Les chaufferettes antigel se mettent au bois

Photo Alabeurthe

Face au gel de printemps, un nouveau dispositif semble vouloir percer en 2020 : les chaufferettes au bois (granulés, bûchettes ou bûches selon les modèles). Une solution plus écologique que les anciennes chaufferettes au fioul, qui apporte de bons résultats d’après les premiers essais remontés.  

« Les chaufferettes à fioul ont été bien vendues ici, il y a 20-25 ans, mais depuis le fioul est devenu bien plus cher. Sans compter les problèmes de pollution et d’odeur. D’où notre intérêt pour la chaufferette bois que nous nous sommes mis à fabriquer en 2020 », explique Cédric Aymonin, responsable du site Alabeurthe de Chablis, distributeur de matériel viti-vinicole depuis une quarantaine d’années. « Avec la crise du coronavirus, deux

photo Alabeurthe
de mes fabricants se sont mis à l’arrêt, d’où la mise en place d’un partenariat avec Alabeurthe, pour sortir 200 à 300 chaufferettes par semaine contre 500 prévues initialement », témoigne Claude Gros, inventeur d’une chaufferette bois brevetée, de la société Viti-Chauffe.

Si son idée remonte à plus de dix ans, notamment en brûlant des sarments de vigne, le concept n’avait pas percé. « Le fioul et l’électricité étaient encore bon marché, le gel de printemps n’était pas si problématique, et la revalorisation des déchets de ferme ne préoccupait pas autant les producteurs. Mais ça change ! » se félicite le chaudronnier de formation, qui mise sur une fabrication franco-française et une distribution régionale. Des tests sont également menés en Champagne auprès de la maison Taittinger.

Autonomie jusqu’à dix heures

1 200 chaufferettes ont été déjà assemblées et sont en cours de livraison chez Alabeurthe. Une cinquantaine de modèles ont été gardés pour des essais sur Chablis, notamment sur la nuit du 1er au 2 avril, sur une parcelle de 10 ares de Stéphane Aufrère, du domaine des Geneves, à Fley. Les chaufferettes à granulés se positionnent comme celles au fioul, tous les 50 m², soit 200 à 250 chaufferettes par hectare de vigne.

Une fois allumées, elles peuvent avoir jusqu’à une autonomie d’une dizaine d’heures, pour deux sacs de 15 kg de granulés mis dans le réservoir, à raison d’une consommation de 1,5 à 3 kg de granulés par heure pour une chaufferette de 15 kW. « Le premier essai a été concluant, avec un allumage à 1 h du matin, à 0 °C, la parcelle n’est descendue qu’à - 2,5 °C contre - 4,2 °C ailleurs. Mais nous souhaitons améliorer le process pour dégager encore plus de chaleur », explique Cédric Aymonin. L’allumage se fait pour le moment par le biais d'une lampe à gaz, et l’arrêt peut se commander par fermeture automatique de la trémie.

Créer une masse d’air chaud

« Je prévois d’intégrer l’allumage automatique, couplé avec des balises météo, et un système de traçage pour éviter le vol, poursuit Claude Gros. L’important n’est pas de trop chauffer la vigne, au risque de brûler quelques bourgeons, mais de créer une masse d’air chaud qui stoppe le gel radiatif. La combustion aspire l’air froid ambiant du sol et le sèche, puis, dans un deuxième temps, elle permet un rayonnement de la chaleur. »

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C’est grâce à l’emploi de bois densifié que la chaufferette peut dégager autant de chaleur. « Nous avons fait des essais avec des plaquettes, mais la température ne monterait pas suffisamment, et l’autonomie était insuffisante », poursuit le responsable Alabeurthe. Claude Gros précise qu’il est tout de même possible d’ajouter un tiers de combustibles issus de son exploitation, sous forme de broyat (plaquettes de bois, sarments, coquilles et noyaux, de granulométrie G10 ou G15) : « L’idée est de rendre le producteur plus autonome dans sa lutte contre le gel et de valoriser les déchets de l’exploitation jusque-là sans intérêt. » Les cendres, elles, sont réceptionnées sous le brûleur (10 g/kg de granulés brûlés).

Coût d’une chaufferette : 230 à 250 euros HT, avec un prix dégressif en fonction du nombre, indique Alabeurthe. « Nous avons mené toute une série de tests de combustion et d’analyses de rejets, qui ont permis à nos chaufferettes d’être référencées viticulture durable, et ainsi être homologuées pour la lutte antigel en Champagne. Autre gros intérêt : hormis lors de la phase d'allumage, les chaufferettes au bois ne dégagent pas de fumée », se félicite l’inventeur, qui précise aussi proposer des chaufferettes de 50 à 100 kW, utilisées en combinaison avec des éoliennes pour lutter contre le gel.

Contact de Claude Gros : contact@cg-innovations.fr, 07 80 32 74 88

Trois questions à l’inventeur, Claude Gros 
Quid du risque de vol de chaufferettes ou de granulés ?

Claude Gros : Les chaufferettes sont prévues pour être fixées au sol. Vous avez aussi la possibilité de les relier à des petits fils d’alarme, qui envoient une sonnerie s’ils sont coupés. Pour le vol de granulés, qui est beaucoup plus improbable, je conseille de ne charger la chaufferette qu’au dernier moment, selon le risque de gel.
Les granulés ne risquent-ils pas de prendre l’humidité ?
C. G. : La trémie est hermétique à la pluie, et sans gros risque de condensation. Et là aussi, l’intérêt est de ne mettre que la quantité de granulés prévue selon la durée du gel, quitte à recharger si besoin ensuite.
Quelle est la rentabilité d’un tel investissement ?
C. G. : Le calcul dépend des secteurs et des valorisations des bouteilles, mais j’ai calculé un retour sur investissement de cinq à sept ans, sachant que les chaufferettes peuvent tenir sûrement plus de 20 ans !
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