Photovoltaïque : investir sans tomber dans le panneau

En rénovation de toiture, sur un nouveau bâtiment ou pourquoi pas, en ombrière de parking pour vos œnotouristes, le solaire photovoltaïque peut trouver sa place chez vous. Par où commencer ? Réponse en six points clés avec Nicolas Martiniano (Inelia), intégrateur en Gironde.

1. Où installer mes panneaux ? Cette question peut paraître triviale, mais nécessite réflexion. Les installations au sol sont possibles, mais supposent de disposer d’une parcelle non cultivable. Pas toujours évident ! Les ombrières au-dessus des vignes, si elles semblent prometteuses, sont encore expérimentales. De fait, les installations photovoltaïques en agriculture sont souvent installées sur les toitures des bâtiments existants, ou lors de la construction d’un nouveau hangar ou chai.
Pour les demeures historiques, la question de l’intégration au site est cruciale. En cas de construction nouvelle, les solutions sont plus nombreuses et les réussites peuvent être spectaculaires. Château Angélus, par exemple, a choisi de positionner ses panneaux solaires sur une toiture terrasse de son nouveau chai.
« Pour ceux qui font de l’œnotourisme, pourquoi pas envisager une ombrière solaire sur un parking ? », propose Nicolas Martiniano, chargé de clientèle viticole chez Inelia (33). Des panneaux biverre, relativement transparents, apportent un ombrage confortable au touriste, qui peut en plus profiter de sa visite pour recharger sa voiture électrique.
En rénovation, bien vérifier que le bâtiment et la charpente peuvent supporter le surpoids. La nécessité d’un renforcement pourrait diminuer, voire annuler la rentabilité du projet.

2. Tout seul ou à plusieurs ? Les installations collectives peuvent être une voie à explorer : par exemple, un vigneron installe une centrale photovoltaïque et revend l’électricité produite en surplus à ses voisins. L’avantage ? Le producteur peut revendre l’électricité à un tarif plus attractif que le tarif officiel de rachat par EDF. Les consommateurs, quant à eux, peuvent privilégier une énergie renouvelable et produite à côté de chez eux, tout en bénéficiant d’un prix attractif. Si la réglementation autorise cette solution, le frein administratif demeure toutefois.

3. Comment choisir mon prestataire ? L’ancienneté ne garantit pas forcément la compétence, mais ce critère peut entrer en ligne de compte pour évaluer le sérieux d’une entreprise. Tout comme sa possibilité de vous donner des références d’installations chez d’autres domaines viticoles. Demander un devis auprès de plusieurs entreprises est fortement recommandé.

4. Quels sont les principaux points de vigilance sur les devis ?
• Panneaux : quelle est la durée de garantie mécanique (souvent 10 à 12 ans) ? Quelle est la durée de la garantie de rendement (25 à 30 ans actuellement) ? Quelles sont les conditions de mise en action de la garantie : passage de plusieurs experts ou une simple image avec caméra thermique suffit-elle ? Envoi à vos frais ou pas ?

• Le fabricant du panneau : la plupart des leaders mondiaux sont asiatiques. Comme pour le prestataire, la pérennité de l’entreprise est sans doute un gage de sérieux. Mais il est difficile de se projeter à 30 ans.
• L’onduleur est la pièce centrale de l’installation. S’il ne fonctionne plus, tout s’arrête. Quelle est la réactivité du SAV ? Peut-on joindre un technicien rapidement ou arrive-t-on sur une hotline qui va générer des délais ? Il ne s’agit pas de perdre une semaine de production en plein mois de juillet !
• Combien ça coûte ? « Pour 100 KWc, il faut compter 75 000 € pour une installation photovoltaïque  "clés en main", à laquelle s’ajoutent les frais de raccordement Enedis, de 6 000 à 10 000 € », estime Nicolas Martiniano. Pour une installation qui reçoit 1 150 à 1 200 heures de soleil par an, comme à Bordeaux, la revente totale de la production peut générer 11 000 €/an, desquels il faut déduire les frais d’assurance et de maintenance. Pour une installation avec autoconsommation, l’étude devra prendre en compte la consommation de manière très détaillée, pour être le plus adaptée possible.

5. Combien de temps faut-il avant que le premier kWh ne soit produit ? Si le chantier d’installation des panneaux en lui-même peut être bouclé en quinze jours, il faut prévoir une année entre le début du projet et sa mise en service. Le temps de faire les études, d’obtenir les différentes autorisations administratives (déclaration de travaux ou permis de construire), la réponse à la demande de raccordement à Enedis et le raccordement en lui-même.  

6. Et l’avenir ? Il passe par le stockage de l’énergie. L’électricité photovoltaïque n’est en effet pas toujours produite au moment où on en aurait besoin. Et qui peut prendre le risque de tomber en panne d’électricité pendant les vendanges par la faute d’un temps couvert ? Pour l’instant, les batteries sont encore très onéreuses. Elles peuvent multiplier par deux le coût de l’installation et donc, sa durée de rentabilisation. Mais une réduction des coûts est attendue dans les prochaines années.

Champagne Drappier
Autosuffisants en électricité à 75 % grâce au photovoltaïque

La maison Drappier souhaiterait aller vers la production  de 100 % de ses besoins électriques. Photo : Champagne Drappier

« Nous aimerions bien arriver à satisfaire 100 % de nos besoins en électricité avec nos centrales photovoltaïques. » Pour Hugo Drappier, la voie est claire : « On y réfléchit ». Les Champagnes Drappier, maison carbone neutre depuis 2016, ont déjà trois centrales : deux avec reventes, installées en 2010 et 2014, et la plus récente, 266 KWc pour 1 200 m2, est dédiée à l’autoconsommation. Elle a produit environ 200 000 kWh par an depuis 2018. Ces trois sources fournissent l’équivalent de 75 % de la consommation électrique. « Depuis que nous autoconsommons, nous avons réduit notre consommation et nous essayons de synchroniser la consommation avec la production », résume Hugo Drappier. De 615 000 kWh consommés en 2015, les vignerons ont réduit à 500 000 kWh (-15%). Grâce à des climatisations coupées plus tôt pour les caves et surtout, des groupes de froid qui ne restent plus en veille, mais sont totalement éteints quand ils ne servent pas. La consigne de climatisation des celliers accepte désormais une petite amplitude.

Évolution des habitudes
Les habitudes ont évolué : « Du tracteur électrique au téléphone, nous branchons tout ce qui a besoin d’être rechargé entre midi et 14 h, lorsque la production photovoltaïque est la plus forte et la consommation la plus faible, au lieu de les brancher le soir après la journée de travail », indique Hugo Drappier. Outre le tracteur, la maison utilise également des véhicules électriques et dispose de trois bornes de recharge. Le retour sur investissement (300 000 €) de cette troisième centrale photovoltaïque devrait être atteint dans sept ans. La facture d’électricité, quant à elle, a fortement diminué de 30 à 40 %. Il reste encore une toiture exposée plein Sud et qui attend de trouver une utilité environnementale. La famille Drappier n’a pas dit son dernier mot en matière solaire.

Article paru dans Viti 456 de novembre-décembre 2020

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