Combien coûte une implication dans les réseaux sociaux pour un vigneron ?

Selon Élissa Dubaux, conseillère en communication chez Cerfrance Gironde, le retour sur investissement s’exprime rarement en valeur monétaire, sauf si le vigneron suit les statistiques du réseau en lien avec sa base de données clients. Photo : AdobeStock

Pour de nombreux vignerons, il est difficile d’évaluer le coût inhérent à l’investissement dans les réseaux sociaux. Nous avons donc interrogé des viticulteurs, des agences de communication et de services. Éclairant.

À interroger les uns et les autres, la présence sur Internet et les réseaux sociaux semble indispensable. Mais d’un vigneron à l’autre, les objectifs et les implications diffèrent. Arrive vite la question de l’investissement financier. Combien ça coûte ? Pour Boris Desbourdes, jeune installé près de Chinon, les réseaux sociaux font partie du quotidien. Sur Facebook depuis 2009 et sur Instagram depuis 2010, chiffrer son implication ne l’intéresse pas. Son objectif n’est pas de vendre du vin à travers les réseaux sociaux. « Ma famille estime que j’y passe beaucoup trop de temps, sourit-il. J’aime échanger et expliquer la façon dont je travaille. Au lieu de fumer une cigarette, je tapote sur mon clavier. C’est devenu une passion, certes un peu chronophage. Mais à part du temps pour réaliser les photos, les poster, décrire mes activités ou répondre aux commentaires, cela ne me coûte rien. » 

L’objectif est le même pour Michel Arcelain, à Pommard en Bourgogne, qui souhaite surtout faire découvrir son travail au quotidien. Il y passe quatre heures par semaine.

Parce qu’il faut y être

De son côté, Nicolas Rainon, du domaine champenois Henriet-Bazin, passionné de photos, consacre une à deux heures par semaine aux réseaux sociaux. À la belle saison, la prise de photos et le montage sur Facebook et Instagram lui demandent jusqu’à cinq heures. « Je suis sur les réseaux sociaux parce qu’il faut y être, soupire-t-il. J’aimerais croire que cela fidélise nos clients. J’incite les acheteurs à suivre notre actualité sur Facebook et à garder le contact. Mais je n’ai jamais réussi à en faire vraiment de la prospection. En revanche, j’entretiens une certaine image. C’est ainsi qu’un importateur suédois, qui avait fait une présélection, a choisi notre domaine parce qu’il se retrouvait dans l’esprit de nos pages Facebook. » Il ajoute, amer : « Ces réseaux sociaux fonctionnent à l’immédiateté, à l’éphémère, et nous ne souhaitons pas nous investir davantage. Par exemple, il faut beaucoup de patience pour retrouver un message écrit il y a plusieurs mois. »

Le château Reignac mise sur le digital
Environ 15  % du chiffre d’affaires du château Reignac provient du digital. Photo : Reignac
Le château Reignac, en Gironde, 75  ha, 18 permanents, 350 000 bouteilles vendues par an, s’est engagé dans les réseaux sociaux depuis 2011. Il est classé cinquième des propriétés bordelaises sur les 500 suivies par l’agence Mybalthazar, pour leur implication dans les réseaux sociaux. « Nous réalisons tout en interne, explique Mona Roson, chargée principalement du e-commerce et diplômée en master média et communication. Nous multiplions les formats (dessins, vidéos, création du personnage Reignyx…). Nous avons investi dans du matériel performant. Notre équipement (ordinateur, caméra, appareil photo) nous est revenu à seulement 1 500  euros. J’ai effectué aussi un stage de formation pour optimiser le logiciel de montage vidéo. » Un budget important est consacré à Internet, notamment en publicité. « Si nous mettons une belle photo par exemple, quelques personnes seulement viendront “liker” et cela n’aura aucun impact sur nos ventes, souligne Mona Roson, car la règle de Facebook et d’Instagram est de proposer nos publications à seulement 2  % de nos followers. Pour toucher davantage de monde, nous boostons les publications moyennant finances. La publicité, dont le montant dépend du nombre de personnes que l’on souhaite toucher, est très ciblée et sur un temps bien défini. C’est ainsi que nous faisons des prospections. » Finalement, 15 % du chiffre d’affaires du château Reignac provient de la vente en ligne dont une bonne partie a pour origine les réseaux sociaux.

Les risques de ne pas investir

Le cabinet de conseil et d’expertise-comptable Cerfrance Gironde a fait le pari d’accompagner les vignerons qui souhaitent investir dans le digital. Les premiers accompagnements ont démarré en février. « En s’en donnant les moyens, explique Élissa Dubaux, conseillère en communication, le vigneron peut devenir visible sur Internet, fidéliser ses clients, développer ses ventes et prospecter. Selon son objectif, il investira donc plus ou moins. À Cerfrance, nous prenons en compte tout l’écosystème digital, Internet et les réseaux sociaux. » Elle explique la stratégie : « En premier lieu, la création d’un site Internet est indispensable, avec comme première démarche, le référencement. Sans ce dernier, le site Internet ne peut être visible. L’inscription à Google My Business est donc une première étape. Ensuite, le vigneron doit choisir le ou les réseaux sociaux adaptés à sa stratégie, afin de booster les visites sur son site. » Choisir Facebook ou Instagram permet de s’adresser au marché des particuliers, et Linkedin et Twitter aux professionnels. « Le retour sur investissement s’exprime rarement en valeur monétaire, spécifie Élissa Dubaux, sauf si le vigneron suit les statistiques du réseau en lien avec sa base de données clients. En revanche, il est plus facile de lister les risques de ne pas être sur les réseaux. » Parmi ceux-ci, la conseillère en communication cite la perte de maîtrise de notoriété et de sa communication sur les produits. Avec le conseiller, le vigneron peut bâtir une ligne éditoriale avec un objectif de publications. En trois heures par semaine, le vigneron aura pris des photos, rédigé des textes ou réalisé des vidéos, trouvé les mots-clés et mis en forme le contenu. « Une photo sans texte n’est guère lue. Et ce sont les vidéos qui marchent le mieux, indique Élissa Dubaux. Il existe aussi des astuces pour booster ses publications, comme l’utilisation de hashtag (#). » Le service proposé par Cerfrance Gironde au vigneron qui réalise lui-même ses supports, revient à 200  euros par mois minimum, sans compter la formation sur le digital. Quant au temps passé, les coûts sont très variables. Tout dépend de la personne qui est en charge de ce travail : le chef d’entreprise, le communicant, le stagiaire ou une société de services.

Clic et Plume facture par abonnement

L’agence Clic et Plume, dirigée par Carine Charlier, réalise des prestations digitales pour le compte  de vignerons. Photo : Carine Charlier
L’agence Clic et Plume, créée par Carine Charlier dans le secteur d’Épernay (51), réalise des prestations digitales pour le compte de vignerons. « Je facture par abonnement le travail que je réalise, spécifie-t-elle. Comme community manager, j’émets des idées de publication, je récolte aussi des contenus, des idées émises par le client, je crée et optimise les contenus, retouche mes photos, puisque je suis photographe, ou celle de mon client afin de valoriser ses produits et son entreprise. Le forfait mensuel, environ 420  euros, comprend une publication hebdomadaire sur deux réseaux sociaux. » 

Ainsi, autant de vignerons, autant de modalités et de stratégies. L’investissement sur les réseaux sociaux ne s’improvise pas.

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