« Pour lutter contre l'esca, il faut revenir à un greffage plus qualitatif »

Sur ce plant greffé-soudé de l’année, les nécroses internes sont très visibles. Worldwide vineyards

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S’appuyant sur une étude qu’il a coréalisée avec l’ISVV et sur ses observations personnelles, Marc Birebent soutient que le greffage mécanique favorise l’esca. Pour lui, la diminution des maladies du bois passe par le retour à la greffe manuelle, de qualité.

Le suivi de 19 parcelles de cabernet-sauvignon dans la région bordelaise et de 30 parcelles de mourvèdre en Provence fait état d’une différence d’extériorisation des symptômes d’esca en fonction du type de greffe utilisé. Quel que soit le cépage, les plants greffés manuellement en fente sont beaucoup moins touchés par l’esca (0,64  % de taux moyen d’expression de l’esca) que ceux ayant été greffés mécaniquement à l’anglaise ou en omega (8,8 %). Les mêmes tendances ont été constatées concernant la mortalité des ceps. Pour Marc Birebent, l’un des coauteurs de l’étude publiée en 20171, c’est la confirmation de nombreuses années d’observations qu’il a effectuées dans le cadre de son entreprise spécialisée dans le greffage et le surgreffage Worldwide Vineyards. « Le greffage en omega génère une «caverne» nécrosée au milieu des plants, dans laquelle les champignons vont pouvoir s’installer et se développer. Pour moi, l’esca est un accident vasculaire, pas une maladie », insiste-t-il. Pour améliorer la situation, « il ne faut pas se limiter à apprécier la solidité du cal de soudure, comme on est en train de le faire, en suivant une mauvaise piste ».

Faire les comptes sur le moyen terme

Sa solution ? Revenir à des greffes qualitatives, qui ajustent bien les tissus cambiaux. « Je ne prétends pas tout greffer ! Il y a deux ou trois générations, tout le monde était greffeur. Pourquoi ne pas recommencer ? » propose-t-il. Selon lui, le coût n’est pas un argument pertinent. « Le greffé-soudé, on le paie deux fois  : une première fois à l’achat et une deuxième lorsque l’on est obligé d’arracher les vignes au bout de 25 ans et qu’entre-temps, on a remplacé 2 à 3  % des pieds par an », commente-t-il.

Selon un chiffrage qu’il a réalisé, le coût de plantation et de complantation d’une parcelle avec des plants greffés en omega2 peut s’établir à 38 000  €/ha pour 25 ans en cas de faible mortalité, voire 48 000  € en cas de forte mortalité, contre 42 000  € pour une plantation de porte-greffe puis de greffage en place. Dans le premier cas, la parcelle produit un vin jeune et vieux à la fois car 39  % des ceps ont été remplacés. Pour le greffage en place, 80  % des ceps sont d’origine. « L’esca existait déjà du temps des Romains, mais de manière anecdotique, souligne Marc Birebent. Il y a eu une première recrudescence au début du xxe siècle, avec le greffage, puis au début des années 1980, avec la généralisation de la greffe en omega. » Pour lui, cette coïncidence n’en est pas une.

(1) L’étude « Impact of grafting type on Esca foliar symptoms » est à consulter ici.

(2) Les hypothèses sont les suivantes : densité = 3 800 pieds/ha. Les opérations concernent l’arrachage, la plantation, le palissage, la formation des plantiers, la complantation pendant 25  ans. Faible mortalité = 2  % au départ, puis 1  % par an ; forte mortalité = 3  % au départ, puis  2 % par an. Pour les plants greffés sur place, la mortalité prise en compte est de 1  % au départ, puis de 0,5 % par an.

>> Sur le même sujet, lire également : « Nous ne connaissons pas (encore) l’impact des nécroses sur l’esca »

Article paru dans Viti 452 de mai-juin 2020

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