Les prochaines variétés de vigne résistantes aux maladies seront-elles franco-suisses ?

À Colmar, les co-obtentions possédant des résistances polygéniques au mildiou et à l’oïdium sont comparées à des cépages de vigne témoin. Photo : Inrae

Depuis 2009, les chercheurs français de l’Inrae et leurs homologues suisses d’Agroscope unissent leurs connaissances sur les cépages de vigne résistants aux maladies fongiques. Quinze variétés issues de croisements transalpins ont d’ores et déjà été jugées d’intérêt pour leur résistance totale à l’oïdium, très élevée au mildiou et, pour certaines, élevée au black-rot.

D’un côté comme de l’autre des Alpes, l’usage de produits phytosanitaires dans l’agriculture fait débat. Pour limiter leur emploi et notamment celui des fongicides, les variétés résistantes représentent une solution activement développée par la recherche française. Les programmes de sélection suisses ont abouti à l’homologation de deux variétés résistantes : divico (R) et divona (B). En France, l’Inrae, par le biais du programme Resdur, a fait inscrire au catalogue ses quatre premières variétés résistantes en 2018 : artaban (R), vidoc (R), floreal (B) et voltis (B). Le panel de variétés résistantes est encore appelé à s’étoffer, avec les obtentions Inrae issues de la suite du programme Resdur mais aussi avec des co-obtentions franco-suisses.

Trois années de résultats pour tester les résistances

Depuis plus de dix ans, les chercheurs des deux pays travaillent sur un programme commun. À ce jour, quinze variétés ont atteint l’étape de sélection finale, qui consiste à évaluer avec précision leurs aptitudes sur le terrain. Les équipes de recherche de l’Inrae et d’Agroscope annoncent la présentation au catalogue des premières co-obtentions pour 2024-2025.

Dans un article de recherche intitulé Programme de collaboration franco-suisse pour la création de nouvelles variétés de vigne durablement résistantes au mildiou et à l’oïdium, les auteurs détaillent les premiers résultats des variétés franco-suisses obtenus de 2014 à 2016 sur les sites de Colmar (France) et de Pully (Suisse). « Pour la résistance au mildiou, les facteurs de résistance associent Rpv1 à Rpv3 et/ou Rpv10. Chacun détermine une résistance partielle, de niveau moyen à élevé. Comme attendu, leur pyramidage ne conduit pas à une résistance totale mais permet d’atteindre un très haut niveau de résistance. Pour une large majorité de descendants, les dégâts restent limités à 1  % de la surface foliaire pour les trois années et pour les deux sites », sans qu’aucun traitement ne soit appliqué. En comparaison, les deux cépages témoins (chardonnay et merlot sans protection phytosanitaire fongicide) sont fortement impactés, avec des dégâts allant jusqu’à 90  % en 2016.

Pour l’oïdium, grâce au facteur Run1, la résistance est totale : « Aucun symptôme n’a pu être observé, ni sur feuille ni sur grappe, quels que soient le lieu et l’année. »

Une résistance polygénique obligatoire
Depuis le lancement du programme Resdur, l’Inrae a souhaité investir dans la recherche de variétés possédant plusieurs facteurs de résistance, pour le mildiou comme pour l’oïdium. Les variétés issues de la collaboration franco-suisse ne dérogent pas à cette décision. Dans le détail, les nouvelles variétés possèdent au moins deux facteurs de résistance au mildiou et deux facteurs de résistance à l’oïdium, dont Run1 (protection totale contre la maladie). De la Suisse, les nouvelles variétés héritent d’un bon niveau de résistance au black-rot et d’une faible sensibilité à la pourriture grise.

Une large diversité de profils

Une première étape de sélection sur le terrain, appelée sélection intermédiaire, est conduite depuis 2012. Elle est basée sur des microparcelles de quatre ou cinq pieds et a permis de mieux caractériser les quinze variétés candidates à l’inscription.

Les dates de vendanges s’échelonnent du 17  septembre au 18  octobre à Colmar, et du 10  septembre au 14  octobre à Pully. Selon les variétés présélectionnées, les maturités sont précoces à tardives.

Pour caractériser la résistance au mildiou et à l’oïdium, les chercheurs effectuent des tests moléculaires à partir de prélèvements de jeunes feuilles de vigne. Photo : Inrae
Du côté des rendements, la moyenne est de 1,2  kg/m² à Pully et de 1,3  kg/m² à Colmar, avec une fourchette variant de 1 à 2  kg/m². Pour comparaison, le chardonnay témoin non traité a un rendement moyen de 0,2 kg/m², tout comme le merlot, en raison des pertes de récoltes infligées par le mildiou ou par l’oïdium.

La composition des moûts a aussi été suivie par les chercheurs français et suisses. Pour les quinze variétés retenues, la teneur en sucre moyenne est de 20,8  % Brix à Colmar et de 21,2  % Brix à Pully, ce qui est légèrement plus bas que les données enregistrées pour les témoins. Les valeurs de pH sont, quant à elles, très variables, s’échelonnant grosso modo de 2,9 à 3,3.

Enfin, la qualité organoleptique du vin issu de microvinfication a été jugée pendant trois ans. Les quinze variétés sélectionnées pour l’étape finale donnent, millésime après millésime, une impression générale satisfaisante, tant sur les appréciations visuelle et olfactive que gustative. L’étape de sélection finale permettra de préciser ces aspects.

Plus d’essais en régions

Désormais, les quinze variétés résistantes aux maladies jugées d’intérêt par les chercheurs suisses et français doivent être évaluées pour leurs valeurs agronomique, technologique et environnementale. Des essais implantés en 2018 sont en cours dans le Valais en Suisse ainsi que dans trois régions françaises : en Champagne, dans le Val de Loire et dans la vallée du Rhône.

Pour lire l’intégralité de l’article de recherche détaillant les premiers résultats sur les variétés résistantes franco-suisses, rendez-vous ici.

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Article paru dans Viti 451 d'avril 2020

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