Un appoint de revenu en devenant ferme relais

Geneviève et Alain Maille, agriculteurs dans le Nord et ferme relais de la première heure, ont investi dans des racks et dans un chariot élévateur. © S.Bot/Média et Agriculture

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Vous avez un hangar vide et 15000 habitants à proximité de votre domaine ? Vous cherchez un complément de revenu et la convivialité fait partie de votre quotidien ? Pourquoi ne pas postuler pour devenir une ferme relais Agrikolis. La start-up recrute, notamment dans le sud de la France. Les vignerons sont les bienvenus.

 

Tout a commencé dans le Nord en 2016. Cédric Guyot, cofondateur d’Agrikolis, constate qu’il va devoir prendre une demi-journée de congés pour réceptionner la commande volumineuse qu’il a passée par Internet. Dans le même cas, son ami et désormais associé, Guillaume Bellissent, avait fait appel à son beau-père agriculteur. Le concept d’Agrikolis était né. À savoir : proposer à des agriculteurs d’être les points relais où les clients pourraient venir retirer leur électroménager, leur canapé et autres gros colis en toute sérénité, dans des plages horaires définies, en fin de journée ou le samedi.

Cofondateur d’Agrikolis, Cédric Guyot constate un intérêt grandissant pour les solutions d’e-commerce. © S.Bot/Média et Agriculture

Quatre ans plus tard, l’idée s’est transformée en entreprise. Début juin 2020, plus de 85 000 colis ont transité par les fermes relais, dont 16 000 pour le seul mois de mai post-déconfinement. Environ 150 fermes relais sont labellisées sur le territoire français. L’objectif de la start-up est d’arriver à 250 fin 2020.

La moitié des colis repart le jour même

Ce décollage rapide est lié à l’accord qu’Agrikolis a passé avec un des poids lourds du commerce en ligne en France, Cdiscount. Lorsque le client de la plateforme choisit son mode de livraison, il peut désormais cliquer sur « retrait à la ferme ». Ce service lui est facturé 10 euros contre 40 à 50 euros en cas de livraison à domicile. Un « petit » détail qui fait la différence.

En pratique, les agriculteurs reçoivent les colis une à deux fois par semaine, par camion. Ils doivent alors les décharger et les stocker dans un endroit couvert et sécurisé. « Au départ, un hangar peut suffire, indique Cédric Guyot, car la moitié des colis repart le jour même. Mais dès que le nombre de colis augmente, il faut prévoir de les protéger. »

Créer du lien

Chaque colis est référencé dans Kolisoft, l’application d’Agrikolis qui gère aussi les retraits. Les clients, avertis par SMS, sélectionnent un créneau qui leur convient, ce qui laisse le temps aux exploitants de s’organiser. En cas de priorité aux travaux agricoles, par exemple, ils peuvent indiquer des indisponibilités quinze jours avant. Lorsque le client se présente, les agriculteurs saisissent le numéro de sa carte d’identité, ils scannent le produit, le client signe et c’est validé. Tous les quinze jours, un camion vient récupérer les palettes, les produits abîmés ou non récupérés.

Un autre intérêt pour les producteurs est de se faire connaître, voire de réaliser des ventes annexes : une fois sur la ferme, les clients en profitent parfois pour acheter les produits vendus sur place. Des discussions sur les sujets d’actualité peuvent aussi s’engager. Sans le filtre des médias. Un lien peut se (re)créer.

Ce qu’il vous faudra
• Un hangar ou entrepôt fermé de 50 m2 pour commencer. Prévoir de le sécuriser, lorsque les colis deviennent plus nombreux.
• Un accès pour les camions.
• Un moyen de manutention, type chariot élévateur.
• Un peu de temps : des créneaux de deux heures par jour et deux heures le week-end.
• L’envie de recevoir des personnes sur votre domaine.
• Si vous remplissez ces critères, il ne reste plus qu’à vous inscrire sur le site d’Agrikolis et passer l’audit avec succès.

 

Agrikolis : une rémunération moyenne de 500 euros par mois
L’exploitation agréée Agrikolis perçoit en moyenne 500 € par mois. La rémunération peut monter jusqu’à 1 000-1 500 € si elle est située en zone très dense. « Nous avons des fermes relais dans toute la France, indique Cédric Guyot, le cofondateur d’Agrikolis. Mais pour qu’un relais puisse tourner, il faut qu’il soit situé en proximité d’un bassin d’habitation de 15 000 habitants à moins de 10 km. » Mais des exceptions sont toujours possibles. Tous les profils d’exploitation sont représentés. Les viticulteurs, qui peuvent avoir l’habitude de recevoir des clients, sont les bienvenus. La start-up recherche notamment des relais dans le sud de la France. D’autant qu’elle est en discussion avec d’autres distributeurs : « Nous sentons un intérêt grandissant pour les solutions d’e-commerce, car ces entreprises s’en sont mieux sorties pendant le confinement », précise Cédric Guyot. De son côté, la start-up a pris un peu de retard dans les audits, mais elle a mis les bouchées doubles pour le résorber.

 

Géraldine Vincent, Saint-Pierre-d’Oléron (Charente-Maritime) : une visibilité supplémentaire
« Nous avons été les premiers viticulteurs et les premiers sur une île à devenir ferme relais en mai 2019 », résume Géraldine Vincent, du vignoble Vincent. Le domaine reçoit 20 à 25 colis chaque semaine, le mardi. Après avoir déchargé et flashé, l’accueil des clients peut commencer. « Les gens d’ici sont très contents, car cela leur évite deux heures de route. » Certains sont tellement pressés de récupérer leur machine à laver ou leur canapé qu’ils oublient de prendre rendez-vous. Qu’à cela ne tienne. Géraldine Vincent a confié à une salariée qui gère déjà l’accueil au caveau le soin de les réceptionner. Une tâche qui l’occupe deux à trois jours par semaine.
Pour le domaine, la rémunération est de 500 euros par mois en moyenne. Avec sans doute un impact positif sur la fréquentation de la boutique qui propose cognac, pineau et liqueurs. Peu d’entre eux s’y arrêtent le jour même. Mais beaucoup témoignent l’envie de revenir, ayant appris l’existence du domaine. « Il est difficile d’estimer précisément l’impact sur le chiffre d’affaires de notre boutique, mais il a progressé depuis deux ans », indique Géraldine Vincent, qui a supprimé les marchés et Salons et augmenté sa communication, en parallèle.
Faire venir les clients potentiels sur le domaine et gagner en notoriété : telles étaient les deux motivations de Géraldine Vincent  pour devenir  ferme relais. © Vignoble Vincent

 

Article paru dans Viti 453 de juillet-août 2020

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