à conditionner nos vins sont payées en dollars ou en euros. Nous ne voulons pas abandonner le marché libanais, mais plus que jamais, c’est l’export qui assure notre pérennité.

Néanmoins, sur ce point aussi, il faut s’adapter. L’Europe et le marché nord-américain, qui constituaient nos plus gros marchés, ont aussi subi de plein fouet la crise sanitaire. Je suis optimiste sur la reprise en Amérique. L’incertitude est beaucoup plus lourde pour l’Europe, où certains économistes prévoient une fermeture de 30% des établissements (bars et restaurants). Heureusement, des marchés jusqu’à présent plus secondaires pour Château Kefraya se dynamisent. Je pense particulièrement à l’Europe du Nord. Nos ventes augmentent très fortement depuis trois ans. Cette année, cela a permis de limiter la casse.

Néanmoins, il faut rester humble, garder la tête froide et réfléchir sur une optique à long terme, et se préparer à la reprise. Jusqu’à présent, nos effectifs sont au complet. Nous tentons même de trouver des moyens de compensation permettant aux employés de moins souffrir de cette crise. Sans ses équipes, le Château Kefraya ne tourne pas. Ses ressources humaines sont au coeur de l’entreprise. Sans hommes et femmes, les plus beaux terroirs ne sont rien. C’est l’occasion de resserrer les rangs autour d’un même projet, et de placer encore plus l’humain au cœur de l’entreprise pour garder cette motivation continue.

Dans la plaine de la Bekaa, à 1000 mètres d’altitude, s’étendent les 300 ha de vignes du Château Kefraya. Fabrice Guiberteau est le directeur technique de cette propriété familiale, qui se singularise par la mise en avant des terroirs et des cépages.

Actualités

Vente

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15