L’agriculture, un employeur de poids

Thierry RYO/Adobe Stock

En 2016, on compte un peu moins de 440 000 exploitations agricoles en France métropolitaine. L’agriculture assure un emploi permanent à 824 000 personnes qui occupent, dans sept cas sur dix, des fonctions d’actifs dirigeants. Bien que ce nombre d’actifs continue à diminuer (- 2 % par an entre 2010 et 2016), le nombre d’emplois liés, en amont et en aval, à l’agriculture est estimé à plus de 3 millions, ce qui en fait le deuxième employeur de France. Parmi ces emplois, on peut trouver, par exemple, en amont, les semenciers, les fabricants de matériel agricole et d’engrais et, en aval, les commerçants de gros et l’industrie agroalimentaire. Certaines études prennent en compte le travail dans les commerces de bouche (boulangeries, boucheries) et les grandes surfaces. Selon les sources, un emploi sur une exploitation agricole génère de 0,7 à cinq emplois indirects liés à l’agriculture.

Sébastien Ropers, boulanger artisanal (29) : « Faire vivre nos agriculteurs pour faire perdurer nos métiers »

« Boulanger depuis l’âge de seize ans, je suis à la tête d’une boulangerie artisanale à Guipavas (29) depuis 2016. Pour la confection d’une gamme composée d’une trentaine de références de pains (pain blanc classique, pain aux céréales, pains spéciaux, baguette de tradition, gamme biologique…), je travaille notamment avec la Minoterie du Bocage (22) qui me fournit différentes farines pures : farine de type 80, de type 110, farine label Rouge issues de blés CRC (Cultures raisonnées contrôlées), farine bio. Très sensible aux démarches éthiques, à la qualité et à l’origine des produits, j’utilise également de la farine de blé agri éthique, issu de cultures vertueuses pour l’environnement et locales.
Je suis prêt à payer plus cher cette farine à partir du moment où l’agriculteur est rémunéré au juste prix. En utilisant cette farine, je contribue à garantir aux agriculteurs français un revenu avec une marge leur permettant d’investir avec une vision à long terme. Il est important de faire vivre nos agriculteurs pour faire perdurer nos métiers ! Sans exploitants, pas de matière première, pas de boulangers et pas de pain. Mon métier, que j’exerce avec passion, dépend entièrement de l’agriculture. Tout boulanger souhaitant travailler dans la plus pure tradition boulangère est contraint de travailler en partenariat avec des minotiers et des agriculteurs. Je sais ce que je dois à l’agriculture. 

La filière vin : 558 000 emplois directs et indirects
142 000 viticulteurs
300 000 emplois indirects (tonnellerie, chaudronnerie, logistique, bouchon, verre, communication, imprimeries, chimie, laboratoires d’œnologie, prestataires de services, constructions, assurances, banques…)
15 000 salariés dans les syndicats, les interprofessions, les chambres d’agriculture, les douanes, les chercheurs et les lycées viticoles
38 000 négociants
21 000 emplois saisonniers
10 700 salariés des cavistes
8 300 salariés des coopératives viticoles
15 000 salariés de la grande distribution
5 000 salariés dans les administrations
3 000 sommeliers
Source : Vin et société.

Sébastien Rousselle, responsable marketing biosolutions, Bioline Agrosciences : « L’agriculture, un secteur éminemment important »

« Je suis responsable marketing biosolutions chez Bioline Agrosciences, une société dédiée à la mise sur le marché de solutions de biocontrôle, afin de lutter contre les ravageurs des cultures. Dans ses sept biofabriques, l’entreprise, issue de la fusion de Biotop et de Bioline, élève des insectes et des acariens d’espèces diverses : des prédateurs et des parasitoïdes d’insectes ravageurs (trichogrammes, acariens prédateurs, punaises prédatrices, coccinelles, chrysopes…) ainsi que des solutions de pollinisation à la fois pour les professionnels de l’agriculture et pour le grand public, et pour tous les types d’utilisations : vigne, grandes cultures, fruits et légumes sous abri, cultures ornementales, arboriculture. En tant que responsable marketing, mon rôle est d’observer les marchés, de comprendre les demandes des clients de façon à faire évoluer notre portefeuille produits et d’accompagner les utilisateurs ainsi que les distributeurs, en mettant à leur disposition tous les outils nécessaires pour utiliser les produits dans les meilleures conditions (notices, fiches techniques, formations…). Dans ce métier, je travaille sans lien direct avec l’utilisateur final mais avec les équipes de distribution, dans le but de connaître les problématiques et les besoins des clients, et de valider leur satisfaction. Issu d’une famille d’agriculteurs, ce métier est en quelque sorte un prolongement de mes racines. L’agriculture est un secteur passionnant, de plus en plus complexe et éminemment important : c’est celui qui répond à notre besoin vital d’alimentation, à notre exigence de qualité alimentaire et de sécurité sanitaire… De nombreux métiers sont engendrés par ce secteur et dépendent entièrement de lui. 

Samira Lemaire, primeur (30) : « Sans agriculture, le commerce de proximité n’existerait pas »

« Depuis vingt ans, je suis la gérante d’un magasin de fruits et légumes frais, et d’épicerie fine, à Uzès (Gard). Mon travail consiste à sélectionner des produits auprès des producteurs locaux et des grossistes (pour les agrumes et les bananes), à faire l’agencement du magasin et à accueillir les clients. Ma priorité ? Proposer au consommateur un large choix de produits locaux et de saison. Aussi, jusqu’à 80 % de l’offre provient de producteurs locaux en pleine saison. En ce moment, les asperges, par exemple, sont produites à cinq minutes du magasin ! Depuis des années, je travaille en étroite relation avec ces fournisseurs et un lien de confiance s’est établi avec eux. Que ce soit pour le choix des fruits et des légumes, le prix, le calibre ou la qualité, ils me font une sélection de produits qui correspond toujours à mes attentes. Les producteurs sont le maillon fort de la filière fruits et légumes. J’admire et je respecte ces agriculteurs qui travaillent dur, sans lesquels mon magasin ne pourrait fonctionner. Aussi, je négocie très peu les prix avec eux et je privilégie la qualité. Les consommateurs sont prêts à payer ce qui est beau et bon. L’agriculture est vitale pour nos métiers. Sans elle, le commerce de proximité n’existerait pas. »

Pour un emploi direct, six emplois générés
Au-delà des emplois directs, l’agriculture crée beaucoup d’emplois indirects ou induits. Mais ces derniers sont bien difficiles à recenser. L’organisation de producteurs de noix et de noisettes Unicoque s’est rapprochée du laboratoire Crief, de la faculté des sciences économiques de Poitiers, afin d’estimer le nombre d’emplois générés par le travail d’Unicoque. Les chercheurs se sont appuyés sur les fichiers des fournisseurs d’Unicoque, le fichier des achats de noix et de noisettes aux producteurs, le fichier des ventes, le fichier des ressources humaines, les comptes des exercices et des données collectées auprès de l’Insee. Selon l’étude, pour un emploi direct chez Unicoque, six emplois sont générés en France ! En effet, Unicoque compte 93  emplois directs (employés de l’organisation), 289  emplois indirects (les producteurs et les fournisseurs) et 268  emplois induits (liés à la consommation des ménages de noix et noisettes Unicoque). L’organisation génère ainsi 650  emplois. 24  % concernent directement l’agriculture (dont les producteurs), 18  % le commerce (dont Unicoque), 14  % l’administration publique, 11  % les activités scientifiques et techniques, 7  % la fabrication de produits industriels, 4  % les autres services, et 22  % les autres secteurs.

Article paru dans Viti Les Enjeux 32 de mai 2020

Actualités

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15