« Dans le cognaçais, pas moins de 420 variétés de vigne ont été obtenues ces dernières années avec des résistances pyramidées à l'oïdium et au mildiou, dans l'objectif de réduire les traitements phytosanitaires, précise Loïc Le Cunff de l'IFV, lors d'une journée au Lycée Georges Desclaude de Saintes, jeudi dernier 12 septembre, organisée par la chambre d’agriculture de Charente-Maritime. Par comparaison, le catalogue français comprend 414 variétés de raisins [383 à fruit et 31 porte-greffes]. » Ces candidats à l’inscription vont maintenant devoir faire leurs preuves au vignoble durant six ans, avant de passer au stade 3 de la VATE durant six ans également.
Quatre cépages pour la première génération
Une première génération de plants résistants a été créée par croisement de l’ugni blanc avec une variété résistante d’Alain Bouquet de l’Inra, en 2003, par la station viticole du Bnic et l’Inra. Sur les 800 pépins issus du croisement, quatre cépages résistants ont été retenus (rés. partielle au mildiou, rés. totale à l’oïdium) : 1D10, 2E5, 1B12, 3G3 (qui seront renommés ensuite). Ces variétés, composées à 98 % de vitis vinifera dont 50 % d’ugnic blanc, sont en cours d’inscription au catalogue et en classement temporaire.
Avec un dépôt de dossier au CTPS envisagé pour fin 2020, l’agrément est attendu pour 2021, avec la volonté ensuite de les inscrire sur la liste des "variétés d’adaptation" pour être plantées sur l’AOC cognac, dans une limite de 5 % de la surface, indique Gérald Ferrari, directeur adjoint de la Station viticole du Bnic.
Si ces quatre cépages ont des différences dans la composition de leurs moûts, les dégustations pilotes menées sur des eaux-de-vie obtenues à l'échelle pilote (à partir de 100 litres de vin) ont montré des profils proches de l’ugni blanc avec une diversité entre cépages.
Gerald Ferrari, adjoint au directeur de la station viticole du Bnic. Photo O. Lévêque/Pixel6TM
Davantage de diversité via la deuxième génération
Les plants résistants de deuxième génération, issus des travaux de Bnic, de l’Inra et de l’IFV, ont été obtenus par croisement de six géniteurs résistants (résistance plurigénique) croisés avec quatre cépages locaux (ugni blanc, colombard, folle blanche et folignan). Objectif : obtenir de la diversité. 120 individus sont ou seront plantés entre 2017 et 2019, et sont en cours de sélection, avec des parcelles en Vate a priori en 2025 et une inscription au catalogue possible autour de 2031.
L’enjeu est également de trier autant que possible et précocement la résistance au black-rot, à l'aide de marqueurs ciblés en cours de développement à l’Inra de Colmar, souligne Gérald Ferrari.
Enfin, la Maison Martell travaille sur la sélection de cépages résistants avec le Conservatoire du vignoble charentais, à partir de cépages anciens résistants (neuf variétés de Vidal, comparées au témoin rayon d’or hybride résistant), dont le Vidal 256 qui a été planté sur deux parcelles Vate en vue de son inscription au catalogue en 2020-2021.
Traiter toujours
Si ces nouvelles variétés résistantes permettront de réduire jusqu’à 80 % les doses de fongicides, l’enjeu est bien de maintenir « une protection fongique minimale, qui reste à définir », a insisté Gérald Ferrari, afin de protéger les résistances, et éviter l’arrivée de maladies secondaires (black rot, anthracnose…).
