Comment intégrer les produits de biocontrôle en vigne ?

Pour débuter le biocontrôle, il est préférable de commencer par les produits « historiques » à l’efficacité et aux modalités d’application connues. ©  Mellow10/adobe stock

Cet article de Viti hors-série 31 de décembre 2019 vous est proposé gratuitement et dans son intégralité. Bonne lecture ! Pour vous abonner, RV sur notre e-kiosque.

 

Les produits de biocontrôle sont de plus en plus nombreux sur le marché, mais leur utilisation, et notamment la reproductibilité des résultats, interpelle de nombreux viticulteurs. Comment se lancer sans prendre (trop) de risques ? Que peut-on attendre des produits de biocontrôle contre les maladies en vigne ?

 

Les produits de biocontrôle se développent : la liste officielle comprend une trentaine de produits utilisables en vigne, avec la récente adjonction du Taegro (Bacillus amyloliquefaciens) de Syngenta contre oïdium et botrytis. Malheureusement, il n’y a pas de recette toute faite concernant l’emploi du biocontrôle contre les maladies de la vigne… ce qui freine leur adoption au vignoble. Il faut distinguer deux catégories de produits de biocontrôle : d’abord, les produits historiques comme le soufre, les phosphites, la confusion sexuelle, le Bt, que l’on connaît désormais très bien et que l’on sait bien utiliser. Sur ce type de produits, sous réserve de respecter les modalités d’application, il n’y a pas de risque. Pour les autres, on manque encore de recul. Le principal frein à l’utilisation des produits de biocontrôle, ce sont les efficacités partielles, mais surtout variables d’un millésime à l’autre, d’une parcelle à l’autre, ce qui rend leur utilisation plus difficile. Savoir quels produits sont intéressants et comment les employer de façon optimale demande du temps et de multiplier les expérimentations. « Nous mettons en place depuis 2014 des essais sur des produits de biocontrôle contre le botrytis. Depuis 2018, nous avons commencé le projet Alt’Fongi biocontrôle, coordonné par la chambre d’agriculture de Gironde, avec l’IFV et l’EPLEFPA Bordeaux Gironde, cofinancé par le CIVB, visant à tester différents produits dont la majorité est déjà homologuée et commercialisée, sur trois grandes plateformes : oïdium, mildiou et botrytis », indique Nicolas Aveline, de l’IFV.

Le but : sortir quelques candidats et proposer ensuite une stratégie d’intégration pertinente et efficace.

Une stratégie 100 % biocontrôle sur oïdium

Généralement, les préconisations d’emploi sécurisent l’usage du biocontrôle en l’associant à des produits conventionnels avec des réductions de doses. Or, souvent, un certain pourcentage d’un produit conventionnel suffit à assurer une protection, cela ne permet donc pas toujours d’optimiser l’apport du produit de biocontrôle. Pour le mildiou et l’oïdium, l’apport en complément par des fongicides classiques (respectivement cuivre et soufre) est piloté selon divers critères afin de s’adapter au mieux aux conditions de la saison. « Sur oïdium, nous avons choisi de tester les produits de biocontrôle seuls, puis relayés par du soufre si on observe une apparition d’oïdium au-delà d’un seuil de plus de 10 % de fréquence sur grappes. Pour le mildiou, la règle de décision s’appuie sur une réduction de la dose de cuivre proposée par l’outil de l’IFV Décitrait, en prenant en compte la pression, les pluies annoncées et l’état sanitaire de la parcelle. » En 2019, l’oïdium, bien que tardif, était présent (pression moyenne) et a permis quelques évaluations. « Deux produits se sont détachés sur l’aspect efficacité dans ces essais, avec une stratégie les faisant intervenir seuls sur toute la saison : l’Armicarb (bicarbonate de potassium) et l’huile essentielle d’orange douce (Prev-AM plus ou Limocide). Bastid (COS-OGA) a également montré un petit effet, mais moindre. Roméo (Cérévisane) n’a pas présenté d’efficacité dans les conditions de l’essai », indique Nicolas Aveline.

 

Deux produits se sont détachés sur l’aspect efficacité dans les essais Alt’Fongi biocontrôle sur oïdium : l’Armicarb et le Limocide. © rodez51/adobe stock

 

Sur le mildiou, plusieurs produits de la liste biocontrôle ont été testés en les associant avec du cuivre à une dose modulée et réduite (environ 1 500 g/cuivre métal/ha au global). « Sans surprise, les phosphites associés à une faible dose de cuivre donnent de bons résultats. C’est également le cas du Limocide, les produits SDP stricts n’ont pas apporté d’efficacité supplémentaire à la dose seule de cuivre. Ces résultats confirment les premières constatations faites en 2018. »

Des pistes à travailler

Contre le botrytis, les essais menés dans Alt’Fongi, mais aussi ceux conduits dans le cadre du Resaqvitibio/projet Biobot ont mis en évidence une efficacité régulière de l’Armicarb. La pression 2019 a été trop faible sur la parcelle d’essai pour obtenir des résultats interprétables.

Le but de ces essais est d’identifier, pour chaque maladie, deux à trois produits de référence qui pourront servir à élaborer des stratégies de protection.

« Substituer simplement les phytosanitaires conventionnels par le biocontrôle, ce n’est pas pour demain. Il reste beaucoup de pistes à travailler, comme associer deux produits de biocontrôle, les alterner, etc. L’association Limocide-phosphites donne par exemple des résultats intéressants contre le mildiou. Certains produits ont des double, voire triple actions : un traitement Armicarb fin floraison peut avoir des effets contre l’oïdium et contre le botrytis. Le Limocide présente à la fois un effet sur le mildiou et sur l’oïdium, etc. Tout cela doit être intégré. On manque encore d’outils pour évaluer les produits à base de micro-organismes ou à action de type SDN (stimulateur des défenses naturelles). Un outil de traçabilité des micro-organismes de biocontrôle au vignoble serait particulièrement utile par exemple. Car si le micro-organisme ne s’est pas installé, on ne peut pas évaluer son efficacité… L’impact des traitements au cuivre dans le vignoble demande également à être étudié. »

Côté perspectives, les acteurs de terrain attendent beaucoup des produits de biocontrôle de seconde génération, aux modes d’action innovants. Le biocontrôle n’en est encore qu’à ses balbutiements.

 

Viti hors-série 31 de décembre 2019

Article paru dans le hors-série 31 de décembre 2019

Viticulture

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15